JO 2020 : Les moments forts

Publiée par Thibault Breton le dimanche 8 août 2021 à 16:00
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Crédit photo : Badmania

Clap de fin sur ces Jeux Olympiques de Tokyo qui nous ont réservé son lot de surprises et de belles histoires. Des éliminations prématurées de Kento Momota et de Gideon/Sukamuljo à la sensation Kevin Cordon en passant par les surprenantes Polii/Rahayu, on revient sur les moments forts de cette édition Olympique, tableau par tableau.

Le sacre d'Axelsen, la désillusion de Kento Momota

Cinq ans après avoir décroché une médaille de bronze face au légendaire Lin Dan, Viktor Axelsen est devenu lundi 2 août le deuxième champion Olympique danois, 25 ans après son aîné Poul-Erik Høyer Larsen et son titre en 1996 aux Jeux d'Atlanta. Celui qui était annoncé comme le deuxième grand favori de la compétition derrière Kento Momota a réalisé un parcours parfait, ne concédant aucun set en six matchs. Dans une finale l'opposant au Chinois Chen Long, champion Olympique 2016, le Danois a affiché un niveau de jeu phénoménal et a surclassé son adversaire. A 27 ans, Viktor Axelsen rejoint le cercle fermé des joueurs champions du Monde et champions Olympiques.

Ce fut le coup de tonnerre de ces Jeux Olympiques en badminton, l'élimination prématurée de l'immense favori Kento Momota [1] survenue mercredi 28 juillet. Défait par le Coréen Heo Kwanghee, la star de la discipline est éliminée de la compétition dès les phases de poule de "ses" Jeux Olympiques. Celui qui portait les espoirs de tout un pays n'a pas supporté la pression de l'événement, un traumatisme pour le badminton japonais qui n'aura décroché qu'une seule médaille de bronze lors de ses propres Jeux Olympiques. Absent à Rio pour cause de suspension, passé à côté à Tokyo, nul doute qu'à Paris, Kento Momota aura l'ambition de gommer les deux seuls faux pas de sa carrière.

La belle histoire de ces Jeux Olympiques nous vient de Kévin Cordon. A 34 ans et pour ses quatrièmes Jeux, le Guatémaltèque a surpris le monde du badminton par son parcours, échouant aux portes de la finale puis en petite finale face à Anthony Sinisuka Ginting [5], le tout en étant classé 59ème joueur mondial. Les premiers regards se sont portés sur Kévin Cordon après qu'il se soit défait du Hongkongais NG Ka Long Angus [9]. Dans la forme de sa vie, le Guatémaltèque a ensuite éliminé Mark Caljouw en huitième de finale puis Heo Kwanghee (tombeur de Kento Momota) en quart de finale. En demi-finale, il est largement dominé par le futur champion Olympique Viktor Axelsen mais sa grinta et son jeu offensif auront marqué cette édition Olympique.

Chen Yu Fei sur le toit du monde, la défaillance japonaise

Près d'un an et demi après sa dernière compétition, on pouvait s'interroger sur l'état de forme de Chen Yu Fei [1], comme l'ensemble de l'équipe chinoise celle-ci a répondu présente, au point de devenir championne Olympique. Le parcours de la Chinoise était pourtant piégeux, en quart de finale elle a dû se défaire de la prometteuse An Seyoung [7] puis s'est employée en demi-finale pour venir à bout de sa compatriote He Bing Jiao [8] contre laquelle elle avait perdu quatre fois lors de leurs sept oppositions. Dans une finale d'anthologie face à l'autre favorite Tai Tzu-Ying [1], la Chinoise l'emporte et décroche le plus prestigieux des titres à 23 ans. De son côté la Taïwanaise obtient sa première médaille dans une compétition internationale, toutefois pas celle escomptée. Elle qui n'a jamais été titrée ni aux championnats du Monde ni aux Jeux Olympiques avait là l'opportunité d'enrichir son palmarès.

Malgré deux sérieuses prétendantes au titre en la présence de Nozomi Okuhara [3] et Akane Yamaguchi [4], le simple dames japonais repart de Tokyo bredouille, les deux joueuses ayant été éliminées en quart de finale. Médaillée de bronze aux Jeux Olympiques de Rio en 2016, Nozomi Okuhara a été éliminée par He Bing Jiao [8] après 1h15 d'affrontement tandis que Pusarla V.Sindhu [6] a mis fin à l'aventure Olympique d'Akane Yamaguchi. L'Indienne réalise une performance remarquable, cinq ans après sa médaille d'argent, elle obtient le bronze lors de cette édition en s'imposant solidement face à la Chinoise He Bing Jiao. Double médaillée Olympique, cinq fois médaillée aux championnats du Monde, Pusarla V.Sindhu est assurément une joueuse des grands rendez-vous.

