Les championnats d'Europe par équipes mixtes 2015 (11 - 15 Février, Louvain) ne débutent pas sous les meilleurs auspices pour les bleus. Prétendants logiques à une médaille historique en Belgique, l'équipe de France de badminton vient, par l'intermédiaire de ses leaders, de faire éclater au grand jour une polémique qui oppose la Fédération Française de Badminton à ses joueurs. Dernière conséquence en date : la suspension de Bertrand Gallet et Svetoslav Stoyanov, les entraîneurs en charge de l'équipe de France, à quelques minutes du du départ pour Louvain.
Quand les INSEPiens enflamment les réseaux sociaux
Tout commence par une publication Facebook de Brice Leverdez en tout début d'après-midi. En route vers la Belgique, le chef de file du clan tricolore relaie un incident intervenu juste avant le départ de Paris pour Louvain :
Le bruit qui courrait dans l'environnement proche des joueurs prend soudainement corps à la vue de tous. Et un simple désaccord interne à l'INSEP devient un débat public par la magie des réseaux sociaux.
Rapidement, les réactions s'enchaînent. Les leaders du groupe France prennent tous position aux côtés du numéro 1 français. Face à la dégradation de cette situation, la Fédération Française de Badminton réplique par un communiqué :
Le mal est malheureusement fait, mais sa source est ailleurs. En cause : la participation des badistes français aux premiers Jeux Européens 2015 à Bakou (Azerbaïdjan), en pleine course à la qualification olympique pour les Jeux Olympiques de Rio 2016. Incompatible avec la quête d'un billet pour le Brésil pour les joueurs, qui souhaitent que des joueurs non-concernés par la qualification olympique soit envoyés à Bakou. Le son de cloche diffère côté fédéral, où l'on invoque la nécessité d'engranger de l'expérience.
P.Limouzin : "Je crois énormément en ces athlètes"
Peu de temps après la publication du communiqué de presse de la Fédération Française de badminton, nous avons été en mesure de joindre Philippe Limouzin, Directeur Technique National de la Fédération Française de Badminton. L'un des acteurs majeurs du badminton national a accepté de revenir avec nous sur ce profond désaccord qui secoue le clan tricolore.
Pour lui, "Le conflit est en deux temps. Aujourd'hui, je suis sur la gestion d'une décision collective de ne plus faire confiance, et de relever de leur mission Svetoslav Stoyanov et Bertrand Gallet qui avaient en charge l'équipe de France de Badminton. Aujourd'hui, je ne considère pas qu'ils soient en mesure de porter les valeurs auxquelles je crois, et de porter le projet de l'équipe de France. [...] C'est une décision qu'ils n'acceptent évidemment pas facilement. C'est une situation qui n'est pas normale évidemment, nous n'avons jamais souhaité en arriver là . "
Malgré l'agitation qui règne, la conviction demeure. Questionné sur les Jeux Européens, le DTN de la FFBaD affiche "une confiance forte dans les joueurs pour ne pas avoir besoin de se positionner en privilégiant tel ou tel objectif. Ces Jeux Européens font partie du parcours vers la performance aux Jeux Olympiques. En cela, la fédération reconnaît ce parcours et le valide."
Pas question pour lui de faire l'impasse sur Bakou :"À partir de là , les Jeux Européens doivent se disputer avec la meilleure équipe, avec l'objectif de gagner des médailles et d'apprendre pour la qualification olympique. Aller aux JO, c'est une recherche de performance. L'équipe de France olympique attend des performances, et non une simple participation. Elle attend des résultats qui ne s'acquièrent que par le niveau de jeu.
"Travailler dans une profonde intelligence"
Malgré la cassure, Philippe Limouzin "croit énormément en ses athlètes et leur niveau de jeu. Il doit être constant. Pour gagner des points pour la qualification olympique, cela passe par le niveau de jeu. En cela, j'ai confiance en eux pour qu'ils puissent affronter deux compétitions de front."
Sur la méthode employée par les joueurs pour faire passer leur message, le DTN regrette l'ampleur prise par les événéments : "Les joueurs se positionnent de manière très radicale, douloureuse vis-à -vis de tout ce que la fédération met en place pour accompagner les joueurs. Une qualification olympique se construit dans les 5 ans qui précèdent les JO. La Fédération Française de Badminton accompagne certains de ces athlètes vers cet objectif depuis une décennie !
Ce que je crois, c'est qu'il faut continuer à travailler avec eux dans un projet plus large, tout en respectant leurs projets individuels. On en sortira ainsi tous grandis, ce qui mènera les athlètes vers leurs souhaits et objectifs, qui sont les mêmes que ceux de la Fédération."
Interrogé sur de possibles sanctions infligées aux joueurs, Philippe Limouzin n'a pas souhaité se prononcer : "Je vais consulter l'historique des événements avec le bureau fédéral. Je proposerai ensuite - ou pas - des démarches, des procédures qui doivent d'abord êtres étudiées. Ma volonté, c'est de travailler en profonde intelligence, dans une volonté de partage. Ce ne sont pas que des mots, ce sont des actions."
Thomas-BAD
Le 09/02/2015 Ã 23h13 (0)Phil68
Le 10/02/2015 Ã 8h05 (0)Medor
Le 10/02/2015 Ã 19h05 (0)