INTERVIEW : F.Chayet, l'entretien grand format (1/2)

Publiée par Ivan Cappelli le mardi 13 décembre 2016 à 12:51
Florent Chayet
Crédit photo : FFBaD

Le 12 Novembre 2016, son élection au poste de président de la FFBaD déclenchait un séisme sans précédent dans le monde du badminton français. 30 jours pendant lesquels l'ancien président de la Ligue Occitanie Florent Chayet a eu tout le loisir de traverser le spectre d'émotions inhérent à sa victoire surprise. Mais surtout s'atteler à la tâche, avec une volonté d'apposer sa patte sur une logique de continuité. Première partie de notre entretien grand format avec le nouvel homme fort du badminton français.

Retrouvez la 2ème partie de cette interview ICI

''J'ai découvert le badminton en Asie''

Vous êtes aujourd’hui président de la FFBaD. Quel parcours de vie vous a amené à un tel événement ?

"Mon père habitait en Asie quand j’étais gamin. J’y ai découvert le badminton, ce qui m’a bien plu. Mais j’ai fait des études assez longues, et comme souvent dans ces cas-là, j’ai complètement arrêté le sport. Puis, une fois installé dans l’existence avec femme et enfants, j’ai repris une activité sportive, et renoué avec le badminton.

Il n’y avait pas de clubs dans les Pyrénées-Orientales : j’en ai crée un, que j’ai rapidement affilié à la FFBaD. Évidemment à l’époque, nous n’avions aucune notion de formation. Notre niveau de jeu était non seulement faible, mais surtout inaméliorable !

Comme président de club, je me suis retrouvé impliqué dans les activités de ligue car j’étais médecin. Puis suite à un conflit dans ma ligue, une motion de défiance a été votée contre la présidente. Après 2 mois d’intérim, je me suis retrouvé à être le plus petit dénominateur commun. Il fallait que quelqu’un soit président : j’y ai été encouragé, et j‘y suis allé. En dépit du fait que je ne sois pas un excellent administratif, ça ne s’est pas si mal passé que ça, puisque j’ai été réélu sans être vraiment candidat à plusieurs reprises.

Après m’être trouvé un successeur, je me suis trouvé une petite musique personnelle, face notamment à des pratiques figées dans le temps. Par exemple : à l’entraînement, on joue des matchs femmes contre hommes, quelque soit l’âge : pourquoi à nos petits niveaux, ne pourrions-nous pas faire la même chose en compétition officielle ? Je viens d’une ligue installée sur un grand territoire géographique, avec un taux d’occupation modeste. Pour regrouper des badistes par catégories, les joueurs doivent faire beaucoup de kilomètres. Il serait intéressant de regrouper les joueurs par niveau de jeu, et non par des questions de sexe ou d’âge.

Je me suis présenté à l’élection plurinominale de la FFBaD. C’est un peu injuste comme système : j’ai pris la parole 2 minutes, j’ai fait un peu rire, puis j’ai été élu. J’ai ainsi passé une olympiade à me battre pour mes idées. J’ai notamment ½uvré pour la suppression des certificats médicaux de surclassement, mais aussi sur l’amélioration de l’offre compétitive avec Promobad. Entre temps, j’ai crée un second club : la Joyeuse Plume des Aspres . Ça me ressemble un peu, elle est bien nommée !"

AG FFBaD
Crédit photo : FFBaD

''Jamais songé à me battre pour la présidence !''

Racontez-nous la journée du 12 Novembre, date de votre élection à la tête de la FFBaD. Comment avez-vous vécu ce moment ?

"Pas une seconde il ne m’était venu à l’idée que j’étais en train de faire face à un tel enjeu. Lors de cette AG, que j’ai préparé relativement sérieusement durant les jours la précédant, j’ai voulu avant tout faire passer un message réfléchi…"


Il se dit que votre discours a été très convaincant, et même salué !

"Vu le résultat, j’ai forcément été convaincant ! Je pense surtout avoir été sincère, car je m’en tenais à mon sujet. J’ai commencé par dire clairement que j’avais participé à l’olympiade précédente, que j’avais validé un bilan que j’avais voté à 95 %, et que je jugeais bon. Je n’avais aucun souci avec la liste de Richard (Remaud, ndlr) !

J’ai ajouté dans la foulée que son projet – sous réserve du déroulement de l’olympiade – ne me choquait pas du tout. Mon problème était bien particulier : il était celui de la gouvernance, avec des exemples très concrets. De deux choses l’une : ou je rentrais à la maison, ou je rentrais au Comité d’administration, avec ma liberté de parole. Mais à aucun moment je n’ai songé à me battre pour la présidence, car je voulais juste faire passer mon message !

J’ai fini par me rendre compte de ce qui était en train de se produire. Dans ces cas là, on est un peu dans sa bulle, comme dans un match serré. Je voulais suivre le fil de ma pensée, être clair. J’ai quand même remarqué que Richard n’avait pas été applaudi, alors que j’avais eu droit à quelques salves d’applaudissements. Mais je me souviens très clairement avoir pensé que ces applaudissements n’étaient pas forcément pour moi, notamment lorsque j’ai évoqué le DTN Philippe Limouzin."


