Crédit photo : Yonex France

Confiné au même titre que tout le pays depuis son retour du All England, Thom Gicquel, le nouvel ambassadeur Badmania est revenu sur ses objectifs, ses ambitions, son ascension fulgurante avec Delphine Delrue mais aussi sur la situation actuelle. À seulement 21 ans, il incarne déjà le présent mais surtout l'avenir de double de l'équipe de France. Vainqueur des Jeux Méditerranéens en 2018 avec Bastian Kersaudy, il est également médaillé de bronze des Jeux Européens en 2019 avec Delphine Delrue (devancés par les Adcock et Ellis/Smith). 15ème mondial en double mixte depuis peu, le quadruple champion de France (2018, 2019 et doublé en 2020) a également remporté l'Orléans Masters 2019 avec Delphine Delrue, le plus beau trophée de leur jeune carrière. Finalistes de deux Super 300 (Spain Masters cette année et US Open l'année dernière), ils ont battu les deux paires finalistes du All England (3èmes et 4èmes mondiales) il y a quelques semaines en Indonésie mais aussi Watanabe/Higashino (5èmes au Danemark en octobre dernier).

"Être au meilleur niveau tout le temps"

En l’espace de deux saisons avec Delphine, vous êtes passés de jeunes à potentiels à tête d’affiche de l’équipe de France, comment tu le vis ?

Je vis bien la situation. C’est vrai que c’est allé assez vite mais on s’attendait à arriver à niveau. On apprécie ce qui se passe, on ne se prend pas trop la tête.



Votre changement de statut a-t-il changé vos objectifs et votre approche pour les Jeux Olympiques ? Récemment, Delphine a arrêté le double dames par exemple.

En fait on ne se pose pas trop de questions, je pense que même en étant 15èmes mondiaux on ne se dit pas qu’on va rester 15èmes mondiaux, on espère qu’on va aller plus haut. On ne s’est jamais fixé d’objectifs mais on savait qu’on avait le talent pour aller loin. Là on est 15èmes mondiaux mais on espère aller encore plus haut.



Qu'est ce qui vous sépare selon toi des toutes meilleures paires du circuit ?

Être au meilleur niveau tout le temps. On l’a vu en Indonésie, on arrive à battre les finalistes et les vainqueurs du All England et la semaine dernière on joue très mal contre les 8èmes mondiaux. Donc je pense que c’est être très régulier sur le haut niveau. Notre niveau de jeu varie encore trop donc il faut essayer de garder uniquement le meilleur et être à fond à chaque fois.



Toi tu as arrêté le double hommes, Delphine, le double dames, est-ce que c’est en lien avec votre ascension en mixte ou uniquement l’impossibilité de se qualifier pour Tokyo ?

Je pense que c’est surtout par rapport à la qualification. En double hommes on n’a jamais eu de résultats dont ça s’est fait très vite. Delphine c’était un peu plus tard mais la problématique va revenir après les Jeux Olympiques à savoir si on reprend ou pas le double. Je pense que ça va être compliqué au niveau des points si on recommence un partenariat parce qu’il faudra repartir sur des petits tournois mais en mixte on devra jouer sur le World Tour donc je ne sais pas si ce sera faisable. En plus, je dois aussi décider si j’ai envie de faire du double hommes ou me concentrer uniquement sur le mixte mais on y réfléchira en tant voulu.



Vous êtes concentrés sur Tokyo mais depuis quelques semaines des rumeurs circulent concernant un possible report des Jeux Olympiques, vous vous préparez à cette éventualité ?

Ce serait quand même dur pour nous de déplacer les Jeux Olympiques sachant qu’on s’est préparé toute l’année. La situation est grave donc si c’est fait c’est à nous de nous préparer différemment mais c’est pas simple du tout. J’ai entendu parler d’un possible confinement pendant 45 jours et si ça arrive ça risque d’être très compliqué de faire un mois et demi sans badminton. On est obligé de rester chez nous et aucune salle n’est ouverte donc je ne vais pas toucher une raquette pendant deux semaines minimum déjà.

"Toutes les rencontres passent de notre côté"

On parle beaucoup du circuit international mais il y a aussi le Top 12 avec Mulhouse, vous avez été impressionnants cette année, quels étaient vos objectifs ? Comment vous vivez l’annulation de la fin de saison ?

Je dois dire que nous non plus on ne s’y attendait pas sachant que je n’allais pas être beaucoup là. En fait, ce qu’on essaye de faire depuis que je suis arrivé avec François (Schmitt-Baagoe, entraîneur du club) et le club de Mulhouse c’est d'avoir une équipe plutôt jeune et je pense que cette année on a une super ambiance entre nous donc tous les matchs serrés, toutes les rencontres passent de notre côté et je pense que ça aide beaucoup. On est arrivé après les cinq premières journées avec 4 victoires alors que j’ai été présent que deux fois. Et les trois fois où je suis absent, on gagne 5-3 avec des matchs serrés. C’est aussi par rapport à l’ambiance de l’équipe, ça nous apporte un état d’esprit qui est super, tout le monde se bat pour tout le monde. Cette année tout passe pour nous, on est en réussite et ça nous permet d’arriver à ce niveau là.

C’est dommage de ne pas faire les playoffs, mais je n’étais qu’à trois journées disputés donc pour moi ça aurait été compliqué de faire les cinq journées requises alors j’ai pas vraiment de regrets pour cette année même si ça aurait été bien de les faire pour le club. Mais l’année prochaine le groupe ira avec plus d’ambitions surtout que les playoffs seront à Mulhouse et je pense qu’on sera capable de le refaire parce qu’il y aura encore plus de confiance, sûrement des recrues donc on sera encore mieux préparés.



J’aimerai savoir comment tu vis la situation en ce moment avec le confinement ? Est-ce que tu peux t’entraîner ? J’imagine que c’est assez dur à gérer, vous restez en contact avec les joueurs et le staff de l’équipe de France ?

Alors non je ne suis pas spécialement en contact avec les autres joueurs de l’équipe de France mais on est en contact avec les coachs, avec les préparateurs physiques parce qu’on a un mois et demi sans compétition donc cette première semaine c’est une semaine de vacances tranquille. Mais on envoie des images des endroits où on se situe pour que notre préparateur physique prépare un programme d’entraînement qui sera adapté. Mais ça va être compliqué, ça risque d’être que de la course, j’ai même pas de poids chez moi et c’est impossible de jouer au badminton donc ça va être compliqué mais on va s’adapter.



Quels sont tes hobbies/activités en dehors du badminton ?

Déjà je ne fais que du bad, je ne suis pas de cours. Mais j’avoue que je suis très branché sport : foot beaucoup, basket aussi. Vraiment beaucoup de sport même s’il m’arrive parfois de jouer à des jeux vidéos et de lire. Sans sport, le confinement va être compliqué. Mais j’avoue que j’ai pris pas mal de jeux de société, j’adore ça.