INTERNATIONAL : Matchs truqués, deux joueurs suspendus

Publiée par Ivan Cappelli le lundi 5 mars 2018 à 14:53
Zulfadli Zulkiffli
Crédit photo : Badmania.fr

Au centre de l'actualité sportive en Malaisie depuis quelques semaines, l'affaire des matchs arrangés par deux anciens joueurs de l'équipe nationale vient de prendre de l'ampleur. L'identité des athlètes incriminés a été dévoilée : il s'agit du champion du monde junior Zulfadli Zulkiffli (25 ans), et de l'ancien international Tan Chun Seang (31 ans). Les deux bannis encourent une suspension à vie de toute compétition.

La chronologie des faits

24 Janvier 2018. Tirant les leçons des dernières olympiades et du scandale des matchs arrangés de Londres 2012, la BWF signait un accord avec Genius Sport pour "lutter plus efficacement contre la menace des matchs truqués". Le 12 Février - soit 3 semaines plus tard -, plusieurs médias locaux révélaient que la BWF enquêtait discrètement sur les agissements de deux anciens internationaux malaisiens.

Sollicitée de toutes parts, la BWF via son secrétaire général Thomas Lund, et la BAM (Badminton Asociation of Malaysia) via son président Norza Zakaria n'ont pas tardé à confirmer l'existence de ces investigations, débutées en 2013 et portant sur 6 tournois. Les deux élus en profiteront pour annoncer une audition fixée le 26 Février pour les deux joueurs incriminés, sans révéler leur identité afin de leur garantir "un jugement équitable, sans procès médiatique".

Norza confirmera au passage que "les deux accusés sont des joueurs en activité, mais indépendants de la BAM". Sans surprise, les médias malaisiens étaient au rendez-vous pour tenter d'apercevoir le visage des athlètes auditionnés.

Son nom était celui le plus fréquemment cité parmi les accusés potentiels: ancien champion du monde juniors face à Viktor Axelsen (2011), Zulfadli Zulkiffi (25 ans) correspondait en tous points au profil visé par la commission d'enquête. 30ème mondial début 2017, l'ancien grand espoir national avait disparu de la circulation depuis Novembre, ne s'alignant que brièvement aux Thailand Masters 2018 début Janvier.

À ses côtés sur le banc des accusés: son aîné Tan Chun Seang, ancien participant à la Thomas Cup avec la Malaisie, mais qui avait quitté le giron fédéral au début des années 2010. 32ème mondial en 2013, le Malaisien de 31 ans a remporté 4 tournois (la plupart en Europe) durant son exil de la BAM.

Auditionnés par un panel international de 3 avocats de la BWF durant deux jours, les deux joueurs devraient connaître leur jugement d'ici la fin du mois de Mars. Ils ont été déjà été suspendus depuis plusieurs semaines à titre conservatoire par la BWF. Pour une majorité de la presse malaisienne, les deux joueurs devraient être bannis à vie, la fédération internationale souhaitant faire un exemple de ce premier cas tristement historique.

Tan Cheun Seang
Crédit photo : The Star Malaysia

Un premier cas précédés de plusieurs faits alarmants

L'ombre des paris truqués sur le petit monde du badminton plane depuis des années. En 2014, Hans-Kristian Vittinghus tirait déjà la sonnette d'alarme en signalant une approche faite par un bookmaker malaisien (encore) en marge du Japan Open 2014. Le Danois notait alors "avoir déjà eu des doutes sur certains résultats" de l'époque.

La même année, un article de L'Express sur la gangrène des paris truqués sous-entendait clairement l'importance de la corruption dans les tournois de badminton BWF, témoignages à l'appui. Avec notamment ce commentaire d'un joueur international: "Personnellement je ne me suis jamais laissé acheter l'un de mes matchs, mais je comprends que certains se laissent tenter".

Caché derrière l'omniprésence médiatique du Football et du Tennis, le Badminton fait office d'Eldorado relativement peu surveillé pour les parieurs. Tout sauf une surprise au vu de la domination de l'Orient sur la discipline, corrélée avec une statistique: 1 pari frauduleux sur 2 est enregistré en Asie ...

Contacté par la presse nationale suite à la révélation de cette affaire touchant d'anciens partenaires d'entrainement, Lee Chong Wei a affirmé avoir lui aussi été approché pour perdre volontairement un match. Et prend position contre cette pratique: "Cette affaire ternit l'image du pays dans le monde. [...] La BAM a déjà pris des mesures pour éviter les matchs arrangés, mais elle n'a aucun contrôle sur les badistes indépendants. Peut-être est-ce le moment de les surveiller davantage pour éviter toute récidive."

En 2017, la BWF avait annoncé être parvenue à intervenir en amont d'un match arrangé lors du New Zealand Open. L'identité des coupables n'avait pas été dévoilée.

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  • ATH-YF
    Le 06/03/2018 à 17h49 (0)
    Pas de paris, pas de truquages.
  • meistertim
    Le 07/03/2018 à 13h26 (0)
    Si les gens ont envie de parier, ils le feront illégalement si besoin est. Ca rendra le tout encore moins surveillable.