FFBAD : Interview - Jean-Michel Richard pour Bad 2028

Publiée par Richard Catroux le mardi 3 novembre 2020 à 17:30
Interview_Bad-2028
Crédit photo : Badmania.fr

Interrogé par notre équipe, Jean-Michel Richard, tête de liste de Bad 2028, le pari des expériences, nous livre ses impressions et ses ambitions sur des sujets très variés ! Haut-niveau, refonte du classement, prolongement de la crise sanitaire, retrouvez son interview grand format !

"C’est un projet et non un individu qui vise 2028"

Pouvez-vous vous présenter brièvement ainsi que votre liste ?

Jean-Michel Richard, 60 ans. J’ai toujours été investi dans le fonctionnement des clubs que j’ai fréquentés. Arrivé dans le badminton en 2002 ; mon parcours de bénévole débute là. Membre du bureau du club de Cholet (BACH), du comité départemental de Maine et Loire, puis président. Élu au CA de la Fédération en 2015 et élu au poste de secrétaire général adjoint, j’occupe depuis les élections de 2016 la fonction de secrétaire général.

Les membres de la liste composent un subtil mélange de personnes d’expérience, de regards neufs, des personnes issues du monde du badminton et/ou de la société civile. Cette « mixité » permettra de faire progresser la FFBaD avec les compétences de chacun mises au service du projet. Sans rentrer dans les détails, les bio de chaque colistier seront disponibles dans le courant de la semaine sur notre site Web : nous avons des spécialistes du sport santé, de la communication, du numérique, des arcanes de l’État, … Un point commun, réunir les efforts de tous pour concourir à l’amélioration du sort de chacun.

Votre nom de liste fait référence à 2028, visez-vous déjà la présidence pour les deux Olympiades à venir ?

Non ce n’est pas du tout un objectif, nous sommes une équipe d’hommes et de femmes, et pas un individu qui se sentirait investi d’un destin messianique.

La réalité brute, c’est que la tâche est grande, que l’épisode actuel n’est pas facilitateur, même si en partie il ne fait qu’accélérer des tendances lourdes de la société et du sport dans le contexte actuel. Par conséquent il serait déraisonnable, et complètement démagogique de crier haut et fort, qu’il suffit de… qu’il y a qu’à… qu’il faut qu’on… tout en promettant à chacun tout et son contraire.

Notre projet se veut pragmatique, il implique toute la famille du badminton, son application demandera du temps. C’est quelque part l’investissement à faire pour une Fédération adaptée aux nouveaux comportements sociétaux grâce à un modèle économique stable et novateur, qui promeut une discipline sportive riche et variée. Donc pour faire court c’est un projet et non un individu qui vise 2028.

Pour faire évoluer le haut-niveau et remporter des médailles sur de grandes compétitions, nos athlètes ont besoin de moyens. Comment faire pour financer ces moyens sans impacter le joueur amateur ?

L’état est plus directif dans le sport de haut-niveau, via l’ANS haute-performance. Il incombe à la Fédération d’optimiser l’accès à celle-ci. Nous accompagnerons la réforme du PPF au côté de la DTN dans le cadre « Ambitions Bleues ». Nous optimiserons les moyens, pour dégager des ressources, avec peut-être la création d’un centre unique de performance.

En évoquant le haut-niveau nous ne pouvons pas oublier la filière jeunes. Les ligues montent en compétence, avec les ARS, les conférences territoriales des financeurs, donc une partie des fonds publics. C’est asseoir le modèle économique général avec pour objectif le développement. Notre ambition sur l’économie nous ouvre des perspectives. L'accès au haut niveau pour les athlètes, est dépendant du reste, sans économie, sans dialogue avec les différents acteurs du territoire, sans ressources sur les appels à projets… difficile de l’aider. Certains veulent l’occulter, mais notre Fédération est Olympique, c’est un devoir d’accompagner ces jeunes qui font des sacrifices énormes.

"le CPPH n’était pas la bonne formule"

Quels enjeux les Jeux Olympiques de Paris 2024 représentent pour la Fédération Française de Badminton ?

C’est l’opportunité pour notre Fédération d’être sous les feux de l’actualité et donc de rayonner. Les résultats obtenus par nos jeunes athlètes ces dernières années nous permettent de croire à des performances. Les athlètes para-badminton ont brillé sur les compétitions de références, nous pouvons fonder de bons espoirs quant à l’obtention de médailles. On l’oublie parfois, Il faut mentionner la filière des Officiels Techniques, la qualité de notre formation est reconnue de tous et des OT représenteront la Fédération au plus haut niveau.

Ensuite, il y a l’héritage de Paris 2024 et nous serons pleinement investis sur ce volet. Nous avons là une véritable opportunité de tisser des liens beaucoup plus forts avec le monde scolaire et universitaire, pour créer de solides passerelles. Le label Terre de jeux 2024 va nous permettre de faire du développement territorial (engagement, équipement…).

Depuis la saison 2016-2017, on remarque une stagnation du nombre de licenciés. Est-on arrivé au maximum de ce que l'on peut faire ?