Lee/Wang sensationnels, Gideon/Sukamuljo décevants

On les savait capables d'aller chercher le titre Olympique, à Tokyo la montée en puissance des Taïwanais a impressionné. Auteurs d'une première partie de saison remarquable en remportant les deux Super 1000 thaïlandais ainsi que les BWF World Tour Finals, Lee/Wang arrivaient au Japon plein de confiance et dans une forme étincelante. Cela avait pourtant mal commencé, dans une poule extrêmement relevée, les Taïwanais s'inclinent lors de leur premier match de groupe face aux Indiens Rankireddy/Shetty. Après s'être défaits des Anglais Lane/Vendy, ils devaient impérativement battre Gideon/Sukamuljo [1] pour accéder aux quarts de finale, le déclic de leurs Olympiade. A partir des quarts de finale, la machine était lancée et le niveau de jeu des Taïwanais impressionnait tour après tour, ni Endo/Watanabe [4], ni Ahsan/Setiawan [2] ou les Chinois Li/Liu [3] n'ont pu rivaliser face à Lee/Wang. Les Taïwanais ont tout simplement battu les quatre têtes de série et n'ont pu concéder le moindre set à partir des quarts de finale, une performance monstrueuse.

L'attente était immense autour de Gideon/Sukamuljo [1] dans ces Jeux Olympiques. Les Indonésiens avaient là l'opportunité d'enfin décrocher un sacre lors d'une compétition internationale, eux qui ont raflé toutes les premières places des tournois du World Tour n'ont jamais répondu présent aux championnats du Monde. Leur première Olympiade avait pourtant bien débuté avec deux victoires successives en poules avant de s'incliner face aux futurs champions Olympiques Lee/Wang, une défaite sans conséquence pour les "minions" qui conservaient leur première place de groupe. En quart de finale, les Indonésiens affrontent les Malaisiens Chia/Soh face auxquels ils ne se sont jamais inclinés, sauf qu'aux Jeux, tout est possible et on l'a une nouvelle fois constaté. Méconnaissable, Gideon/Sukamuljo s'inclinent en deux sets face à des Malaisiens galvanisés par l'évènement, ils décrocheront ensuite une belle médaille de bronze.

La surprise Polii/Rahayu, le rendez-vous manqué des japonaises

Le badminton indonésien attendait beaucoup du double hommes, c'est finalement le double dames qui lui apporte une médaille d'or inattendue grâce aux surprenantes Polii/Rahayu. L'association de l'expérimentée Greysia Polii (33 ans) qui participe là à ses troisièmes Jeux Olympiques et de la jeune Apriyani Rahayu (23 ans) a épaté à Tokyo. Les deux femmes ont réalisé un parcours parfait, ne perdant aucun match. A l'image de Lee/Wang, les Indonésiennes ont écarté les principales favorites de la compétition, d'abord en poule en battant les Japonaises Fukushima/Hirota [1], puis en quart de finale face aux Chinoises Du/Li qui figuraient parmi les outsiders au titre, deux matchs marathon d'1h24 et d'1h40. Après de tels affrontements, rien ne semblait pouvoir arrêter les Indonésiennes, ni les Coréennes Lee/Shin [4], ni les Chinoises Chen/Jia [2] qu'elles battent en deux sets. Les deux joueuses signent là le plus bel exploit de leur carrière.

Comme en simple dames, et plus encore, le Japon avait en la présence de Fukushima/Hirota [1] et Matsumoto/Nagahara [3] deux paires favorites. D'un côté, les têtes de série une du tournoi, jamais titrées dans les compétitions internationales mais dominatrices dans les tournois du World Tour, de l'autre, les troisièmes mondiales doubles championnes du Monde (2018, 2019). Malgré cela, le parcours des deux paires s'arrête en quart de finale, Fukushima/Hirota s'inclinent face à leurs grandes rivales chinoises Chen/Jia [2] tandis que Matsumoto/Nagahara [3] ont été éliminées par les Coréennes Kim/Kong au cours d'un match dantesque qui restera dans les mémoires de cette édition Olympique.

Une suprématie chinoise en double mixte

Attendus à ce niveau, les deux paires chinoises Zheng/Huang [1] et Wang/Huang [2] n'ont pas tremblé dans ces Jeux Olympiques nous offrant la finale la plus probable. Pour les numéros un mondiaux, doubles champions du Monde (2018, 2019), le parcours a été impressionnant de facilité, eux qui dominent incontestablement le double mixte depuis plusieurs années semblaient programmés pour aller chercher le seul titre manquant à leur palmarès. Sans concéder le moindre set jusqu'à la finale et en ayant éliminé de sérieux outsiders comme Jordan/Oktavianti [4], Zheng/Huang apparaissaient comme les grands favoris de cette finale Olympique.

Seulement en face, Wang/Huang [2] comptaient bien déjouer les plans de leurs compatriotes. Malgré deux petites victoires en quinze confrontations et une demi-finale accrochée face aux Japonais Watanabe/Higashino, Wang/Huang réalisent le match parfait au meilleur des moments et deviennent champions Olympiques. Comme dans tous les grands rendez-vous, la Chine a une nouvelle fois répondu présente et termine à la première place du classement des médailles avec deux sacres et quatre médailles d'argent, et ce malgré un retrait des compétitions depuis un an et demi.

Les Japonais peuvent se consoler de ces Jeux Olympiques manqués par la médaille de bronze de Watanabe/Higashino. Éliminés en demi-finale face aux futurs champions Olympiques, les bondissants japonais se sont logiquement imposés lors du match pour la troisième place face à Tang/Tse et offrent la seule médaille japonaise de ces Jeux Olympiques.

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