FFBAD : Questions/Réponses avec Yohan Penel pour TOUS Badminton (2/2)

Publiée par Richard Catroux le mercredi 18 novembre 2020 à 17:30
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Crédit photo : Badmania.fr

A quelques semaines de l'Assemblée Générale élective de la FFBaD, Yohan Penel de la liste TOUS Badminton répond à vos questions ! Interrogé par nos soins sans avoir pris connaissance des questions au préalable, le candidat à la présidence de notre Fédération répond sans détour sur des thématiques aussi variées qu'importantes. Retrouvez sans plus attendre la deuxième partie de notre entretien.

"développer des outils pour la vie sportive"

Question 6 – Valentin, Thomas, Patrick : La contribution de 2¤ par joueur et par tournoi est-elle reconduite ? Ou sera-t-elle supprimée ?

J'étais à titre personnel représentant de mon territoire sur l'Assemblée Générale de 2018 où cette contribution a été votée par les territoires. L'idée, c'était d'amener des ressources nouvelles à la Fédération et cette participation fédérale de 2 euros sur les compétitions privées adultes avait deux objectifs. Tout d’abord financer la performance pour Paris 2024. Si on n'est pas bons en termes de performance sportive, ça peut vouloir dire des ressources humaines et financières en moins par la suite.

Et puis, l'autre point, c'était de développer des outils pour la vie sportive (un nouveau logiciel de compétition, permettre les inscriptions aux compétitions en ligne, la prise de licence en ligne) et il semblait logique que ça soit la vie sportive qui le finance. Donc, il y avait tous ces projets numériques d'un côté, et puis le soutien à la performance de l'autre côté. Tout cela a un coût et l'idée, c'était de le faire financer par les compétiteurs.

L'idée est intéressante mais le problème, c'est de savoir comment on fait la pédagogie de cette initiative pour expliquer comment cet argent avait été utilisé, comment il avait été affecté. Pour la plupart des gens, le coût global sur l'année, ça représente entre 4 et 8 euros, puisque beaucoup de badistes font 2, 3 ou 4 tournois dans l'année. L'impact est surtout sur les joueurs qui participent à beaucoup de tournois dans l'année mais au final cette contribution finance des outils pour améliorer leur expérience de participants aux tournois.

Les licenciés ont une meilleure acceptation quand ils savent exactement pourquoi ils ont contribué. Donc on doit se poser les bonnes questions au sujet de ces 2 euros. Par exemple, un budget participatif pourrait être une solution et permettrait vraiment aux licenciés de choisir. Mettre en place peut-être un tableau de suivi qui permet à chacun de savoir concrètement, chaque année, comment a été exploité cette ressource. Tout dépend de l'avenir qu'on veut pour notre sport et donc comment chaque passionné de badminton contribue au développement de notre sport. Si on souhaite juste taper dans un volant, la Fédération n'a plus d'utilité car elle est là pour montrer tous les bienfaits du badminton, pour offrir les meilleures conditions de pratique aux badistes, donc accompagner les clubs dans leur structuration, dans leur communication institutionnelle. Et tout cela, ça demande des moyens. Le problème, c'est que l'on a péché par le passé dans l'illustration de l'utilité de la Fédération.


"il y a un sentiment de mal être qui ressort de cette étude"

Question 7 – Solène : Comment peut-on expliquer que certains de nos meilleurs joueurs et joueuses ont quitté l'INSEP ou ne se sont jamais entraînés là-bas ?

On a mené il y a six mois une grande enquête auprès des badistes de haut niveau, que ce soit des jeunes en parcours d'accession, des athlètes encore en exercice ou des badistes ayant arrêté leur carrière. Et globalement, il y a un sentiment de mal être qui ressort de cette étude parce qu'un parcours de haut niveau est extrêmement exigeant. On n'a jamais la garantie de devenir champion du Monde demain et il y a énormément de paramètres. L'objectif des sportifs de haut niveau c'est donc d'optimiser tous ces paramètres pour mettre toutes les chances de leur côté. Et évidemment, le bien-être et le confort sont des éléments importants. Certains n'ont pas le souhait de quitter leur structure club ou familial.

Et puis, il y a une question aussi de confiance envers la Fédération pour les amener vers le haut niveau. Si un athlète n'est pas bien dans sa tête, il ne peut pas performer sur le terrain, c'est impossible. Des sportifs ne vont pas accrocher à des méthodes d'entraînement et un nombre non négligeable de badistes ont quitté les structures fédérales pour un problème de compatibilité de personnes.

Donc notre objectif pour cette Olympiade, c'est de se dire que des badistes seront mieux dans leur structure, il faut l'accepter pour pouvoir soutenir ces structures en termes d'outils, de formation continue des techniciens, etc … On doit favoriser l'adversité parce qu'évidemment, sans adversité, c'est compliqué de s'améliorer.

