INTERVIEW : Entretien exclusif avec Christo Popov - Partie 2/2

Publiée par Richard Catroux le dimanche 15 novembre 2020 à 18:00
Popov_Interview_partie2
Crédit photo : Sylvain Nalet

Quelques jours après son titre de champion d'Europe Junior en simple et la médaille d'argent acquise sur la compétition par équipe, Christo Popov a accepté de répondre à nos questions. L'occasion de revenir avec lui sur ses championnats d'Europe Junior, son parcours dans la compétition mais également sur le contexte particulier entourant le tournoi et ses objectifs à venir. Retrouvez aujourd'hui la seconde partie de cet entretien, dans la continuité de la première partie publiée hier après-midi.

"je m'étais préparé pour être à 100%"

Avec les mesures mises en place pour éviter la propagation du virus, de quoi se composait vos journées ?

On est arrivé quatre jours avant le début de la compétition par équipe pour qu'il y ait un certain confinement avant de faire les tests contre la Covid. On est arrivé dimanche, on s'est fait tester le mercredi pour pouvoir jouer le jeudi. On avait une heure précise pour s'entraîner, une heure précise pour manger et le reste du temps c'était dans la chambre sans pouvoir en sortir avant d'être testé. Une fois testé, il n'y avait plus d'heure pour manger. On pouvait tous manger quand on voulait mais on ne pouvait pas sortir du complexe, à part pour prendre les repas à la cafétéria, s'entraîner et jouer nos matchs.


Et ce n'est pas compliqué à gérer ? Comment on fait passer le temps quand on n'est pas sur les terrains ?

A force de faire toujours les mêmes journées, c'était assez long et fatiguant mentalement. Pour ma part, j'essayais de pas mal discuter avec le kiné, les coachs sur les premiers jours. Je jouais un peu sur mon ordinateur, aussi, j'ai regardé quelques séries mais on essayait de ne pas se coucher trop tard parce que la préparation des matchs pouvait commencer très tôt le lendemain matin. En dehors des matchs, on essayait de bien récupérer pour être en forme le lendemain.


Habituellement, ton entraîneur (et papa) t'accompagne sur ce genre de compétition. Est-ce que c'était un manque ?

Mon père n'est pas venu aux Championnats d'Europe parce qu'il y avait maximum quatre cadres autorisés à se déplacer avec les joueurs à cause de la Covid-19, donc la FFBaD a décidé d'envoyer deux coachs nationaux de la FFBaD, un kiné et un Team Manager. Donc c'est pour ça qu'il n'est pas venu. Pour du coaching, c'est sur que je suis plus en confiance quand c'est lui qui est sur la chaise et ça me permet de jouer avec moins de pression et de stress mais je partais quand même favori et on savait depuis plusieurs semaines qu'il ne pourrait pas venir donc je m'étais préparé pour être à 100%.

Je savais qu'en me préparant bien et en jouant comme je sais le faire, j'avais une petite longueur d'avance donc ça me donnait une certaine sécurité. Et tout s'est très bien passé avec Baptiste (Carême) sur les coachings. J'ai bien aimé échanger avec lui pendant les matchs donc ça été même si ce n'est pas mon coach habituel.


"on a forcément beaucoup de pression et d'attente"

Comment prépare-t-on une compétition de ce genre quand on est le grand favori ?

Je pense que ça se joue beaucoup au mental, on a forcément beaucoup de pression et d'attente. Donc pour ma part, je me dis que même sur les premiers tours où j'étais largement favori, je dois produire mon meilleur jeu et être à 100% comme si c'était un gros match pour mettre des scores sévères. D'un côté ça montre qu'on est au dessus et que les autres joueurs peuvent avoir peur parce qu'il faudra vraiment jouer à son meilleur niveau pour me battre. Et d'un autre côté ça permet de se mettre en jambes pour avoir le bon rythme et la bonne vitesse dans les jambes pour les gros matchs à venir. Je savais que j'étais le meilleur et que je m'étais bien préparé donc en jouant comme je sais le faire je me disais qu'il n'y avait pas de raison que ça se passe mal.


Quel est le programme désormais jusqu'à la reprise des compétitions en Janvier ? Quelques jours de vacances ou tu es déjà de retour à l'entraînement ?

Je me suis entraîné dès le lundi soir mais ce n'était pas un entraînement très intensif. J'y suis allé pour faire du sparring pour les autres et garder la raquette en main. Jusqu'à mercredi je n'ai pas fait de préparation physique, de cardio et de musculation. J'ai juste fait une petite séance d'agilité donc c'était plutôt un programme allégé cette semaine en musculation et en préparation physique. Mais niveau badminton j'ai repris les entraînements normalement. Comme mon dernier match était samedi midi avec la finale contre Yanis, j'ai eu le temps de récupérer l'après-midi, le dimanche toute la journée même si on était dans les transports et aussi le lundi avant de retaper un peu le soir, donc c'est comme si j'avais eu deux jours de repos.


"J'espère être dans ce Top30 mondial à la fin de l'année 2021"

Quels sont tes objectifs pour l'année 2021 ? Un nouveau titre de champion de France, atteindre un classement BWF ?

J'espère déjà qu'on pourra refaire beaucoup de compétitions en 2021 pour pouvoir bien progresser dans le classement BWF (classement mondial). Comme je suis passé dans le monde Senior, je pense que ce sera un de mes objectifs majeurs et atteindre le plus vite possible le Top30 pour pouvoir accéder aux Super 750 et Super 1000. J'espère être dans ce Top30 mondial à la fin de l'année 2021 ou tout début de l'année 2022 mais pour pouvoir atteindre cet objectif il faudra jouer beaucoup de compétitions pour gagner suffisamment de points.

Et si il n'y a pas beaucoup de compétitions à part un championnat de France, d'Europe ou du Monde, le but ce sera de se préparer au mieux pour faire un résultat et une médaille. Pour les championnats de France, je vais essayer de le gagner pour la deuxième année de suite s'ils ont lieux et cette année il devrait y avoir encore un gros tableau en simple homme. Et à plus long terme, faire une médaille à Paris 2024 reste mon objectif majeur.


Tu es annoncé comme la future star du badminton français (si ce n'est pas déjà le cas), comment tu vis cette situation au quotidien ?

On va dire que c'est plus facile à vivre dans le badminton que dans un autre sport comme le foot par exemple. Pour l'instant le badminton est beaucoup moins médiatisé en France donc il y a beaucoup moins de sollicitations sur les réseaux sociaux par exemple donc ça me permet d'avoir une vie privée presque normale et ça c'est plutôt cool. Le fait d'être annoncé comme l'un des meilleurs joueurs français c'est super mais ça reste un pallier pour moi car je veux vraiment atteindre le plus haut niveau mondial.

Mon titre de champion de France Senior en début d'année fait très plaisir, j'en rêvais quand j'étais plus jeune mais c'était surtout une étape à franchir pour aller au dessus et monter sur la plus haute marche du podium à Paris, et ça passera par beaucoup d'entraînements, des résultats sur des tournois majeurs comme les Super 750 et Super 1000. Ce seront mes objectifs principaux pour les années à venir.


Un grand merci à Christo pour sa disponibilité !

Suivre Christo Popov sur Facebook

Suivre Christo Popov sur Instagram

0

Réagir sur l'article

Vous devez vous connecter pour pouvoir ajouter un commentaire

  • Soyez le premier à réagir