La Fédération doit revisiter les formules de jeu pour les rendre, moins contraignantes, plus attractives, plus ludiques. Nous aurons de nouvelles approches, du monde de l’entreprise, des projets de salles spécifiques, des services dans les clubs. Le badminton en extérieur (Air Badminton) est une opportunité, nous développerons des activités en complément de nos actions traditionnelles. Nous proposerons de nouveaux circuits. Un travail particulier sur le para-badminton et sur les féminines sera mené, de l’accès à la pratique jusqu’au haut-niveau. Cela viendra également en partie combler les difficultés de fidélisation.

Nous mettrons à disposition des outils élaborés pour faciliter le travail des dirigeants. Une labellisation des actions fédérales permettra de donner plus de visibilité à nos clubs. Tout ceci contribuera au développement de notre discipline. La limite qui est atteinte, c’est celle du « licencié ancien monde », nos concitoyens ont besoin d’un modèle différent, et franchement n’est-ce pas logique ?

Le classement individuel actuel ne semble pas faire l'unanimité. Quelles améliorations pourraient être faites pour le rendre plus proche du niveau réel de chacun ?

La réforme du classement date de 2016, la philosophie était de pouvoir comparer les compétiteurs entre eux sur le même modèle du classement de la BWF. Or le niveau de nos joueurs est beaucoup plus hétérogène, il ne convient donc pas. Pour essayer d’améliorer le système de classement des correctifs ont été apportés régulièrement, mais les résultats escomptés ne correspondaient pas aux attentes.

C’est pourquoi le constat a été fait que le CPPH n’était pas la bonne formule ; Sur une base Elo/Glicko un travail a été engagé. Nous en sommes à la phase de test pour s’assurer de la concordance des formules avec la réalité du terrain. Il nous faut retrouver la cohérence du CPPP, si besoin, reprendre la formule de calcul pour améliorer la prise en compte des défaites, apporter des correctifs et que le calcul soit hebdomadaire.

"la mise à disposition du logiciel de gestion de compétitions est gratuite"

La contribution de 2¤ par joueur et par tournoi pour financer des outils informatiques fédéraux a été vivement critiqué lors de son instauration. Quel est votre point de vue sur ce sujet ?

La participation fédérale votée à une large majorité lors de l’Assemblée Générale de 2018 a heurté certaines personnes. Sa philosophie est de faire participer un peu plus les compétiteurs qui utilisent plus de services. Un constat : elle n’a pas engendré de baisse d’inscription des joueurs aux compétitions. Cette contribution permet le développement des outils numériques MyFFBaD, MyClub et Mycompét, …, et de consacrer des financements au haut-niveau et au sport pour tous. C’est toute la Fédération qui bénéficie de la participation fédérale.

Enfin ces outils sont mis à disposition pour faciliter la vie des dirigeants des organisateurs et des licenciés. Pour rappel la mise à disposition du logiciel de gestion de compétitions est gratuite pour les organisateurs et les compétiteurs. Si vous me permettez, j’ajouterai une petite parenthèse, c’est touchant de voir, ici ou là des oppositions attisées par des personnes, qui avaient en « stock » une augmentation drastique et non sélective de la licence.

Si la crise sanitaire venait à se prolonger pour de longs mois, quel serait votre ligne directrice ?

Les solutions sont multiples, une fois de plus pas de baguette magique, de miracle. Ce sont des échanges, des propositions, des retours d’expériences, bref une large concertation, qui nous permettra de prendre les bonnes décisions. Tous les organes clubs, comités, ligues et Fédération sont concernés. Nous avons déjà des mesures prêtes à appliquer, nous orienterons des crédits affectés à des dépenses non prioritaires, ou qui ne démontrent pas leur efficacité, sur de l’aide directe sur le territoire à la condition que cela soit dédié à du développement.

Une autre piste, serait la mise en place d’une nouvelle forme de licence (périodicité, temporalité…). Enfin nous ne sommes pas défaitistes et à l’image de ce qui est fait dans d’autres secteurs (culture, tourisme…) nous irons rappeler aux dirigeants le poids de notre sport aux côtés des autres fédérations.

Un petit mot pour finir ?

Notre projet est un projet d’équipe porté par des femmes et des hommes d’expériences. Un projet dont le sportif, les finances et le sociétal sont les pierres angulaires pour permettre le développement de notre discipline. Cela permettra aux clubs, aux comités, aux ligues et à la FFBaD dans son ensemble d’être de plus en plus forts.

Une Fédération qui propose des formules de jeu adaptées, des actions, des outils, un centre de ressource, … mais aussi qui valorise vos retours d’expérience et vos connaissances du terrain. Une équipe dont j’ai le plaisir d’être à la tête et qui s’engagera totalement pour représenter et valoriser notre Fédération auprès de toutes les instances. Notre sport, notre Fédération dont nous sommes tous les acteurs, méritent enfin d’être reconnus à leur juste valeur.

La page dédiée à la liste Bad 2028, le pari des expériences ICI

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