La décision de M. Remaud de nommer un nouveau DTN n’avait pas été annoncée officiellement … beaucoup estiment que ce sujet a joué en votre faveur.

"C’était pourtant factuel, car le DTN l’a annoncé à ses cadres avant l’Assemblée Générale ! Même le ministère des sports était au courant, puisque le DTN est salarié de l’état. Richard l’a expliqué : il a souhaité faire évoluer le poste autrement, mais dans le même temps il avait tenu à proposer quelque chose qui soit valorisant pour Philippe Limouzin, à savoir le poste de directeur général de la FFBaD.

L’information de ce qui s’était passé pour Philippe (Limouzin, ndlr) s’est répandue rapidement pendant les IFB. Une chose m’a choqué : la nomination du DTN est une prérogative présidentielle, ce que je n’ai pas remis en cause. Mais malgré cela, la confrontation des opinions me paraît indispensable. J’ai été président de Ligue, et il m’est arrivé d’être minoritaire. Je me suis toujours incliné devant la majorité et je le ferai toujours, sauf si mes valeurs personnelles étaient remises en cause. Et plutôt que de forcer la main, je démissionnerais."



Philippe Limouzin
Crédit photo : FFBaD

''Je pensais finir autour de 15%''

Comment ont réagi vos colistiers, qui n’avaient aucune intention d’être élus ?

"Ils étaient tous issus ou liés à mon club, mais j’ai clairement expliqué que j’étais le seul vrai candidat lors de la présentation de mon programme. On ne pouvait pas être plus clair !

Lorsqu’ils ont appris la nouvelle, la plupart de mes colistiers en ont beaucoup ri. Pour un petit nombre d’entre eux, cela a été un vrai choc, comme pour moi dans une certaine mesure. Ils ont considéré qu’ils se devaient de tenir leur place. Trois d’entre eux ont été suffisamment motivés pour accepter de participer au bureau, et travailler avec nous jusqu’en Avril.

J’ai moi même été agréablement surpris – pas que moi d’ailleurs ! Les salariés et élus également – par l’implication de ces colistiers élus. Ils avaient soigneusement épluché les documents, ils ont posé des questions très pertinentes. Ils ont pris leur rôle très au sérieux."


Comment avez-vous géré ce résultat, alors même que vous ne souhaitiez pas être élu ?

"Je ne suis pas tout à fait d’accord. J’avais la ferme volonté d’être élu ... mais au Comité d’Administration. D’ailleurs, je pensais – c’était peut-être présomptueux – que ce serait le cas. Je ne voulais pas refaire une olympiade en étant membre du CA sans liberté de parole.

Deuxièmement, de mon point de vue, nous avions des progrès à faire collectivement, en matière de transparence sur la gouvernance. Troisièmement, j’avais estimé que la FFBaD n’était pas à un point de développement où elle pouvait profiter d’un système de scrutin avec des listes intégrales, car nos ressources en bénévoles et notre organisation laissaient peu de chance au fait que l’on puisse avoir deux listes intégrales entre lesquelles les licenciés pourraient choisir. Je redoutais énormément qu’il n’y ait qu’une seule liste.

Force est de constater que j’ai eu raison, car hors de ma démarche, il n’y avait que la liste principale en course ! Si je n’avais pas fait cette démarche, nous aurions dépensé une grosse somme pour convoquer une AG élective où les élus auraient été connus depuis le dépôt de liste, ce qui aurait été absurde. C’est pourquoi je condamnais le système choisi.

Pourtant, je pensais être autour de 15 %, ce qui m’aurait permis d’entrer au CA en Avril avec un ou deux autres élus. J’étais très déterminé. Ma démarche était réfléchie. J’estime l’avoir menée en toute transparence – personne ne peut dire que je n’ai pas prévenu -, mais je ne pouvais pas imaginer un tel résultat !"


Comment s’est passé votre premier mois de présidence à la FFBaD, notamment la transition ?

"Ce fut un premier mois assez contrasté. Passé le moment de stupeur et de très grosses inquiétudes – juste après mon élection, j’étais très ennuyé car ce n’était pas ce qui était au programme, j’étais inquiet pour ma fédération -, la façon dont les choses ont tourné m’a beaucoup rassuré.

Je suis bien encadré, et j’ai été très bien accueilli par tous les élus, les employés. Tout le monde était un petit peu interrogatif, mais une fois les explications données, eux aussi se sentent rassurés.

Globalement, on a un outil qui fonctionne, on applique les statuts à la lettre, on s’en tient à ce qui avait été relativement prévu juste après élection. J’espère que la période intermédiaire jusqu’au 22 Avril et l’AG élective sera l’occasion de montrer que tout est assumé, et qu’on peut continuer comme ça."



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  • Rivet
    Le 13/12/2016 à 13h09 (0)
    Pas mal mais j’attends la seconde partie qui elle apportera de vrai réponse, en tout cas je l'espère, sur des interrogations comme le classement, ou Brice L.
  • Ivan Cappelli
    Le 13/12/2016 à 13h47 (0)
    Rivet : la deuxième partie correspond probablement aux réponses que tu attendais sûrement, mais cette première partie à vocation à répondre à bien des questions qui nous ont été posées après l'élection ,;)