Crédit photo : Yonex International
Chong Wei - Sidek, duo gagnant ?
22 juillet 2017. À maintenant moins d'un mois avant les Mondiaux de Glasgow, le gratin du badminton mondial est entré dans le vif du sujet, en plein c½ur de sa préparation. Pendant ce temps-là , à 200 km au nord de Kuala Lumpur, des centaines de jeunes malaisiens échangent quelques volants avec l'idole Lee Chong Wei, fascinés.
C'est ici, à Ipoh, dans l’État de Perak, que la première académie au nom du Dato Wira (titre de noblesse local) est inaugurée. Hormis les médias, on y retrouve quelques 700 invités, parmi lesquels le président de la Fédération Malaisienne (BAM), le nouveau coach national Misbun Sidek ou encore le jeune retraité Koo Kien Keat, lui même originaire d'Ipoh.
"J'ai également prévu d'en créer une à Kuala Lumpur et à Johor", déclare la superstar malaisienne. Car, avant même de se retirer, l'ancien numéro un mondial prépare le terrain : "C'est ma façon d'assurer que nous ne serons jamais à court de talents" argumente-t-il. Former de jeunes pousses à devenir grands, voilà donc son nouvel objectif assumé. Attaché à son pays, Lee Chong Wei veut maintenir le badminton comme sport numéro un en Malaisie.
Pour l'accompagner dans sa mission, le natif de Bukit Mertajam a fait appel à Misbun Sidek, son ancien coach que la Fédération a rappelé, à sa demande, au début du mois de Juin. De retour après sept ans passé à la tête du simple hommes malaisien (2003-2010), Bun, comme on le surnomme, connaît les attentes. Sur le long terme, rehausser le niveau des solistes malais, via un travail d’aplomb aux côtés de Lee Chong Wei envers la jeune garde, semble nécessaire.
À court terme, la mission est encore plus claire : guider ce dernier vers un premier sacre international à Glasgow. Pour sa probable dernière chance de décrocher un titre mondial, comme l'a laissé entendre le principal intéressé, Lee Chong Wei sera donc entouré de Misbun Sidek et Hendrawan, deux grands coachs pour une légende.
En dehors des courts, une voix qui résonne
A maintenant 34 ans, la voix du Malaisien pèse, notoriété acquise oblige. Mais dire qu'il se fait entendre ces derniers temps relèverait presque de l'euphémisme, tellement l'homme aux 45 titres Super Series semble imposer ses conditions, et jouer le rôle de contrepoids majeur au pouvoir au sein de sa fédération.
Entre le come-back de Sidek, ses projets de formations et son investissement personnel en dehors du court, Lee Chong Wei peut se targuer d'une influence plus forte que jamais. Tout cela sur fond de tension pérenne avec le directeur technique national Morten Frost, perceptible récemment au sujet de la jeune pépite malaisienne Goh Jin Wei, à propos de laquelle il pestait sur la surcharge de son calendrier de compétitions ("Maintenant qu'elle est blessée, qui va en prendre la responsabilité ?" avait-il lâché).
Le joueur est semble-t-il sorti de sa bulle, comme s'il s’effaçait peu à peu au profit du mentor. Comme si, pour se débarrasser des pressions et des attentes, il se montrait peu concerné, en retrait de l'échéance tant attendue. Pourtant, la superstar malaisienne l'affirme : "Il y a de la pression".
Crédit photo : Yonex International
Cette année, LCW ne s'est pas (trop) découvert
La pression, sans doute, de retrouver Lin Dan ou Chen Long sur sa route, ces deux bourreaux qui l'ont si souvent empêché de triompher. La pression, aussi, de ne pas répondre aux nombreuses attentes en suspens depuis maintenant neuf ans. Avec un possible quart de finale explosif face à Chen Long, Lee Chong Wei devra être prêt. Qu'importe, il ne sera "ni facile d'affronter les joueurs chinois ni les autres, chacun représentera un challenge différent" temporise-t-il. Un an après la désillusion de Rio, le vétéran de 34 ans reste prudent.
Pourtant, sur le terrain, le tigre de Penang n'a pas fini de rugir. Vainqueur au Japon en fin d'année puis au All England en Mars dernier, l'amertume de Rio ne l'a pas fait flancher. Mais si, en 2017, le Malaisien a été sacré, pour la quatrième fois, dans le temple du badminton à Birmingham, il s'est aussi peu à peu effacé pour avancer masqué. Deux défaites face à son plus vieux rival Lin Dan, puis un revers saillant face à Prannoy, en Indonésie, auquel on pourra rajouter des Super Series Finals manqués à Dubaï. Contrairement aux dernières années, il ne s'est pas (ou ne veut pas ?) trop s'exhiber.
