Crédit photo : Badmania.fr

Quelques jours après sa prise de fonction au poste de Directeur Technique National en remplacement de Philippe Limouzin, nous avons eu le plaisir de nous entretenir avec Jérôme Careil. De son passé de joueur de niveau National à son arrivée au sein de la FFBaD, en passant par les principales missions qui l'attendent mais également le calendrier de reprise du badminton pour tous après ce troisième confinement, le nouveau DTN de la Fédération Française de Badminton nous dit tout.

"Le rôle d'un DTN a beaucoup évolué dans le temps"

Bonjour Jérôme Careil, pour les personnes ne vous connaissant pas, pouvez-vous présenter votre parcours dans le monde du badminton ?

Bonjour, je m'appelle Jérôme Careil, j'ai 47 ans et j'ai commencé le badminton sur le tard à l'âge de 17 ans. Rapidement, j'ai pris goût à la compétition pour finalement atteindre un niveau national en étant classé A. Parce que ce sport m'intéressait fortement, j'ai commencé à m'investir bénévolement puis à passer en parallèle de mes études le Brevet d'État 1er degré pour me rendre compte que l'encadrement dans le sport m'intéressait fortement. Après mes débuts au badminton sur Niort, je me suis rendu sur Poitiers pour mes études et j'ai rapidement passé le Brevet d'État 2ème degré en alternance à la Ligue Poitou-Charentes. Par la suite, et à partir de 1997, je suis resté 5 ans à la Ligue comme Emploi Jeunes (l'équivalent des coordinateurs ETR de maintenant) avant de passer le concours de professeur de sport.

De 2002 à 2010 j'ai travaillé pour la Direction régionale Jeunesse et Sport d'Orléans avant de rejoindre la FFBaD par l'intermédiaire d'Olivier Bime en Février 2011 comme Conseiller Technique sur la formation et le suivi socio-professionnel des sportifs de haut-niveau. Lors de son arrivée comme DTN, Philippe Limouzin m'a proposé de m'occuper de la partie Formation (qu'on a appelé Formabad) et j'ai donc occupé le poste de DTN Adjoint à la Formation et à l'Emploi pendant près de sept ans, de 2013 jusqu'au 30 avril dernier. Ma prise de fonction comme Directeur Technique National (DTN) a donc débuté au 1er mai.

   

Quel est le rôle du Directeur Technique National ? Quels sont ses principales missions ?

Le rôle d'un DTN a beaucoup évolué dans le temps, ce n'est plus le même qu'avant et ne sera pas le même dans plusieurs années. Il faut sans cesse repenser ce rôle pour coller à la réalité actuelle. Mon rôle principal consiste donc à diriger l'ensemble des cadres techniques placés par le Ministère auprès de la FFBaD mais également d'accompagner les élus et les administrateurs de la Fédération dans la mise en place de leur projet sportif et fédéral, tout en respectant les orientations du Ministère. Je dépends donc du Ministère et je manage les 23 cadres techniques nationaux sur trois grandes thématiques : la haute performance, la formation et le développement des pratiques.

   

Le DTN est régulièrement assimilé au haut-niveau, que pensez-vous apporter pour améliorer nos résultats et donc notre visibilité à l'international ?

En effet, le DTN est traditionnellement lié au haut-niveau et la plupart de nos moyens humains sont consacrés à la haute performance. Par le passé, bon nombre de DTN était issu de la performance, c'était notamment le cas de Philippe Limouzin, mais ce n'est pas le mien et j'arrive avec un regard « extérieur ». Je vais donc réaliser un travail d'audit de mon côté en rencontrant tous les acteurs de la performance, le staff de l'INSEP, les responsables des Pôles France et Espoirs mais également les athlètes car ce sont eux les plus concernés par la haute performance. Mon objectif c'est d'avoir un panorama le plus large possible de la situation actuelle et connaître le positionnement de tous ces acteurs vis-à-vis de notre structuration de la performance et de son fonctionnement.

A la suite de cet audit, nous pourrons construire avec les acteurs un nouveau système ambitieux s'appuyant sur un directeur (ou une directrice) de la performance.

... comme pouvait l'être Peter Gade de 2015 à 2018 ?

Ce sera différent car, selon moi, Peter Gade était plutôt le directeur de la très haute performance. Son influence sur les étages inférieurs n'a pas été à la hauteur de ce que je souhaite mettre en place prochainement avec un directeur de la performance impliqué sur l'avenir de nos plus jeunes badistes jusqu'aux différents Pôles (Espoir, France) puis le très haut niveau. Un autre élément indispensable, c'est d'objectiver ce que l'on fait pour être plus lisible sur les conditions d'accès aux différents stades de la performance et que chaque acteur (entraîneurs, encadrants, joueurs, ...) sache où il se situe dans sa progression. Même si des exceptions existeront toujours, il me semble primordial de s'appuyer sur des « couloirs de performance » pour savoir si nous sommes, les athlètes et le staff, en avance ou en retard par rapport aux objectifs fixés pour atteindre la très haute performance internationale.

