FFBAD : Questions/Réponses avec Nathalie Huet pour Changement dR (2/2)

Publiée par Richard Catroux le mercredi 2 décembre 2020 à 17:30
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Crédit photo : Badmania.fr

A quelques jours de l'Assemblée Générale élective de la FFBaD, Nathalie Huet de la liste Changement d'R, Construistonbad répond à vos questions ! Interrogée par nos soins sans avoir pris connaissance des questions au préalable, la candidate à la présidence de notre Fédération répond sans détour sur des thématiques aussi variées qu'importantes. Retrouvez sans plus attendre la deuxième partie de notre entretien.

"Pour ma part, je continue de penser que c'était la meilleure solution"

Question 5 – Solène : Comment expliquer les nombreux départs de l'INSEP ?

Tout d'abord, il faut savoir que l'Agence Nationale du Sport (ANS) a un discours orienté vers la très haute performance et souhaite désormais soutenir des athlètes médaillables aux JOP de Paris 2024, que ce soit chez les valides ou les personnes en situation de handicap. Après de nombreuses études et en regardant ce qui se faisait à l'étranger, l'ANS a dévoilé son programme « Ambition bleues » et cette volonté de se concentrer sur un nombre réduit d'athlètes. C'est en partie pour cette raison que des joueuses ont quitté l'Insep récemment.

La seconde raison, c'est l'émergence de structures non fédérales mises en place au sein même des clubs. L'exemple le plus parlant, c'est bien évidemment celui des frères Popov (Toma Jr et Christo) dans le club de Fos. On se rend compte qu'il y a des clubs suffisamment forts pour accompagner des sportifs de haut-niveau au quotidien et notre liste veut continuer à aller dans cette orientation de différencier les parcours contrairement aux dernières années où la FFBaD ne voyait de parcours vers la haute performance en dehors de l'Insep.

A nous de les accompagner et de travailler avec eux pour créer un lien fort et pourquoi pas organiser des stages dans ces territoires. Je pense également que nos athlètes doivent être beaucoup plus impliqués dans le système fédéral et se rendre compte de ce que peut leur apporter la FFBaD, comme peuvent le faire certains athlètes para-bad en étant des ambassadeurs de la Fédération. Nous avons la chance de compter Ronan Labar sur notre liste et il s'est rendu compte au fil des semaines du vrai fonctionnement de la FFBaD et de ce qu'elle apportait réellement.


Question 6 – Pascal : La contribution de 2¤ par joueur et par tournoi était-elle la meilleure solution pour financer les nouveaux outils numériques ?

Il y a plusieurs solutions pour avoir des ressources supplémentaires dans une Fédération et jusqu'à présent, la Fédération ainsi que les Ligues et les Comités ont très largement cherché de nouvelles finances publiques. On doit également aller chercher du marketing et la FFBaD a rémunéré des personnes spécialisées dans le marketing pour gagner de nouveaux sponsors en France et à l'étranger mais jusqu'à présent les retombées ne sont pas à la hauteur des espérances. La situation actuelle (Covid-19) et l'organisation des JOP Paris 2024 ne va pas aider à développer de nouveaux partenariats marketing.

La troisième solution, c'était d'augmenter le prix de la licence pour tous pour pouvoir donner un vrai coup de boost à nos outils numériques, comme le souhaitait le président Florent Chayet. On a donc décidé de différencier le public loisirs du public compétiteurs puisque ces nouveaux outils sont développés en grande partie pour les compétiteurs. C'est l'Assemblée Générale qui avait fait le choix entre les options. En rentrant dans le détail des chiffres, on se rend compte qu'environ 55% des licenciés compétiteurs font entre un et trois tournois par an, soit 6¤ au total ce qui est une somme plutôt raisonnable. Même si les compétiteurs sont souvent les plus actifs au sein de la Fédération, ce sont aussi ceux qui exigent le plus de la Fédération.

Outre le site MyFFBaD, et la marketplace, cette contribution de 2¤ par joueur et par tournoi a également servi pour le développement d'un outil de gestion des compétitions qui sortira prochainement. Pour ma part, je continue de penser que c'était la meilleure solution puisqu'elle nous a permis de récolter plus de 400 000¤ l'année dernière, avec une augmentation de la participation aux compétitions. Il faut noter également que cette contribution n'impacte pas toutes les compétitions et tous les publics puisque les Jeunes ne sont par exemple pas concernés tout comme les compétitions organisées par les Comités et les Ligues.


"le Air Badminton ne remplacera jamais le badminton (en salle)"

Question 7 – Jérémy : Vous avez beaucoup oeuvré pour le développement du AirBadminton. Quelle place ferez-vous à cette pratique en cas d'élection ?

Il faut absolument que les gens comprennent que le Air Badminton ne remplacera jamais le badminton (en salle). C'est ce qu'on appelle une discipline associée qui présente plusieurs avantages et on a pu s'en rendre compte à la sortie du confinement au mois de mai puisque c'était la seule façon de pratiquer notre sport au début. Certains clubs n'ont pas pu ouvrir de l'été mais ils ont réussi à mettre en place des séances de Air Badminton pour faire jouer leurs licenciés même si cette pratique ne remplacera jamais le badminton en salle. Encore une fois, nous avons une grande majorité de licenciés qui ne pratiquent pas le badminton en compétition et qui ont pu retrouver par l'intermédiaire du Air Badminton le plaisir de se retrouver, la convivialité tout en se dépensant.

