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La blessure de Lee Chong Wei le privant du All England 2017 serait-elle la goutte d'eau qui fera déborder le vase malaisien ? En froid depuis plus d'un an avec le DTN national Morten Frost, le numéro 1 mondial Lee Chong Wei a menacé de "quitter la BAM" (fédération malaisienne) si sa voix n'était pas davantage écoutée à l'avenir.

Une incompréhension de longue date

L'inimitié entre la star malaisienne et le directeur technique danois, quadruple vainqueur du All England dans les années 80, s'est très vite installée lors de son intronisation en 2015. Éphémère coach de Lee Chong Wei sur le terrain lors de son retour de suspension, Frost a très vite cédé sa place sur la chaise à Hendrawan, avec les résultats que l'on connait (triplé Super Series à l'automne 2015, alors que le Malaisien n'en avait plus remporté depuis 2014). Déjà alors, des rumeurs de clash avaient circulé dans la presse nationale.

Un conflit latent, renforcé par la décision de Morten Frost de séparer les joueurs de l'équipe nationale en deux groupes, au printemps 2016. Les principaux joueurs de la BAM s'entraînent depuis avec Hendrawan et Tae Tseu Bock, les jeunes et les réservistes avec l'Indonésien Indra Wijaya. Un choix qui ne passe pas pour Lee Chong Wei : "Morten ne veut pas que je puisse jouer contre les jeunes ... pourquoi ? Quand j'étais moi-même junior, j'ai eu la chance de pouvoir me mesurer à mes aînés. [...] Pourquoi séparer l'équipe en deux ? Les jeunes ne peuvent-ils pas bénéficier de ce type de confrontation ?"

Et le résultat historique de la délégation malaisienne à Rio (3 médailles d'argent, meilleur bilan olympique national) ne semble pas avoir rabiboché les deux hommes. Au point que Lee Chong Wei accuse Frost de ne pas faire passer les intérêts des joueurs avant les siens : "Il ne veut pas écouter. Le sport et la politique ne font pas un bon mélange, mais je pense que c'est justement ce que Morten est en train de faire." Lee Chong Wei fait ici référence à la situation de son directeur technique, employé non pas par la BAM mais par le gouvernement malaisien.

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''Je suis à bout et en colère" (Lee Chong Wei)

Loin d'être le point de départ de ce conflit, la blessure de Lee Chong Wei constitue au contraire le détonateur d'une situation explosive. Le Malaisien aurait informé Morten Frost via Hendrawan de la dangerosité des courts dès l'ouverture de la nouvelle académie malaisienne de Bukit Kiara après le Nouvel An Chinois, et reproche une prise de décision trop tardive du DTN national pour assurer la sécurité des joueurs.

Une action jugée "délibérée" par Lee Chong Wei, marquant le point de rupture avec Morten Frost pour le numéro 1 mondial de 34 ans. "Je suis arrivé au bout de ma patience avec Morten. Cette blessure est la goutte qui fait déborder le vase. Le triple médaillé d'argent olympique va jusqu'à supposer une volonté de Morten Frost de ne plus compter sur lui à l'avenir : "Ce qui me blesse le plus, c'est la gestion de ma blessure par Morten. Plutôt que de demander des nouvelles de mon état physique, il a demandé à mon coach si je comptais me retirer ... pourquoi ? Ne veut-il plus que je joue ? Ça me blesse."

La situation semble avoir atteint aujourd'hui le point de non-retour : "Cela fait quelque temps que je suis mécontent de son management, mais je n'ai pas fait d'esclandre à cause d'Hendrawan. Il me disait constamment d'être patient, et je l'ai écouté. Maintenant, je suis à bout et en colère. Si aucune solution n'est trouvée, je quitterai la BAM".

L'expert badminton de TV 2 Denmark, Jim Laugesen, n'a pas tardé à réagir à cette affaire qui touche directement son compatriote et ami : "Si Morten se met à dos Lee Chong Wei, il se met à dos 30 millions de fans inconditionnels du badminton malaisien. Il ne doit surtout pas prendre cette affaire à la légère [...], ceci étant dit, je doute qu'il ai lui-même lubrifié délibérément le court avec du savon pour que Lee Chong Wei se blesse".

Alors, Lee Chong Wei joueur indépendant, bientôt une réalité ? À 34 ans, difficile en tout cas d'imaginer la BAM se séparer de son technicien danois après ses résultats sportifs probants et ses appuis politiques. Mais le poids de l'icône mondiale du badminton dans la balance des négociations n'est pas à sous-estimer. Contacté par les médias danois et malaisiens, Morten Frost a refusé de réagir : "Il vaut mieux que je ne dise rien."