ALL ENGLAND 2020 : Viktor Axelsen, 21 ans après Peter Gade !

Publiée par Benoit Castela le lundi 16 mars 2020 à 01:50
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Crédit photo : Yonex International

À quelques mois des Jeux Olympiques de Tokyo et suite aux mesures prises par la BWF de suspendre les compétitions, les finales du All England 2020 sonnaient comme une répétition générale avec pour beaucoup, l’envie de marquer son territoire, peut-être une dernière fois. Pourtant, il aura fallu attendre. Attendre un bon moment avant d’assister à des finales disputées. La faute à Fukushima/Hirota, Viktor Axelsen et Taï Tzu Ying qui n’ont pas laissé grand chose sur leur passage. En revanche, le double hommes et le double mixte ont fait des étincelles dans une salle de Birmingham encore bien remplie malgré les mesures prises par le gouvernement britannique.

Axelsen surpuissant, Fukushima/Hirota en route pour Tokyo ?

En l’absence de Kento Momota, Viktor Axelsen n’est plus le même homme. Lorsqu’il endosse le rôle de grand favori, il ne s’y trompe pas. Le statut de tête de série 1 du Taïwanais Chou Tien Chen ne lui a nullement fait peur. Sûrement parce que le géant d’Odense mène 9 victoires à 2 dans leurs confrontations. Sans doute aussi parce qu’à 7 reprises, il n’a pas perdu le moindre set. Et aujourd’hui, il n’y avait rien à faire pour Chou. Alors que Lee Zii Jia s’était mué en muraille la veille, le Taïwanais n’a fait que subir la foudre des attaques de son adversaire (21-13, 21-14 en 46 minutes), incapable de se sortir d’un schéma de jeu qui allait causer sa perte.

Un an après sa défaite face à son grand rival Kento Momota, Viktor Axelsen est devenu le premier européen à accrocher son nom au palmarès au 21ème siècle, 21 ans après son illustre aîné Peter Gade. Les 12 000 précieux points glanés par le Danois vont lui permettre de revenir à la 4ème place mondiale mais c’est surtout le message fort que l’on retiendra : Viktor Axelsen est de retour à son meilleur niveau.

Yuki Fukushima et Sayaka Hirota avaient tout vu, tout lu et tout compris dans le jeu des Chinoises Du/Li (21-13, 21-15). Les triples vice-championnes du monde en titre ont été intraitables dans une finale à sens unique. Leurs adversaires, médaillées de bronze des derniers Mondiaux à Bâle ont cruellement manqué d’inspiration pour créer des brèches dans la défense des leaders de la course à la qualification olympique. Une nouvelle confirmation que les jeunes chinoises ne trouvent plus la clé depuis plusieurs mois face à cette paire nipponne (5ème défaite consécutive).

Et nul doute que la NBA, qui aura un terrible choix à faire dans quelques semaines - Matsutomo/Takahashi (championnes olympiques en titre, 3èmes de la course), Matsumoto/Nagahara (doubles championnes du monde, 2èmes de la course) et Fukushima/Hirota (triples vice-championnes du monde, 1ères de la course) - a observé cette finale avec grande attention. Après la défaite en finale du All England 2018, Fukushima/Hirota s’offrent un nouveau titre majeur sur le circuit.

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Crédit photo : Sylvain Nalet

Jordan/Oktavianti titrés au terme d’une semaine de dingue en mixte

C’était écrit. Après une semaine incroyable dans ce tableau de double mixte, cette finale devait (enfin) lancer les hostilités après le simple hommes et le double dames. Difficile de faire mieux avec les deux paires finalistes : d’un côté les Indonésiens Jordan/Oktavianti (5èmes mondiaux) avec notamment deux matchs incroyables à leur actif face à Wang/Huang et Ellis/Smith. De l’autre, les Thaïlandais Puavaranukroh/Taerattanachai (3èmes mondiaux), qualifié au prix d’une incroyable demi-finale d’1h23 face aux Coréens Seo/Chae.

Il n’aura fallu attendre que quatre petits points pour voir ce match partir sur des bases folles. Si ce sont bien les Thaïlandais qui remportent ce rallye, ce sera sans doute le dernier d’un set dominé par un Praveen Jordan impressionnant (21-15). Privé de munitions dans la seconde manche, les Thaïlandais dominent l’échange et leur choix tactique paie (15-21, 21-17). Mais rien ne pouvait contenir la fougue de Jordan/Oktavianti cette semaine. Acculés face à l’agressivité des Indonésiens, Puavaranukroh/Taerattanachai s’inclinent lourdement dans la manche décisive (21-15, 17-21, 21-8).

