INTERNATIONAL : Top 5 des moments qui ont marqué 2016

Publiée par Ivan Cappelli le jeudi 29 décembre 2016 à 12:37
Top 5 saison 2016 badminton
Crédit photo : Badmania.fr

Digne de son statut d'année olympique, la saison 2016 de badminton a tenu toutes ses promesses. Celle d'un show permanent, de la fin de la course aux points pour Rio jusqu'aux Super Series Finals de Décembre. Mais aussi celle d'une transformation de la hiérarchie mondiale, impulsée par le déclin - où l'arrêt au firmament - de certaines des plus illustres têtes d'affiche du circuit.

Un terreau fertile pour la naissance de grandes surprises sur les grandes échéances de la saison, rendant difficile ma mission du jour : sélectionner mon top 5 des moments les plus marquants d'une année riche en émotions. Une short-list 100% personnelle, contestable ... mais indéniablement chargée en souvenirs !

Février 2016 : l'épopée des ''cinglés'' bleus à Kazan

Tellement chauvin ... mais surtout tellement crucial pour la montée en puissance du badminton français ! D'un point de vue purement bleu-blanc-rouge, la médaille d'argent de l'équipe de France de badminton masculine aux championnats d'Europe de badminton par équipes 2016 à Kazan peut incarner le point de bascule vers une nouvelle dimension.

2 ans après leur quart de finale héroïque à New Delhi à la Thomas Cup 2014, les ''cinglés'' (leur surnom autoproclamé) ont à nouveau frappé fort, dans un contexte particulier. Baptiste Carême blessé depuis Décembre manquait à l'appel en double hommes. Brice Leverdez venait de perdre son titre national jalousement gardé depuis 2008 au profit de son ami Lucas Corvée. Son départ de l'INSEP et ses désaccords avec le nouveau directeur de la performance Peter Gade menaçaient de perturber l'esprit de groupe, élément moteur au sein de cette équipe soudée.

Mais malgré toutes les péripéties inhérentes à une vie de groupe en sport de haut-niveau, les bleus ont survécu à toutes les embûches. Une phase de poules au diesel, avec notamment à l'arrachée face à la Suède d'Hurskainen (3-2). Un quart de finale piège parfaitement géré face à l'Ukraine (3-0), assurant d'emblée la première médaille continentale d'une équipe de France. Le décor était planté pour l'exploit face à l'Angleterre (3-2), au bout d'un match sous haute tension de Lucas Claerbout face à Sam Parsons (21-12, 25-23).

Déjà énorme pour stopper une série de 6 défaites de rang face à Rajiv Ouseph en demi-finale, Brice Leverdez offre même l'espoir fou du titre. Son incroyable victoire face à Jan O Jorgensen en finale face au Danemark restera malheureusement sans suite. Les scandinaves étaient trop forts. Mais les bleus, eux, ont passé un cap majeur au coeur de cette fin d'hiver russe.

Février 2016 : Carsten Mogensen, du drame au happy-ending

L'histoire aurait pu s'inscrire dans les mémoires du badminton comme une tragédie. Mais par le courage de Carsten Mogensen et le soutien de Mathias Boe, elle en serait presque devenue un conte de fées, et un exemple d'abnégation pour les jeunes générations.

Vendredi 20 Février 2016. Mogensen frappe à la porte de la chambre d'hôtel son de son partenaire et ami, manifestement victime d'un grave problème de santé. Le badiste de 32 ans est victime d'une rupture d'anévrisme, et doit être opéré en urgence du cerveau. Pris en charge efficacement par les médecins russes, Mogensen est sauvé. Mais l'encadrement danois se montre rapidement sceptique sur ses chances de reprendre le fil de sa carrière.

Et pourtant ! Après plus de deux semaines d'hospitalisation, Carsten Mogensen rentre au Danemark. Moins d'un mois après son accident, le joueur est filmé au sein du pôle d'entraînement scandinave en train de reprendre contact avec le terrain, fermement décidé à participer aux Jeux Olympiques de Rio 2016.

Indonesia Open, 30 Mai 2016 : 3 mois et demi après son AVC, Carsten Mogensen retrouve déjà les courts, et remporte son premier match avec Mathias Boe face à Li/Liu. Le comité olympique danois les qualifient pour Rio 2016 (au détriment de Conrad/Kolding), où ils remportent 2 de leurs 3 matchs de poules mais sont éliminés à la victoire particulière par Kim/Kim et Ellis/Langridge. Qu'importe : les deux fantasques scandinaves ont remporté leur pari. Leur titre aux IFB 2016 à Paris scelle leur retour à leur meilleur niveau.

Malgré la tempête, les deux vikings ont repris le fil de leur carrière, et viseront toujours les sommets en 2017.

Carsten M.
Crédit photo : Yonex International

Avril 2016 : L'affaire Tago - Momota mine le Japon

Au Japon, on ne badine pas avec les questions morales. Si le public occidental fan de badminton en doutait, l'affaire Momota - Tago n'a pas manqué de lui rappeler cette vérité.

India Open, 3 Avril 2016. Jour de finale. Kento Momota écrase Viktor Axelsen et remporte son 4ème titre Super Series à New Delhi. La pépite nippone est alors assurée de devenir numéro 2 mondial le jeudi suivant, et s'inscrit comme un solide prétendant à la médaille olympique. Puis survient la chute.

L'affaire Tago - Momota incarne l'histoire presque stéréotypée du Senpai (l'équivalent d'un mentor au Japon) qui entraîne son Kôhai (disciple) en eaux troubles. Accro au jeu - et déjà réprimandé par la NBA (Nippon Badminton Association) par le passé lors d'un périple à Macau -, Kenichi Tago (3ème mondial en 2014) fréquente depuis de nombreuses années les casinos, notamment lors des tournois internationaux. Au pays, il entraîne à 6 reprises Kento Momota dans ses virées dans des tripots illégaux, ainsi que d'autres jeunes prometteurs comme Kenta Nishimoto.

