MONDIAUX 2017 : Axelsen au sommet

Publiée par Marius Dirand le dimanche 27 août 2017 à 21:57
Viktor A.
Crédit photo : Yonex International

L'Emirates Arena de Glasgow aura donc été le théâtre d'un changement d'ère apparent, où la planète badminton s'est ornée ce dimanche d'un nouveau décor, celui d'une jeunesse insouciante et précocement talentueuse. Viktor Axelsen, Chen/Jia et Nozomi Okuhara, voilà au plus haut niveau de purs joyaux qui ne demandent qu'à polir. Des Championnats du Monde qui auront également vu Liliyana Natsir conquérir un quatrième sacre historique, et Zhang Nan décrocher l'unique titre qui lui manquait.

Axelsen, début d'une ère ?

Glasgow aura-t-elle été spectatrice privilégié d'une passation de pouvoir ? Comme Lin Dan, Viktor Axelsen conquiert son premier titre de champion du monde l'année de ses 23 ans. Comme Lin Dan, le Scandinave épate déjà. Fini les accessits, à lui l'or désormais. Dans un choc des générations, le géant d'Odense aura confirmé sa démonstration de force réalisée hier.

Pas inhibé par l'enjeu, Viktor Axelsen a posé son empreinte habituelle d'entrée : pas de round d'observation, peu de patience, et un jeu en première intention auquel il se résout si souvent. Pas de quoi impressionner un Lin Dan qui, du haut de ses 33 ans, lui répond du tac au tac. Dans une partie résolument offensive, l'un répond à l'autre coup sur coup, mais la fougue d'un Axelsen impétueux et affamé force le verou chinois pour virer en tête (22-20).

Et si Lin Dan n'a rien a perdre, Viktor Axelsen a lui tout a gagner. Le Chinois peine à changer le cours d'un match qu'il ne parvient à maîtriser. 11-5 à la pause, le natif d'Odense tient le bon bout, mais l'essai reste à transformer. Ce dimanche, toutefois, pas de come-back étincelant de la superstar chinoise. Dépassé par les smashs piqués et la puissance d'un adversaire sur un nuage, Lin Dan ne trouvera jamais la clé, handicapé par une longueur qui lui aura fait défaut 54 minutes durant (22-20, 21-16).

54 minutes, ce sera donc le temps qu'il aura fallu à Viktor Axelsen pour conquérir un premier titre mondial. Le premier d'une longue série, peut-être. Le Scandinave met fin par la même occasion à un long règne asiatique de 20 ans sur la discipline. Vainqueur en 1997, Peter Rasmussen, dernier vainqueur européen, a trouvé un successeur. Lin Dan, lui, regoûte à l'argent 12 ans après, et laisse la Chine céder sa couronne conservée pendant plus d'une décennie.

Nozomi O.
Crédit photo : Badmania

Okuhara, la tête et les jambes

Si l'on pouvait attribuer deux médailles d'or, Nozomi Okuhara et P.V. Sindhu auraient assurément partagé côte à côte la plus haute marche du podium. Au terme d'un match qui restera longtemps dans les mémoires, la Japonaise est venu coiffer au poteau une Indienne poussée dans ses ultimes retranchements. Un incroyable marathon d'1h50 qui aura marqué l'Emirates Arena de Glasgow.

La fraîcheur, pourtant, semblait être une flèche disposée dans le carquois de P.V. Sindhu, très solide hier, et non pas dans celui de la Japonaise. Mais au-delà de l'aspect physique, Nozomi Okuhara s'avère être une fine tacticienne au mental d'acier. Face à l'imposant gabarit de l'Indienne, la petite Japonaise d'1m55 use de son sens du jeu pour emmener son adversaire dans l'impasse, bousculée et poussée à la faute (21-19).

Contrainte à laisser sa puissance naturelle de côté, Sindhu n'en reste pas moins une formidable combattante. Jamais résignée, elle fait enfin craquer Okuhara au bout d'un échange faramineux de 73 coups pour s'offrir une manche décisive. Le début d'une incroyable guerre des nerfs.

Là, plus question de fraîcheur, ni même de second souffle. Les deux joueuses sont au bout d'elle-même, mais galvanisées, encore, à l'idée de croquer l'or. A chaque point, Okuhara et Sindhu semblent jeter leurs dernières forces dans la bataille, avant, à chaque fois, de repartir de plus belle dans d'interminables rallyes. Visiblement plus marquée par la dureté du combat, P.V. Sindhu sauvera bien sa peau à 19-20. Mais pour Okuhara, ce ne sera que partie remise. 2 points plus tard, la Nippone fond en larmes (21-19, 20-22, 22-20)

A 22 ans, la Japonaise succède à Carolina Marin, double tenante du titre. Pour ses deuxièmes mondiaux seulement, Okuhara aura fait étalage d'une solidité à tout épreuve pour offrir au Japon un deuxième sacre 40 ans après. Sindhu, déjà médaillée d'argent à Rio, devra elle encore patienter.

Natsir rentre dans l'histoire

Seul joueur à défendre son titre acquis en 2015, Mohammad Ahsan ne sera pas parvenu à glaner l'or deux fois consécutivement aux côtés de deux partenaires différents. La faute à un Zhang Nan qui pourra désormais se targuer d'avoir tout gagné, et qui aura ce dimanche, avec Liu Cheng, permis à la Chine de retrouver un titre qui lui échappait depuis 2011 (21-10, 21-17). Un peu plus tôt dans la journée, c'est d'ailleurs un des lieutenants du double hommes chinois, Hong Wei, qui annonçait sa retraite internationale.

Une reconquête qui contraste avec une mainmise longue de 20 ans maintenant chez les dames. Dans un match aussi intense qu'agréable, en atteste ce rallye de 104 coups en début de troisième manche, Chen/Jia et Fukushima/Hirota auront longtemps fait jeu égal. Après deux sets de haute volée, la différence se sera finalement opérée dès l'entame du set décisif et ce passage à vide nippon (9-1). Un handicap trop important à remonter, précipitant le sacre des talentueuses Chinoises de 20 ans, déjà au sommet (21-18, 17-21, 21-15).

Mais un match long d'1h24 laisse indéniablement des traces. Peut-être trop. Au moment d'entamer une nouvelle manche décisive, cette fois aux côtés de Zheng Siwei en début de soirée, la fatigue accumulée par la jeune pépite chinoise a forcément pesé. Surtout quand de l'autre côté du filet, l'inoxydable duo formé par Tontowi Ahmad et Lilyana Natsir donne la réplique. Bousculés pendant à peine plus d'un set (21-15, 6-5), les Indonésiens, vainqueurs en 2013, n'étaient pas totalement rassasiés (15-21, 21-16, 21-15). Une quatrième breloque du plus beau des métaux pour Liliyana Natsir, première joueuse à remporter quatre titres dans la discipline, devant un certain...Zhang Nan.
Ce dimanche, à Glasgow, n'était pas qu'un jour de premières.

L'actualité des championnats du monde de badminton 2017 ICI

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