Pour finir, je souhaite également mettre en avant la notion de sélectionneur national. Le but est d'avoir une personne capable d'analyser les performances de tous les athlètes au cœur de l'action, qu'ils soient pensionnaires d'un Pôle ou d'une structure autre comme Christo et Tomi Popov par exemple, et de constituer les différents collectifs France à partir de cette analyse. A terme, on doit avoir un sélectionneur pour les seniors, un autre pour le para-badminton et un dernier pour la catégorie U17-U19.

"Le planning de reprise devrait donc être le suivant : reprise pour les mineurs à partir du 19 mai, reprise pour tous les autres publics à partir du 9 juin."

Quelle analyse faites-vous de la situation actuelle avec de nombreux joueurs hors structure fédérale (Leverdez, Corvée, Claerbout, Popov, Hoyaux, Casier, ...) ? Quel est le rôle de la FFBaD vis-à-vis de ces joueurs ?

Dans un premier temps, et pour revenir à ce que j'évoquais tout à l'heure, j'ai besoin de comprendre et d'échanger avec eux pour savoir ce qui les a poussé à quitter les structures fédérales ou tout simplement à ne pas les intégrer. Mon regard extérieur doit me permettre de faire un état des lieux réaliste de la situation pour pousser tout le monde vers le haut afin d'accéder à la très haute performance. Selon moi, ce n'est pas dégradant et il ne faut pas voir d'un mauvais œil que certains athlètes préfèrent s'entraîner en dehors des structures fédérales. Au contraire, il faut s'appuyer sur toutes ces forces vives.

Ma principale interrogation concerne le manque d'opposition qui peut rapidement se faire ressentir. Au lieu de se faire concurrence on doit mutualiser nos forces et parvenir à hausser le niveau de nos athlètes pour performer à l'international. Réunir tous ces athlètes à certaines occasions permettra d'offrir une opposition différente à chacun et cela passera par une bonne cohabitation entre nos structures fédérales et les autres structures.

Il est certainement difficile de prendre un poste de DTN dans les conditions actuelles (Covid-19, fermeture des gymnases, ...), avez-vous un rôle à jouer pour la reprise ? Si oui, lequel ?

J'ai effectivement un rôle à jouer dans cette reprise puisque je suis l'interlocuteur privilégié entre le Ministère et la Fédération mais la plus grande partie du travail a déjà été effectué par le Président Yohan Penel. J'arrive au moment où nous commençons à voir le bout du tunnel et mon rôle va être de faire le lien avec le Ministère pour montrer qu'il est possible de pratiquer le badminton en toute sécurité, et ce le plus rapidement possible. Je profite également de cet échange avec vous pour réagir aux réactions sur les réseaux sociaux : la FFBaD n'a aucun intérêt à empêcher une reprise prochaine du badminton, elle fait partie des structures les plus impactées financièrement parlant et les différents acteurs (salariés, cadres techniques, élus, ...) font leur maximum pour une reprise rapide.

Ce n'est pas une tâche facile et ce n'est pas parce que j'arrive au poste de DTN que la Ministre va accepter, pour moi, d'ouvrir les gymnases. C'est un travail fourni par l'équipe en place depuis plusieurs mois maintenant pour justifier auprès du Ministère qu'une reprise du badminton était possible et qu'on pouvait garantir des conditions de jeu en adéquation avec les directives. Nous ne sommes pas la pire des activités, il n'y a pas de contact physique entre les joueurs, seul le volant pourrait poser problème mais nos protocoles doivent normalement limiter au maximum les risques.

Tous les joueurs de badminton français sont dans l'attente d'une reprise, avez-vous des informations concernant les différentes étapes de cette reprise ?

C'est assez compliqué d'annoncer précisément quel public pourra reprendre à tel moment. Parfois, les directives peuvent prêter à confusion entre le « sport en milieu fermé », les « salles de sport », les « gymnases », ... et il y a également la problématique du sport d'opposition. Nous sommes donc dans l'attente d'une confirmation ministérielle car nous ne souhaitons pas faire une mauvaise interprétation des communiqués énoncés par le gouvernement et être obligé de faire machine arrière par la suite. Le planning de reprise devrait donc être le suivant : reprise pour les mineurs à partir du 19 mai, reprise pour tous les autres publics à partir du 9 juin.

Cette reprise se fera avec un certain protocole à respecter, comme ce fut le cas lors des précédentes reprises post-confinement. Ce protocole est là pour protéger nos licenciés mais également pour montrer au Ministère qu'on est capable de gérer la reprise correctement, sérieusement.

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