Crédit photo : Sylvain Nalet

Actuel 36ème mondial, Hans-Kristian Solberg Vittinghus est un profil atypique sur la planète badminton. Membre historique de l'équipe danoise, doté d'une excellente réputation sur le circuit, Vittinghus a la capacité de se montrer très lucide sur ses propres performances et ses états d'âme, qu'il partage largement sur les réseaux sociaux. Favori de ces Championnats d'Europe 2020 avec le Danemark, il nous parle de son année 2019 décevante, de la Thomas Cup à venir ou encore de son nouveau podcast dans un entretien grand format.

"Notre statut de favoris nous donne plus de confiance que de pression"

Tu as appris plutôt tard que tu faisais partie de l’équipe danoise, comment t'es tu préparé pour cette compétition et dans quel état d’esprit es-tu actuellement ?

Pour être honnête, je n’ai pas fait de préparation spéciale pour cet événement, je me suis juste entraîné normalement et le staff du Danemark m’a dit assez tôt qu’il y avait de grandes chances que je doive y aller. On a su assez tôt que Rasmus (Gemke) avait un problème au genou donc le staff m’a dit que je devais me tenir prêt pour être sûr que si je devais y aller, je le pouvais. Mon état d’esprit est bon, j’étais préparé y aller. J’adore être ici, c’est toujours sympa d’être de la partie dans une compétition par équipes.



Tu fais partie de l’équipe nationale danoise depuis plus de 10 ans, ressens tu toujours le même plaisir de jouer après toutes ces années ?

Oui c’est exactement la même chose, toujours beaucoup de plaisir. La plupart de l’année on joue des tournois individuels où on se soucie "que" de nous alors c’est très sympa de faire partie d'une équipe. Je suis sur les compétitions par équipes avec ce groupe de mecs depuis des années, on se connaît très bien les uns les autres et l’ambiance est très bonne. On a été plutôt tranquille lors de la phase de groupes mais maintenant on va resserrer le jeu et continuer à prendre du plaisir. La plupart des joueurs de l’équipe étaient là lors du sacre en Thomas Cup (à Kunshan en 2016), nous avons un sorte de lien spécial ensemble et j’espère qu’on pourra gagner une autre compétition tous ensemble.



Le Danemark est largement favoris lors de ces Championnats d’Europe, est ce que tu sens une pression particulière sur les épaules de ton équipe ?

Pour être honnête non, nous ne ressentons pas de pression. Sans faire de fausse modestie nous nous croyons capables de gagner, nous pensons avoir les meilleurs joueurs de simple et de double donc même si un ou deux joueurs ne sont pas à leur meilleur niveau, les autres vont se surpasser pour que l'équipe gagne à la fin. Je pense que le fait que le Danemark ait gagné toutes les éditions de cette compétition nous donne plus de confiance que de pression. Bien sûr, si le score est de 2-2 et que nous sommes poussés au match décisif il y aura de la pression, mais je pense surtout que la pression vient de toutes les personnes qui nous voient comme la meilleure équipe.

Crédit photo : Benoît Castela

"Très déçu de mon année 2019"

A ton avis, quelles sont les équipes capables d’inquiéter le Danemark cette année ?

Je pense que la France est probablement la deuxième meilleure équipe, leurs joueurs de simples en particulier sont vraiment forts. Les Français ont beaucoup de joueurs avec un niveau homogène, des jeunes joueurs sont en train d’arriver et poussent les plus anciens vers le haut donc je pense qu’ils ont une très bonne composition d’équipe.



Tu es vraiment actif sur les réseaux sociaux et tu as récemment lancé ton propre podcast ("A year on tour with Vittinghus, disponible sur iTunes, comment t’es venue l’idée ?

