En 2011 déjà, les spécialistes s'accordaient à conférer une place de choix dans l'histoire des championnats du monde de Badminton à l'édition londonienne. Le quatrième titre de Lin Dan au terme d'une finale folle face à Lee Chong Wei, les trublions Kévin Cordon et Cheng Shao Chieh, et le second grand chelem d'affilée de la Chine avaient placé la barre assez haute, à un an des Jeux Olympiques de Londres 2012.
Et pourtant, nous osons l'affirmer, la dramaturgie de ces deux étés britanniques a été battue. A Guangzhou. Sur des terres où, malgré toutes les turpitudes traversées par les Hommes de la CBA, beaucoup attendaient le quatrième "perfect", scellant la mainmise des joueurs de Li Yongbo sur l'année 2010. Un méa-culpa s'avère nécessaire : rembobinons donc le fil de ces événements si vous le voulez bien.

Pourquoi ces Mondiaux resteront-ils dans l'histoire ?

- Parce qu'aucun humain n'avait jamais remporté 5 titres mondiaux de Badminton dans sa carrière. Mais à preuve du contraire, Lin Dan (photo en une) n'est pas humain si ?
- Parce que le monde des grandes dames est officiellement dominée désormais par une gamine de 18 ans, la nouvelle reine thaïe Ratchanok Inthanon.
- Parce qu'au passage, Ratchanok est la première joueuse non-chinoise à remporter le titre mondial en simple dames du XXIème siècle.
- Car il s'agit peut-être du dernier tournoi de deux paires de légende du double messieurs : Cai/Fu et Koo/Tan.
- Pour le crime de lèse-majesté d'une autre jeunette, P.V. Sindhu, qui fait mieux que son aînée Saina Nehwal.
- Parce qu'il fallait remonter à Anaheim, en 2005, pour voir la Chine décrocher moins de trois titres. Depuis 1985, cela n'est arrivé que 7 fois (hormis 2013).
- Car le Vietnam a un nouvel héros national : Nguyen Tien Minh, premier joueur de son pays a remporter une médaille dans la discipline. Pour l'anecdote, il s'agit du 16ème pays médaillé de l'histoire du Badminton.
- Parce qu'à un set à dire, l'Espagne de la prometteuse Carolina Marin (photo à droite) aurait pu devenir le 17ème.
- Pour le match Jan O Jorgensen - Nguyen Tien Minh.
- Pour la masse d'émotions que nous avons traversé pendant une semaine, malgré le décalage horaire.

Nos coups de coeur

- Ratchanok Inthanon. Elle était déjà la préférée de notre rédacteur Sylvain, gageons qu'elle a gagné le coeur de beaucoup avec son style fluide, offensif et très technique.
- Carolina Marin et son abnégation dont feraient bien de s'inspirer bon nombre d'athlètes.
- L'Ouganda qui gagne un match de plus que la France grâce à un valeureux Edwin Ekiring.
- La sollicitude de Lin Dan pour son ami Chong Wei, à un volant d'une cinquième couronne mondiale.
- Le public de Guangzhou qui scande à l'unisson "Lee Chong Wei Jia You" (littéralement "remets de l'essence", le "allez" local) lorsque ce dernier peine à se relever.
- Eom Hye Won, symbole du renouvellement du double coréen avec deux médailles.
- Le retour au sommet que nous vous annoncions de l'Indonésie avec deux couronnes mondiales.
- Cai Yun qui lance TOUTES ses raquette dans les tribunes.
- La résistance de Rumbaka à Lee Chong Wei au second tour, signal d'une jeunesse sans complexe.
- Le "I will survive" jusqu'au podium de Du Pengyu (photo à droite), nouveau spécialiste du trois sets.

Nos coups de gueule

- Le match Lin Dan - Chen Long. Inutile de revenir dessus. Les plus diplomates exprimeront leurs doutes, à défaut de vous confesser la vérité .
- Le coup de la panne pour la climatisation du stade lors de la finale du simple hommes.
- Saina Nehwal incapable d'assumer son statut de leader en balançant le second set face à Bae Yeon Ju.
- Wang/Yu (1) qui reprennent leur rang comme si de rien était, un an jour pour jour après avoir annoncé à qui voulait l'entendre que leur carrière s'arrêtait sur leur expulsion des JO.
- Le Japon à la dérive.

Les moments de flottement

- Le moment où nous postons un article sur les chances françaises à Guangzhou, 30 secondes avant que le forfait de Brice Leverdez ne soit officialisé.
- Le coup de la panne (bis) des systèmes informatiques le premier jour, perturbant l'organisation de la compétition pendant une bonne partie des premiers tours.
- L'instant où, en préparant les statistiques, on s'aperçoit que la Nouvelle-Zélande possède autant de médailles mondiales que l'équipe de France.
- La perte du premier set de Lee Chong Wei face à Rumbaka, et le visage blême d'un Malaisien démuni l'espace d'une manche.
- La douche froide pour Guangzhou lorsque Ratchanok Inthanon remonte de 12-19 à 20-22 face à Li Xuerui en finale.
- Le 21-4, 21-4 encaissé par Mateusiak/Zieba en quarts des mondiaux par Xu/Ma, du fait d'une blessure plutôt handicapante.
- Les deux minutes de folie pendant lesquelles Jan O Jorgensen (photo à droite) sauve son troisième volant de match face à Nguyen Tien Minh.
- L'instant ou Lin Dan dispute son premier point de la compétition, les yeux rivés sur son état de forme.

3 matchs que l'on regardera encore sur Youtube dans quelques années

Jan O Jorgensen (DAN) - Nguyen Tien Minh (VIE) : 8-21, 21-17, 20-22.
Combativité, points de légende et scénario dantesque : les deux joueurs auraient mérité d'aller décrocher leur médaille.

Li Xuerui (CHN) - Ratchanok Inthanon (THA) : 20-22, 21-18, 14-21.
L'irrésistible ascension de la jeune pépite thaïe dans un match d'une intensité affolante pour un duel féminin.

Lee Chong Wei (MAS) - Lin Dan (CHN) : 21-16, 13-21, 20-17 ab.
La malédiction continue, au terme d'un nouveau chapitre épique entre les deux légendes.

Le replay vidéo des Mondiaux 2013 ICI.