Crédit photo : Li-ning international

C’est dans une Barclaycard Arena totalement hystérique que s’achèvent les mémorables finales de la 28ème édition du mythique Yonex All England. Seul tournoi au grade de HSBC BWF World Tour Super 1000 du Vieux Continent, toutes les conditions étaient réunies pour un spectacle exceptionnel sur les courts anglais.

L’heure de Shi Yuqi

C’était son heure. Shi Yuqi ne vient pas seulement d’inscrire son nom au palmarès du All England mais bien plus que cela, il vient d’éclore au grand jour. Le jeune Chinois se plaît en Europe et il l’a encore une fois montré. Après son premier titre en 2016 à Paris sur le désormais ancien circuit Super Series, il avait récidivé en 2017 en évinçant Lin Dan - pourtant tenant du titre - à Birmingham avant de se casser les dents sur Lee Chong Wei.

Comme l’année passée, Super Dan a subi les foudres de son jeune compatriote. Offrant bien volontiers l’initiative à son adversaire en début de match, Lin Dan a longtemps tenu dans cette filière avant de craquer en fin de set (21-19). Les paramètres de jeu ne changent pas dans le second set mais Lin Dan parvient à pousser son adversaire à la faute et s’offre une ultime manche (21-19, 16-21).

Pourtant, le roi va rendre les armes, il n’ajoutera pas un 7ème All England à son incroyable palmarès. Un début de set fatal (11-2) aura suffi à Shi Yuqi qui n’en demandait pas tant pour battre à nouveau l’idole de tout un peuple (21-19, 16-21, 21-9).

Si l’on peut parler d’éclosion pour Shi Yuqi, c’est aussi parce que l’enjeu était grand pour le petit prince de la CBA. Après l’humiliation infligée à Chen Long vendredi, battre Lin Dan en finale de ce mythique tournoi représente un énorme accomplissement. Peut-on parler de début de règne ? Difficile de se prononcer sur un seul et unique tournoi mais une chose est sûre : Shi Yuqi vient de prouver qu’il était capable de battre ses aînés avec la manière.

Gideon/Sukamuljo et Taï Tzu Ying un cran au-dessus

Les duels entre les désormais intouchables Gideon/Sukamuljo et les Danois Boe/Mogensen sont toujours un vrai régal. La tension entre ces deux paires sur les terrains donne une dimension encore un peu plus particulière à ces duels. Qui plus est, Mathias Boe et Carsten Mogensen se sont payés les numéros à trois reprises en 2007 (4-3 dans les confrontations), de quoi vous donner le ton de la rencontre.

Alors on vous laisse imaginer l’ambiance possible au moment de l’entrée des deux paires dans l’Arena, chauffée à blanc. Et quel spectacle offert par les protagonistes de cette finale du double hommes. Pourtant une sensation domine, et c’est justement celle de la domination de Gideon/Sukamuljo, parfois inconstant mais capable de coup d’accélérateur toujours plus hallucinant pour l’emporter (21-18, 21-17).

Incontestables numéros uns mondiaux, les Indonésiens conservent leur titre, un nouvel exploit colossal à mettre à leur actif puisque cette performance ne s’était pas produite depuis 1996 ! Encore une fois intouchables dans un grand moment face à des Danois se sont montrés trop imprécis dans les fins de set pour renverser leurs opposants.

L’autre démonstration est venue de Taï Tzu Ying. Si Akane Yamaguchi lui a posé énormément de soucis dans le premier se procurant même un volant de set à 20-19, cela n’aura pas suffi pour priver la joueuse de Taïpei de la première manche (22-20). Ce premier set aura été l’unique chance pour la Nippone, qui a subi une leçon de badminton dans la seconde manche (22-20, 21-13). A l’instar de Gideon/Sukamuljo, la pépite de Taïpei, incontestée numéro une mondiale conserve son titre en Angleterre (une première depuis 2007).

Crédit photo : Yonex international

Première pour Rytter-Juhl/Pedersena, la leçon de Watanabe/Higashino

Yuta Watanabe et Arisa Higashino ont réalisé la plus belle surprise de la semaine. Le mixte japonais, à l’image de sa superbe semaine a continué sur sa lancée. Après avoir puni Tang/Tse, les Adcock, Zhang/Li, Zheng/Huang n’ont pas fait le poids. La très bondissante Higashino et le métronome Watanabe ont littéralement dégouté leurs adversaires malgré la perte du premier set (15-21, 22-20, 21-16).

Si le score est serré, le match en lui-même a semblé plus déséquilibré par séquence. Les Chinois Zheng/Huang sont apparus trop souvent sans solution - pour espérer l’emporter - face à la tactique mise en place par les Japonais, 48èmes mondiaux (!). Le jeune Watanabe, tout juste 20 ans, semble avoir les cartes en main pour devenir la prochaine star du double de la NBA.

En revanche, leurs compatriotes Fukushima/Hirota ont eu moins de réussite face aux Danoises Rytter-Juhl/Pedersen. Remontées à bloc après la finale perdue lors de la précédente édition, Christina Pedersen et Kamilla Rytter-Juhl avait à coeur de remporter un premier titre majeur sur le continent devant des fans venus en nombre pour les soutenir. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’elles n’ont pas tremblé.

Souvent placées mais rarement gagnantes lors des grandes échéances, cette fois-ci, elles n’ont laissé le soin à personne de remporter cette couronne. Plus constantes et solides que les Japonaises, Pedersen et Rytter-Juhl ont su parfaitement gérer les money time pour l’emporter en deux sets (21-19, 21-18). La joie très démonstrative est révélatrice du coeur mis dans ce match pour la paire Scandinave.

Les résultats du All England 2018