L’idée m’est venue parce que je suis moi même un grand fan des podcasts audio. J’avais déjà un podcast en danois avec Viktor Axelsen et un journaliste. Beaucoup de fans m’ont demandé d’en faire un en anglais donc pendant les six derniers mois j’ai réfléchi sur le type de podcast qu’il m’était possible de faire alors que je voyage toute l’année. Comme je ne pouvais pas faire de recherche en amont ou amener beaucoup d’invités, j’ai eu cette idée de “podcast journal” qui permettrait aux fans d’avoir un meilleur regard sur ce que nous faisons. Je prends beaucoup de plaisir à le faire et je vais surement continuer comme ça tout l’année.



Tu as dis toi même que tu étais déçu de tes résultats et de ta manière de jouer l’année dernière, comme tu vas changer ça cette année ?

J’étais sans aucun doute très déçu, et je pense que la clé pour changer les choses est de travailler encore plus dur. J’ai essayé, surtout à la fin de l’année dernière de moins me concentrer sur les résultats et plus sur ma condition physique et mon jeu, surtout sur l’avant du court. Je ne pense pas être en méforme, mais j’avais l’impression en fin d’année qu’il me manquait 5 ou 10% à donner sur le terrain par rapport aux meilleurs joueurs. Quand la fatigue se faisait ressentir en fin de match je commençais à faire des mauvais choix donc j’ai travaillé vraiment dur là dessus et sur mon jeu au filet donc j’espère voir que ça va payer dans les mois à venir.

Crédit photo : Pascal Therage

"Je veux continuer à jouer encore longtemps"

T’es tu donné des objectifs précis pour l’année 2020 ?

J’ai justement dit à ma femme que je voulais continuer de jouer pendant encore un long moment, mais je ne veux pas le faire si je ne progresse pas. C’est difficile de définir ce que c’est vraiment de progresser, ce n’est pas “je dois gagner ce tournoi ci ou celui-là”, je dois sentir que je deviens un meilleur joueur. Je pense qu’on peut progresser tout au long de sa carrière, sur certains aspect de son jeu. Ma rapidité va peut être diminuer mais je peux compenser dans d’autres secteurs. A la fin de cette saison, je dois juste sentir que ça s’est mieux passé que la précédente. C’est difficile pour moi de dire “je dois accomplir ce résultat” mais pour être un peu concret j’aimerai vraiment réintégrer le top 20 mondial pour être sûr d’intégrer le tableau principal de tous les tournois.



Le Danemark accueillera la prochaine Thomas Cup, je sais que tu as de très bons souvenirs dans cette compétition. Penses tu que vous êtes capables de gagner un second titre ? Ce serait extraordinaire !

Ce serait vraiment quelque chose d’énorme, ça l’était déjà quand on a gagné il y a quatre ans mais si on le fait au Danemark, ce sera la folie dans les médias ! Je pense que nous avons une chance, nous ne serons pas les grands favoris parce que le Japon, l’Indonésie et la Chine ont des équipes légèrement meilleures mais nous ferons partie des outsiders. Je ne pense pas que nous ayons besoin de battre toutes les équipes pour aller au bout et si nous sortons premiers de notre poule il faudra être très bons sur quelques matchs. Je pense que jouer devant son public peut être un avantage mais aussi l’inverse avec de la pression en plus. Si les choses se passent bien, je pense que c’est un énorme avantage mais si le scénario t’est moins favorable, ça te rajoute de la pression et de la frustration. Nous avons la chance d’avoir beaucoup de joueurs de l’équipe avec de l’expérience et la plupart étaient là il y a quatre ans donc je pense qu’on aura une chance en utilisant ça à notre avantage.



Dernière question : qu'est ce que tu penses de la France, tu aimes jouer dans ce pays ?

Oui, en général c’est toujours un plaisir de jouer en France, l’intérêt pour le badminton ne cesse de grandir au fil des années. Il y a beaucoup de spectateurs, on ressent beaucoup plus la passion des fans qu'au Danemark. Ils se font beaucoup plus entendre quand ils regardent les matchs alors c’est toujours beaucoup de plaisir de jouer ici, comme aux Internationaux de France. Je serai aussi à Orléans cette année et j’ai vraiment hâte d’y être !