JO 2020 : Interview de Brice Leverdez

Publiée par Thibault Breton le jeudi 17 juin 2021 à 12:00
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Crédit photo : Badmania / Yonex France

Le 24 juillet débutera l'épreuve de badminton aux Jeux Olympiques, à cette occasion nous avons eu le plaisir de nous entretenir avec Brice Leverdez. De son état de forme à ses précédentes expériences Olympiques en passant par les détails de sa préparation, le représentant français du simple hommes nous dit tout.

"J'aborde ces Jeux Olympiques beaucoup plus sereinement"


Bonjour Brice, tu vas disputer cet été tes troisièmes Jeux Olympiques, que représente cette compétition à tes yeux ? Quels souvenirs gardes-tu de 2012 et 2016 ?

Les Jeux Olympiques, c'est le but ultime dans la carrière d'un sportif de haut niveau, je suis très content de participer à ma troisième olympiade. Je suis assez mitigé par rapport à mes deux précédentes participations, d'un côté, ce sont deux expériences incroyables, de l'autre, je suis un petit peu déçu de mes performances, de ne pas avoir réussi à réaliser des gros matchs face à des têtes de série que je suis capable de battre en temps normal. J'étais extrêmement bien préparé en 2012 et 2016 mais mes résultats n'ont pas été à la hauteur de mes attentes. Cette année, j'aimerais vraiment être plus performant.

A moins d'un mois et demi des Jeux Olympiques, dans quel état d'esprit es-tu, ton expérience Olympique t'aide-t-elle à mieux aborder cette compétition ? Quels sont tes objectifs ?

C'est assez compliqué en ce moment puisque je suis blessé depuis les championnats d'Europe mais il y a du positif, ma blessure est quasiment rétablie et je vais pouvoir reprendre les entraînements à fond. Compte tenu de mon âge et de mon expérience, un mois et demi est largement suffisant pour me préparer. J'aborde ces Jeux Olympiques beaucoup plus sereinement, je sais à quoi m'attendre même si le déroulement de la compétition sera inédit, il n'y aura pas de spectateurs étrangers, moins de journalistes, c'est donc encore moins de pression pour moi. C'est plutôt mentalement que cela peut être difficile, de faire avec toutes les restrictions propres à la compétition. C'est certain que je ne vais pas vivre les mêmes Jeux Olympiques que j'ai connus auparavant mais j'ai autant l'envie de jouer.

Comme pour chaque compétition, j'y vais pour gagner, cela peut paraître ambitieux mais si je n'avais pas cette volonté à chaque tournoi, j'arrêterais le sport de haut niveau.

En 2021 tu as participé à cinq tournois, ressens-tu un manque de compétition ? Quel regard portes-tu sur ta première partie de saison ?

J'ai eu un très bon niveau de jeu depuis le début de la saison, j'ai fait de bons résultats sans pour autant qu'ils soient exceptionnels. Je travaille depuis longtemps avec mon entraîneur Bertrand Gallet sur la capacité à maintenir une tactique tout au long d'un match et même d'un tournoi, à adopter le bon état d'esprit. Jusqu'ici, c'est quelque chose que j'ai toujours eu du mal à faire mais qui sera primordial pour atteindre mon objectif à Tokyo.

Ta préparation olympique a-t-elle été contrariée par la crise sanitaire ? Si oui, comment t'es-tu adapté à la situation et quels ont été les axes de travail de ta préparation ?

La crise sanitaire n'a pas tellement impacté ma préparation olympique puisque c'est uniquement lors du premier confinement que je n'ai pas pu m'entraîner. Depuis octobre, mon club (US Créteil Badminton) me fournit une salle grâce à laquelle j'ai retrouvé une routine d'entraînement complète. C'est pendant cette préparation que je me suis blessé avant les championnats d'Europe, j'ai accumulé un peu trop de fatigue en préparant cette compétition qui était aussi un de mes gros objectifs de la saison. Pour les dernières semaines de préparation, je vais effectuer un gros travail au niveau du badminton mais aussi sur le plan physique. Grâce notamment au soutien financier de la FFBaD je vais partir dans le Jura pour effectuer un stage en altitude, j'ai décidé de mettre toutes les chances de mon côté, je suis très bien entouré avec un staff exceptionnel.

