Même sans avoir offert le clou du spectacle avec les finales du double et du simple messieurs, ces championnats du monde de Badminton 2013 ont déjà trouvés une place de choix dans le panthéon des grandes éditions du tournoi. Après trois ans de domination sans partage sur la première marche des podiums, la toute-puissance chinoise a pris fin brutalement sur son propre terrain de jeu, à Guanghzou. Si Wang/Yu (1) ont sécurisé comme attendu un titre en double dames, les autres représentants de l'empiredu milieu n'ont pu imiter les patronnes de la discipline. La faute à une confirmation : celle d'Ahmad/Natsir (3), enfin à l'heure d'un grand rendez-vous. La faute à une éclosion : celle d'une joueuse qui trustera longtemps les records de précocité : Ratchanok Inthanon (photo en une).
Ratchanok, l'an 1 d'une dynastie ?
C'était écrit : Wang/Yu (1) ont donc conservé leur titre acquis en 2011, un an après leur sulfureuse disqualification des JO de Londres 2012. Malgré une résistance - désamorcée au troisième set - de Eom/Jang (8), les leaders de la CBA décrochent la timballe 21-14, 18-21, 21-8.
Le Tianhe Indoor Stadium commençait pourtant déjà à monter en température. Prêt à, une nouvelle fois, saluer l'ultra-domination de leur pays sur la discipline. Mais c'était sans compter le talent phénoménal, la maturité d'une petite Thaïlandaise de 18 ans : Ratchanok Inthanon. Triple championne du monde junior (2009, 2010, 2011) avec un début de règne chez les jeunes à seulement 14 ans. Finaliste du All England à peine ses 18 printemps fêtés. Quart de finaliste des JO 2012 à Londres, battue en trois sets par la future vainqueur Li Xuerui. Et désormais, un an après et pour une revanche cinglante, nouvelle reine du simple dames, au nez et à la barbe de l'imposante délégation de la CBA à Guangzhou.
Cette petite pépite d'1m67 a pourtant tout d'une grande. Menée 19-12, puis 20-17 au premier set, la prodige de Bangkok sèche une première fois l'hystérie locale en remportant le premier set 22-20. Grâce à son abnégation et sa patience, Ratchanok recolle à la patronne des lieux Li Xuerui sans se précipiter, sûre de sa force pour "voler" le premier set.
Il était évident que Li Xuerui ne rendrait pas les armes sans combattre. Sans justifier son statut de championne olympique en emportant le second set (21-18). Mais en face le talent brut de la Thaïlandaise, mâtinée d'une qualité tactique digne d'une vétéran du circuit a de la ressource . Beaucoup plus agressive au troisième set, Ratchanok s'envole (6-1) pour gérer son avance jusqu'à la fin des débats, sur un rythme endiablé auquel n'avait pas résisté hier Bae Yeon Ju.
Sans exploser, en toute humilité, Ratchanok salue donc les mains jointes un public de Guangzhou sous le choc : son jeu très technique, plus rythmé que les conventions de la discipline symbolise l'évolution du simple dames, se rapprochant du jeu masculin. Ratchanok a ainsi régulièrement fait la différence par un superbe enchaînement classique de la gent masculine : le smash croisé suivi d'une interception claquée de l'autre côté du court. Suffisant pour la porter au sommets, suffisant surtout pour ouvrir ce qui pourrait être un long règne pour cette jeune reine.
Natsir, 6 ans après
Les supporters de la région de Canton n'en avaient alors pas fini avec les (mauvaises surprises). Car dans la foulée un vieux fantôme est revenu les hanter : Lilyana Natsir, présentée par beaucoup comme l'une des meilleures joueuses de mixte de tous les temps au même titre que la Chinoise Gao Ling. Double championne du monde (2005, 2007) avec Nova Widianto, la petite princesse du Badminton indonésien décroche sa troisième couronne mondiale en terre chinoise. Avec Widianto sur la chaise de coach, et avec son nouveau partenaire Tontowi Ahmad pour partager son succès (21-13, 16-21, 21-18).
Pourtant, Xu/Ma (1) pensaient leur heure venue. Brimés en 2011 et 2012 par leurs compatriotes Zhang/Zhao (bronze aux Mondiaux, puis argent aux JO), les numéros 1 mondiaux espéraient face à la paire indonésienne double vainqueur du All England prendre leur tour à domicile. Mais c'était sans compter sur le jeu atypique d'une paire indonésienne atypique, beaucoup moins figée que les autres duos dans une configuration fille au filet - homme au fond. Totalement perturbés au premier set, Xu/Ma vont réagir à l'orgueil grâce à une Ma Jin qui serre le jeu, mais aussi aux errements de Tontowi Ahmad.
Cette inexpérience, cette relative faiblesse d'Ahmad (photo à droite) comparé à sa prestigeuse partenaire (qui avait remporté sans lui les Super Series du Japon 2012 avec Muhammad Rijal, pour un expérience sans lendemain) auraient pu coûter cher aux Indonésiens. Mais comme par magie, alors que le jeune Indonésien multiplie les mauvais choix durant tout le troisième set, Ahmad va se ressaisir à 18-20, au pied du mur. Menés durant tout le troisième set, les Indonésiens sauvent deux volants de match grâce à ce retour en grâce avant d'exulter à 22-20. Guanghzou tremble : auteur d'un grand chelem en 2010, 2011 et 2012, la Chine a déjà perdu trois titres. Et s'en remet maintenant à Lin Dan pour éviter "l'humiliation" d'un seul et unique titre à domicile.
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