Incapables de gagner une finale avant le Denmark Open 2019 avec cinq défaites consécutives, les Indonésiens affichent désormais un bilan de trois titres, tous sur le Vieux Continent. 4 ans après son premier All England, Praveen Jordan soulève le trophée pour la seconde fois, cette fois-ci aux côtés de Melati Daeva Oktavianti. Deux paires que l'on retrouvera sans doute à la lutte pour une médaille à Tokyo, dans un tableau qui risque de faire des étincelles.

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Crédit photo : Sylvain Nalet

Taï Tzu Ying reprend sa couronne, son troisième sacre en 4 ans

Ne cherchez plus la reine de Birmingham. Dans un remake de la finale de l’édition 2019 entre Taï Tzu Ying et Chen Yufei, la joueuse de Taïwan voulait récupérer sa couronne, abandonnée un an auparavant. Mais Taï Tzu Ying a fait mieux que ça. Pour sa quatrième finale consécutive en Angleterre, celle qui pourrait arrêter sa carrière en cas de titre olympique est aussi venue reprendre la première place mondiale, abandonnée à Chen Yufei début décembre. Il faut le reconnaître, après un mixte de folie, cette finale du simple dames n’a pas atteint les sommets espérés. Taï Tzu Ying n’a pas été impériale, Chen Yufei a sans doute disputé sa pire finale depuis près de deux ans mais l’important est ailleurs si l’on en croit l’adage qui dit qu’une finale ne se joue pas, elle se gagne.

Et c’est ce qu’est parvenue à faire Taï Tzu Ying pour sa 15ème victoire face à la Chinoise (en 18 confrontations), en deux manches (21-19, 21-15). Chen Yufei qui n’avait plus perdu une finale depuis novembre 2018 a beaucoup trop manqué dans les moments cruciaux à l’image de ce point de match où elle avait seulement à mettre le volant dans le terrain. Mais ce n’est pas ce que retiendra la pépite de Taipei pour son troisième sacre au légendaire All England. Elle, qui s’est si souvent manquée dans les grands rendez-vous, s’affirme comme la grande favorite au sacre olympique dans quelques mois.

Endo/Watanabe, parole à la défense

Cette 110ème édition du All England ne pouvait pas se finir de la sorte. Il devait y avoir un dernier feu d’artifice avant de clore cette édition et de ranger les raquettes pendant plusieurs semaines. Comme Taï Tzu Ying, les numéros uns mondiaux Gideon/Sukamuljo étaient en reconquête d’un titre perdu en 2019 après en avoir été double tenant du titre. Si forts dans les finales avec un bilan de 30 victoires pour seulement 5 défaites, les deux hommes avaient fort à faire face aux Japonais Endo/Watanabe.

Le duel a été superbe, l’opposition de style magnifique. En sept affrontements, les joueurs de la NBA l’ont emporté cinq fois, lors des cinq dernières confrontations avec en point d’orgue le 21-3 en finale des Championnats d’Asie. En revanche, les Minions n’ont plus gagné depuis 2018. Une statistique qui fait peur, tant peu, très peu même de paires affichent un bilan positif face aux monstres de la discipline.

Alors que les Indonésiens sont les premiers à dégainer dans un superbe rallye à 12-12, les Japonais, héroïques en défense forcent leurs adversaires à l’erreur et prennent la première manche (21-18). Gideon/Sukamuljo vont trouver la solution à leur échec. Plus patient et avec plus de variations en attaque, ils reviennent rapidement dans le coup face à des champions d’Asie dépassés (18-21, 21-12). Sauf qu’il en fallait plus, encore plus pour vaincre les joueurs de l’Empire du Soleil Levant. Et c’est dans une fin de match irrespirable que Yuta Watanabe et Hiroyuki Endo sont allés chercher ce sacre. Comme tout un symbole, c’est en attaque qu’ils sont parvenus à faire la différence sur les deux derniers points (21-18, 12-21, 21-19).

Titré en 2018 avec Arisa Higashino, Yuta Watanabe, ivre de joie, est venu offrir à son partenaire son premier All England après trois échecs (2013, 2014 et 2016 avec Kenichi Hayakawa). Champion d’Asie en 2019, le duo japonais remporte ici sa plus belle victoire sur le circuit international qui va lui permettre d’effectuer son retour dans le top 5 mondial au détriment d’Alfian/Ardianto mais surtout de s’offrir le droit de rêver dans la quête du graal olympique.

Les résultats du All England 2020 ICI

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