Est-ce que cette préparation est similaire à celle de 2012 et 2016 ?

Non elle est différente, notamment de celle de 2012 où j'avais pris un préparateur physique un an avant les Jeux Olympiques et nous avions mis en place une préparation physique spécifique 4 mois avant l'échéance. Cela ne m'avait pas forcément réussi, je suis arrivé aux JO de Londres extrêmement affûté, très entraîné et je n'ai pas réussi à m'adapter aux changements de rythme imposé lors de la compétition. En 2016 je n'ai pas voulu répéter la même erreur et j'ai gardé mon rythme d'entraînement habituel. Cette année je suis plus dans cette optique-là, même si j'ai l'envie et le besoin d'aller m'entraîner en altitude pour m'éloigner de la routine et de la région parisienne. Cela va me permettre d'être plus frais mentalement, d'être à 100% avec mon staff et de me focaliser sur les Jeux Olympiques.

Ce qui n'a pas changé en trois Olympiades c'est le soutien de mon club de l'US Créteil Badminton qui m'accompagne depuis 16 ans dans ma carrière de sportif haut niveau.


"Je ne sais pas encore combien de temps je vais continuer le simple"


Récemment, Toma Junior Popov est devenu numéro 1 français, comment l'as-tu vécu, quel constat fais-tu sur la génération talentueuse en simple hommes ?

Je suis très content pour lui, cela faisait longtemps que j'occupais la place de numéro 1 Français, c'est la suite logique quand on voit le talent de la nouvelle génération. Ils commencent à gagner tout type de tournois, que ce soit avec Arnaud Merkle, Tomi Popov et même Christo Popov qui vient du circuit jeune où il a réalisé de grosses performances aux championnats du Monde et aux championnats d'Europe.

Il y a vraiment beaucoup de joueurs talentueux et à fort potentiel en simple hommes, je pense aussi à Yanis Gaudin et à des joueurs expérimentés comme Thomas Rouxel et Lucas Claerbout. Aujourd'hui c'est un tableau très dense et cela ne peut être que bénéfique pour l'avenir du simple hommes en France.

Quels sont tes projets post Tokyo 2021 ?

Sportivement, je ne sais pas encore combien de temps je vais continuer le simple. J'ai aussi l'envie de débuter un projet de double même si pour l'instant je me concentre sur les Jeux Olympiques. Une fois la compétition passée je verrais quelles sont mes options, notamment en termes de partenaires. Professionnellement je souhaite ouvrir une salle de badminton privée en région parisienne ou à Paris, je travaille dessus depuis plus d'un an, c'est un beau projet mais ce n'est pas pour du court terme.

Après ta carrière de joueur, serais-tu intéressé par un poste d'entraîneur national ?

Pour l'instant je ne me pose pas la question, je me concentre sur ma carrière de joueur mais cela pourrait m'intéresser de travailler avec cette génération. Je pense qu'il y a vraiment quelque chose à faire, ils peuvent aller beaucoup plus loin que ce que je n'ai fait.

Tu t'entraînes depuis plusieurs années hors des structures fédérales, comment perçois-tu la nouvelle organisation de la Direction Technique Nationale avec l'arrivée de Jérôme Careil notamment ?

Pour être franc, je connais peu Jérôme Careil, nous avons échangé une fois par téléphone depuis sa prise de fonction. Nous partageons des valeurs communes et il a pris une décision très forte en remaniant la direction technique du haut niveau. Maintenant, il faudra voir comment il va gérer cette réorganisation dans le temps. J'apprécie également le soutien financier apporté par la FFBaD dans l'organisation de mon stage de préparation pour les Jeux Olympiques.

Merci Brice pour ta disponibilité, bon courage pour les Jeux Olympiques et à bientôt.



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