Car, l'an passé, Chong Wei avait raflé Malaisie, Indonésie et même Championnats d'Asie avant Rio. Ces dernières années, il avait d'ailleurs souvent récolté bon nombres de titres, dévoilant forme et ambitions avant chaque grand événement de l'été, sans pour autant devenir champion du Monde ou roi de l'Olympe. Cette fois, entre retrait progressif des courts et des feux de la rampe, le Malaisien laisse planer le doute sur sa façon d'aborder ce nouveau défi.
Implacable destin
Des défis, le Sino-Malaisien en a connu. Révélé au grand jour en 2007, Lee Chong Wei n'a pas tardé à confirmer son statut dès les JO 2008, durement terrassé en finale par Lin Dan, maître de Pékin. Si, ensuite, la machine a semblé s'enrayer lors des compétitions importantes, signe précurseur (?), le Malaisien a rapidement rebondi. Favori en 2011, on se demandait déjà à quand un titre majeur pour le nouveau patron du simple hommes, avant de croire à ses dernières Olympiades en 2012, puis d'assister à une nouvelle défaite cruelle en 2013. Depuis, c'est la même rengaine chaque été : serait-ce enfin la bonne année ? 2014, 2015 et les Jeux de 2016 auront vu l'âpre bourreau, Chen Long, se substituer au rival historique, Lin Dan : implacable destin.
A l'opposé d'un Chen Long souvent effacé mais omniprésent quand l'heure des grands événements a sonné, Lee Chong Wei est lui l'homme de tout les records: serait-ce donc la rançon de la gloire ? En tout cas, le sort s'acharne année après année, où chaque désillusion devient opportunité gâchée dans un jeu qui semble s'éterniser. Tandis que la pression, exponentielle et désormais habituelle, réanime elle le sentiment d'infortune. Et si la bonne année, souvent souhaitée, finissait par ne pas arriver ?
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"Surmonter la pression et se battre jusqu'au bout"
Manifestement, le principal concerné ne s'y est pas résigné. Difficile tout de même de discerner les motivations de celui qui, à 34 ans, a affirmé qu'il se battrait jusqu'au bout. Mais Lee Chong Wei a-t-il toujours faim, ou s'est-il, partiellement, résolu à ne jamais goûter l'or ? Aura-t-il la force, mentale et physique, de résister à ceux prêts à tout pour faire tomber l'homme à battre, une nouvelle fois ? Aura-t-il la foi, encore, d'aller au bout d'un parcours du combattant qui l'a si souvent éreinté ?
34 ans, triple médaillé d'argent aux Jeux Olympiques, quadruple finaliste des Championnats du Monde, un temps cerné par des affaires de dopages, la star malaisienne a traversé multiples péripéties, a vécu multiples désillusions. En retrait à l'approche d'une nouvelle grande échéance où personne ne semble tenir la corde pour devenir légende, le monde du badminton peut, légitimement, se demander à quoi joue Lee Chong Wei. Sera-t-il bientôt trop tard, ou l'est-il déjà , pour qu'un jour, un seul, l'idole de tout un peuple, la légende de tout un sport, soit là -haut, sur le toit du monde ?
Aujourd'hui, la légende sans titres court toujours. Jusqu'à quand ?
L'actualité des champoionnats du monde de badminton 2017 ICI
Jugoki
Le 21/08/2017 à 9h26 (0)Tout ça pour dire que pour Lee, ce n'est pas trop tard mais il n'a plus le droit d'être attentiste dans les grands matchs, mais ça il le sait sûrement et comme il croisera théoriquement Chen Long en quarts, ça le mettra dans le bain et derrière...pourquoi pas ? Personnellement, même si j'aime beaucoup les 3 autres je serai à fond pour Lee, il serait tellement injuste qu'il ne remporte pas un grand titre pour valider sa carrière
ATH-YF
Le 22/08/2017 à 9h01 (0)En observant son style de déplacement j'en viens aussi à me demander si sa dépense énergétique n'est pas parfois mal géré.. En arrivant dans le dernier match des tournois il s'est trouvé plusieurs fois plus entamé physiquement que son adversaire en sachant Il s'appuie bien plus sur son physique que sur son sens tactique.
Coté attitude faut dire qu'il joue "profil bas" arrivant en finale (+1 avec le com de Jugoki) du coup il se retrouve bloqué sur la défensive et le réactivisme ce qui reviens à se positionner en victime.