Le second avantage, c'est la visibilité qu'apporte une pratique en extérieur puisque rares sont les personnes à pousser la porte d'un gymnase pour voir ce qui se passe à l'intérieur et que le mot Badminton n'est que très rarement inscrit sur les infrastructures. Aujourd'hui, tout le monde sait ce qu'est le badminton mais une pratique en extérieur pourrait toucher un public plus large car à la vue d'une plus grande population, aux alentours des stades par exemple. Nous avons la chance de pratiquer un sport facile d'accès et ludique, à nous de donner de la visibilité par des animations comme ce fut le cas l'année dernière avec plus de 200 animations autour du badminton en extérieur pour attirer un public nouveau, notamment des jeunes issus des quartiers, …

On peut également ajouter que cela a permis de garantir à des municipalités qu'il était possible d'attirer de nouveaux pratiquants par le Air Badminton du gazon, sur du sable ou sur des dalles, tout en affirmant que le badminton ne se joue qu'en gymnase. A terme, peut-être que le badminton se pratiquera dans la cour de récréation comme nous avons pu jouer aux billes, au basket, … avec un espace spécifique et pourrait potentiellement nous permettre d'avoir des licenciés supplémentaires. Depuis maintenant trois jours, les mineurs peuvent reprendre le sport en extérieur donc profitons en pour refaire du badminton en extérieur et lorsqu'ils pourront retourner dans les gymnases le 15 décembre, ils seront en forme et prêt physiquement car ils auront eu une pratique sportive en extérieure.

Et mon dernier point à ce sujet concerne la BWF (Badminton World Federation) qui a des ambitions plus élevées puisqu'elle envisage d'en faire un sport compétitif avec un circuit de compétitions sur sable. Il reste encore quelques éléments à régler comme le volant spécifique par exemple qui n'est pas aussi solide qu'on pouvait l'espérer et peut-être pas assez résistant à certains vents. Mais on peut imaginer que le Air Badminton aura une trajectoire similaire au basket 3v3 auquel personne ne croyait à son lancement car on estimait que le basket était un sport d'intérieur, et pourtant cette variante du basket va faire son entrée aux Jeux Olympiques. Et pour finir, j'invite tout le monde à lire un article formidable qui sortira dans le prochain 100% Bad et qui traite de la mise en place du badminton en extérieur et qui a permis de faire évoluer les mentalités en Inde de façon incroyable.


"proposer une stratégie en adéquation avec les problèmes rencontrés"

Question 8 – Elsa, Bastien : Quels outils/solutions avons-nous pour redynamiser le badminton après cette année 2020 ?

Dès le lendemain de notre élection, nous mettrons en place une cellule de crise pour gérer en coordination avec les territoires cette crise sanitaire qui aidera à la constitution des dossiers d’aide et à centraliser tout ce qui est mis en place comme soutien sur le territoire avec des salariés de la FFBaD. Ce groupe travaillera en partenariat avec les Ligues, les CTN sur les territoires, les agents de développement pour faire remonter les besoins et pour accompagner les aides.

Ensuite, il faut savoir quel public on souhaite toucher et si l'ensemble des territoires ont été touchés de la même façon. Nous n'avons pas encore de statistiques mais Hélène Bussolino fait un gros travail actuellement sur cette problématique et c'est extrêmement compliqué puisqu'il faut prendre club par club tout en ayant les référentiels des années précédentes. En sachant que nous souhaitons également savoir si la chute du nombre de licenciés concerne principalement les enfants ou les adultes même si à priori on serait sur quelque chose d'équivalent. C'est une première étape importante d'avoir toutes ces statistiques en fonction des territoires.

Avec une reprise du badminton plutôt autour du 20 janvier, cela laissera à l'équipe un peu de temps pour analyser ces statistiques et pour proposer une stratégie en adéquation avec les problèmes rencontrés mais cela ne nous empêche pas de déjà réfléchir à plusieurs scénarios. Suite aux annonces du Président de la République et du Premier Ministre, je pense qu'il faudra aussi se tourner vers le sport scolaire puisque plusieurs dispositifs devraient être mis en place et que ce sont les premiers à pouvoir reprendre une activité sportive. Des dispositifs tels que les 30 minutes d'activité physique à l'école doivent nous permettre d'aller chercher ces jeunes qui manquent à nos clubs. C'est également l'occasion pour nos clubs employeurs de positionner les entraîneurs sur ces thématiques et d'animer des cycles dans les écoles.

Nous allons également avoir besoin de « gagner » les néo pratiquants que nous n'avons pas pu aller chercher lors des forums des associations de début de saison. Il faudra probablement mettre en place des campagnes de communication à destination de ces néo pratiquants. Ensuite, nous devons également agir pour nos licenciés actuels, nos bénévoles qui se sont un peu découragés avec cette seconde vague de la Covid-19 et les potentielles difficultés financières de nos structures.

Il va falloir leur proposer rapidement des compétitions, peut être des compétitions sur un format plus court, peut être des compétitions le soir et il va falloir également complètement modifier le format des interclubs. On a déjà perdu une moitié de saison, que ce soit pour les interclubs départementaux, régionaux et nationaux, il va y avoir une très forte réflexion pour ne pas faire une nouvelle saison blanche. Il va falloir être inventif à tous les niveaux : Comité, Ligue et Fédération et pas seulement avec les 22 élus, les salariés de la FFBaD et cadres de la DTN. C'est d'ailleurs pour cela que notre liste s'appelle Construistonbad pour que tout le monde puisse être à l'origine de cette reconstruction. On voit que nos clubs sont très inventifs et j'espère que nous allons tous ensemble redynamiser le badminton.

La page dédiée à la liste Changement d'R, Construis ton bad ICI

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