IFB 2017 : Derrière Axelsen, la chasse est ouverte

Publiée par Pierre Nassivera le mercredi 25 octobre 2017 à 08:30
Viktor A.
Crédit photo : Badmania.fr

Lorsque l’on parle sport, il est facile de se laisser emporter par l’émotion générée par les exploits des plus grands. Pourtant, le sport n’est pas uniquement de l’émotion ; que cela nous plaise ou non, le sport reste aussi modélisable par les mathématiques, c’est-à-dire quantifiable. Derrière chaque match, chaque entraînement, se cache tout un travail d’analyse statistique permettant d’optimiser les performances de l’athlète. Les victoires sont la partie émergée de l’iceberg. Or c’est là que se trouve le charme de Viktor Axelsen, tout juste couronné champion du monde, capable d’allier beau jeu et victoires, donc émotions et résultats, un cocktail rare et enchanteur.

Problème : désormais à découvert, le numéro 1 mondial s'expose à une concurrence qui n'a plus qu'une idée en tête : le ramener dans le rang avant la fin de la prochaine olympiade.

Un palmarès déjà impressionnant

Ce qui rend Viktor Axelsen unique dans le paysage du badminton international actuel est sans aucun doute sa précocité, en témoigne son titre de Champion du Monde juniors, remporté à seulement 16 ans face au Coréen Kang Ji-Wook, de deux ans son aîné.Un sacre doublé par la couronne continentale peu après, renforçant les attentes autour de la pépite scandinave.

Depuis, le prodige danois ne cesse de confirmer les attentes placées en lui, là où de nombreux jeunes joueurs talentueux peinent à franchir la marche les séparant des Seniors : finaliste (malheureux) pour la première fois d’un Super Series aux IFB 2012 de Paris, il glane aussi cette année-là une médaille de bronze aux Championnats d’Europe Seniors.

Mais si les résultats continuent d’être très bons pour un joueur d’à peine vingt ans (médaille de bronze aux Championnats du Monde et Championnats d’Europe 2014, finaliste de l’Open du Japon 2014) le géant d’Odense doit faire face à l'impatience, et à des critiques persistantes sur sa capacité à hausser son niveau de jeu lors des rencontres à enjeu. Son mental est remis en question, une notion popularisée par Lee Chong Wei et ses fameux blocages psychologiques à chaque rendez-vous majeur.

C’est durant cette période s’étalant de 2013 à 2015 qu’Axelsen a fait preuve de la maturité nécessaire à l’explosion du plafond de verre le séparant des tous meilleurs. Serein face aux critiques et lucide sur ses limites du moment, il s’entoure du coach mental Carsten Oldengaard et prend son mal en patience ; comme tout vient naturellement avec Axelsen, après la période des semis vient alors celle de la récolte, pour le moins fructueuse : champion d’Europe pour la première fois en 2016, médaille de bronze aux JO 2016, mais surtout la consécration avec le titre de champion du monde à Glasgow acquis en août dernier face à la légende Lin Dan.

Au passage, il devient le seul joueur du top 20 mondial à afficher un ratio positif dans ses face-à-face avec le Chinois (quatre victoires pour 3 défaites).

VIktor A
Crédit photo : Badmania.fr

Objectif Tokyo 2020

À vingt-trois ans, Viktor Axelsen a donc déjà presque tout gagné. En plus de bénéficier d’une maîtrise technique de très grande qualité et d’avoir levé ses dernières barrières psychologiques, il arrive à maturité au moment adéquat : en effet, le renouvellement générationnel, attendu depuis quelques saisons maintenant, est en train de s'accélérer. Ses récents rivaux vieillissants (Lee Chong Wei, Lin Dan) ne devraient plus tarder à s’éclipser, et les nouveaux talents asiatiques restent encore loin du niveau affiché ces derniers temps par Viktor. Parti pour durer dans les hautes sphères du classement, ce dernier peut maintenant, à long terme, rêver d’un titre olympique à Tokyo en 2020. La question que l’on se pose désormais est relativement simple : qui pour rivaliser avec le géant danois lors des échéances à venir ?

Même avec le probable retrait prochain des deux meilleurs joueurs de la décennie, le chemin vers l'or olympique est encore long pour le géant d'Odense.

Chen L.
Crédit photo : Li-Ning International

Ils ont déjà brillé au plus haut niveau

Le premier nom auquel l’on pense est bien sûr Chen Long. Le rouleau compresseur chinois, champion olympique à Rio et double champion du monde à Copenhague en 2014 et Jakarta en 2015, reste la menace la plus importante pour Axelsen. Malgré une panne prolongée de résultats en Super Series (faute d'intérêt ?) et des championnats du monde décevants à Glasgow, où il se fait étriller par le natif d’Odense en demi-finale (21-9, 21-10), Chen Long, à seulement vingt-huit ans, peut jouer au plus haut niveau pendant encore quelques saisons. Tout dépendra de sa motivation et de sa résistance aux blessures, lui dont le style de jeu et la grande taille ne pardonnent pas une condition physique approximative.

Le second nom de cette catégorie est une énigme : Kento Momota. De la même génération qu’Axelsen, il a vu sa carrière suspendue brusquement pour des faits extra-sportifs, alors que celle du Danois prenait dans le même temps son envol. Présentant un ratio de six victoires pour une défaite face au nouveau champion du monde, Momota a tout juste repris la compétition et pointe désormais à la 110ème place mondiale. Bien qu’ils ne se soient plus affrontés depuis mars 2016, nul doute que le Japonais, qui évoluerait à domicile lors des prochains olympiades, reste craint par Axelsen ; s’il retrouve son niveau affiché avant sa suspension, l’on tient peut-être la nouvelle rivalité de ces prochaines années.

Anders A.
Crédit photo : Badmania.fr

Ils sont jeunes et pétris de talent

Dans des générations plus récentes, on attend également son heure, avec quatre meneurs d'hommes : Shi Yuqi, Jonatan Christie, Anthony Sinisuka Ginting et Anders Antonsen. Quatre noms, quatre joueurs de moins de 21 ans, quatre joueurs (déjà) dans le top 20 mondial.

Shi Yuqi, 4ème joueur mondial, semble le plus avancé de la meute. Avec un titre en Super Series glané l’an passé aux IFB, et une finale lors de la dernière édition du prestigieux All England, il semble prêt à s’attaquer à la forteresse danoise, d’autant qu’il bénéficie pour quelque temps encore de l’aide de ses aînés Chen Long et Lin Dan pour emmagasiner de l’expérience. Et jouer avec moins de pression vis-à-vis des résultats.

Anders Antonsen, quant à lui, est le seul joueur européen de cette liste. 14ème joueur mondial et compatriote de Viktor, Anders a prouvé sa capacité à battre son aîné lors de la demi-finale des derniers championnats d’Europe (21-17, 21-16), décrochant ainsi une médaille d’argent prometteuse. Faisant preuve d’une confiance certaine en ses capacités, l’évolution de la nouvelle pépite danoise au sang chaud est à surveiller.

Enfin, au duel pour décrocher le titre de « nouveau Taufik », Anthony Ginting et Jonathan Christie, classés respectivement aux 18ème et 13ème places mondiales, aiguisent leurs armes et semblent proches de l’explosion. Si Christie est le mieux classé des deux, c’est Ginting qui a remporté la première finale les opposant en Super Series, lors de l’édition 2017 de l’Open de Corée, sur le fil dans la manche décisive (21-13, 19-21, 22-20). Une rivalité naissante et excitante, qui peut amener les deux joueurs à donner le meilleur d’eux-mêmes et redonner une place prépondérante à l’Indonésie en simple hommes.

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