Problème : les casinos illégaux sont alimentés par la sulfureuse mafia japonaise (les fameux Yakuzas), et sont fermés par la police nippone, qui mène alors une enquête approfondie. Les stars du badminton japonais sont rapidement identifiées comme des clients réguliers de ces établissements. La NBA suspend immédiatement ses joueurs pour un durée indéterminée, et retire Momota du Malaysia Oepn. Signe fort de la détermination à faire un exemple : Momota et Tago sont purement et simplement retirés des classements BWF, une action qui supprime l'intégralité des points acquis au ranking.

Le verdict tombe dans la foulée : Kenichi Tago est banni à vie de toute compétition par sa fédération. Kento Momota écope lui d'une suspension à durée indéterminée et ne participe pas aux Jeux Olympiques de Rio 2016. Depuis, les deux joueurs continuent à s'entraîner, et il se murmure que Momota pourrait faire son retour en Avril 2017 sur la scène internationale. Tago, lui, participe aux ligues privées asiatiques, avec notamment de belles prestations récentes en Purple League (Malaisie).

Kento Kenichi
Crédit photo : The Star Malaysia

Août 2016 : Lee Chong Wei, un chat noir peut en cacher une autre

Il était écrit que l'un des meilleurs joueurs de tous les temps ne remporterait jamais de titre olympique. À 33 ans, Lee Chong Wei a du pour la 3ème fois de rang se contenter de l'argent aux Jeux Olympiques de Rio 2016.

Injuste, mais logique. Injuste car le monument du badminton mondial avait brisé la malédiction qui le liait à Lin Dan dans les grands événements. Logique, car l'énergie qu'exige une telle performance ne peut être entièrement régénérée pour une finale olympique.

Du 17 Août 2008 au 19 Août 2016, il aura donc fallu 8 ans à Lee Chong Wei pour surclasser Super Dan au sommet de l'olympe. Un match sublime, où tout devait se jouer dans une énième manche décisive entre les deux colosses de la discipline. Davantage victime du poids des ans que son rival malaisien, Lin Dan sait qu'il doit remporter le 1er set. Tendu, Lee Chong Wei lui facilite cette quête, avant de dominer logiquement le 2ème acte, où le tenant du titre fait relâche.

Au terme d'un mano a mano qui rappelle furieusement la finale de Londres 2012, les deux joueurs retrouvent leurs jambes de 20 ans, et livrent une prestation de grande qualité. Pour la première fois, Lee Chong Wei se procure deux volants de match face à Lin Dan sur une échéance olympique. Tous sauvés, avec un échange à 20-19 totalement fou qui laisse fatalement penser que Lee Chong Wei va encore une fois craquer.

Mais non, pas cette fois. Car l'énergie déployée pour sauver ce point laisse des traces, qui privent Lin Dan du petit boost nécessaire pour clore une telle rencontre. Lee Chong Wei hurle sa joie ... mais pas pour longtemps. Plus frais après une victoire tranquille face à Axelsen, Chen Long cueille son aîné (21-18, 21-18) et s'offre son premier titre olympique. Ironiquement, le seul trophée de sa saison, au cours de laquelle il a subi les foudres de Lee Chong Wei. Mais le colosse de la CBA a su briller lorsqu'il le fallait ... au grand dam des innombrables supporters du numéro 1 mondial.

Automne 2016 : Changement d'ère en Chine

Tous les observateurs s'accordaient à le dire : 2016 serait l'année du renouveau après Rio. Mais qui pouvait s'attendre à une telle vague de départs ? À l'instar de Lee Yong Dae côté coréen, c'est parfois des joueurs encore loin de la trentaine qui prenaient la décision de mettre leur carrière entre parenthèses ... et notamment côté chinois.

C'est un secret de polichinelle : Les entrées et sorties de l'équipe nationale ne sont pas tant le fait des athlètes que de l'encadrement au coeur de la CBA. Et 4 ans après le grand chelem londonien, le maigre bilan brésilien (2 titres, 1 médaille de bronze, et un échec total dans les tableaux féminins) n'a pas été sans conséquences.

Les légende du double Zhao Yunlei et Yu Yang (30 ans) sont les premières à quitter le navire, suivie par la toute jeune Tang Yuanting (22 ans), qui souhaitait poursuivre ses études. Ma Jin (28 ans) quittera à son tour le navire quelques semaines plus tard. Malgré la grave blessure de Li Xuerui, Wang Shixian (26 ans) et Wang Yihan (28 ans) quittent à leur tour le navire en Septembre. Wang Zhengming (26 ans) et surtout Fu Haifeng (33 ans) complètent cette équipe de légendes désormais retirées du circuit international.

La fin d'une ère en Chine, où le souffle du boulet est passé proche du mythique coach national Li Yongbo. Au bout du compte, seuls Lin Dan et Zhang Nan maintiennent vivant le souvenir de l'olympiade dorée 2008-2012. Mais pour combien de temps ? Avec l'émergence de talents comme He Bingjiao, Shi Yuqi, Chen Qingchen ou Zheng Siwei (nouveaux numéros 1 mondiaux du double mixte), la Chine a définitivement tourné son regard vers 2017. Sans un coup d'oeil pour le passé.

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  • Las du volant
    Le 30/12/2016 à 21h07 (0)
    Très bel article! J'ai pris beaucoup de plaisir à le lire ;)
  • Ivan Cappelli
    Le 30/12/2016 à 21h40 (0)
    Avec plaisir Las du volant ;)
  • FransV
    Le 09/01/2017 à 16h54 (0)
    Superbe !
    Merci.