Ensuite on a toujours nos structures fédérales et on doit améliorer l'attractivité de ces structures fédérales. Aujourd'hui, la grande force de l'INSEP, outre l'encadrement, c'est toute la partie médicale et le matériel qu'il peut y avoir sur place, l'environnement, les conditions de pratique. On a vraiment un bijou entre les mains. On doit se poser des questions collectivement sur notre organisation et toujours être dans le dialogue avec les badistes pour qu'ils se sentent en confiance avec nous et leurs interlocuteurs, qu'ils soient élus, salariés de la Fédération ou cadres d'État, et qu'on avance tous ensemble sur le chemin du haut niveau.

Il y a également une donnée sur laquelle nous n'avons plus la main, c'est la haute performance qui relève de l'ANS (Agence Nationale du Sport) et de son objectif des 80 médailles à Paris 2024. La FFBaD a donc reçu des directives très claires pour optimiser l'argent public et qu'on investisse sur les potentiels médaillables. Or, aujourd'hui, en équipe de France, on sait que tout le monde ne fera pas une médaille en 2024. D'un côté l’État souhaite optimiser son argent et d'un autre la Fédération doit investir sur ses fonds propres pour avoir une base de joueurs et joueuses suffisamment large pour alimenter la haute performance. On ne souhaite pas avoir un talent à un moment donné, tout faire pour ce talent et sacrifier la génération d'après.


Question 8 – Thierry : Pensez-vous que le mandat présidé par Florent Chayet a tenu ses promesses et ses engagements ?

Il y a une réponse courte et une réponse longue. La courte, c'est que Florent Chayet a été élu avec une liste qui, il l'avoue lui-même, n'avait pas de programme. Elle n'avait pas de vision pour le badminton mais juste trois points d'alerte sur le mandat qui s'achevait en 2016. Une alerte sur la gouvernance de la Fédération ou la manière dont sont prises les décisions, une alerte sur la transparence et une sur les ressources informatiques. Donc, évidemment, ce n'est pas avec ces trois points là qu'on fait un projet fédéral et il a fallu le construire à partir de fin 2016 dans une situation très compliquée pour le badminton français, avec une très grande instabilité. Treize personnes ont démissionné du conseil d'administration parce qu'elles n'avaient pas vocation à être ici. Ce qui fait que tout au long de l'olympiade, beaucoup de décisions ont été prises, mais on ne voit pas toujours la cohérence.

Sur notre page Facebook et sur tout le mois de novembre, on fait un inventaire du mandat qui vient de s'achever pour permettre à chacun de se faire sa propre idée. On est là pour donner toutes les clés de lecture pour voir quel est le projet qui va le mieux répondre aux enjeux des badistes. Cet inventaire montre qu'il y a eu beaucoup de choses de faites sur l'Olympiade, mais il manquait un cap, une vision claire sans oublier que la raison d'être de la Fédération, ce sont ses clubs affiliés.

Il faut donc être à l'écoute des attentes et de ça doivent découler les politiques fédérales, que ce soit vers le haut niveau, que ce soit vers le badminton pour tous, que ce soit sur les bienfaits de la pratique pour peser institutionnellement.

Aujourd'hui le sport n'est pas considéré comme un bien essentiel, mais c'est peut-être parce qu'on n'a pas réussi collectivement à démontrer qu'on était essentiel pour le bien-être des gens, pour l'équilibre des gens dans vie quotidienne, dans leur épanouissement, etc ...


"faire évoluer l'image de la Fédération dans la tête des joueurs"

Question 9 – Bastien : Que comptez-vous faire pour redynamiser le badminton après une année 2020 si particulière ?

Effectivement, l'année 2020 a été particulière et elle s'étale sur deux saisons avec des impacts qui sont totalement différents. Le premier confinement est arrivé sur une saison qui était déjà bien avancée. Les inscriptions étaient déjà largement faites et on finit la saison avec un nombre de licenciés très proche de la saison précédente. Le deuxième confinement arrive au pire moment, ce qui fait qu'aujourd'hui, on a un taux de remplissage qui est très faible. Il faut savoir que les problèmes rencontrés aujourd'hui ne sont pas nés avec la crise mais juste qu'ils s'amplifient avec la crise.

Ces problèmes sont clairs et la fidélisation en est un, en particulier la fidélisation des publics qui ne pratiquent pas la compétition. On considère qu'il y a sur les deux tiers des licenciés qui ne font pas de compétition une partie qui n'a pas trouvé le format de compétition qui leur correspond. Et puis une autre partie qui ne veut pas entendre parler de compétition, mais simplement d'avoir une pratique ludique qui leur donne envie de revenir d'une saison sur l'autre. Et on doit donc trouver des solutions pour fidéliser les licenciés, quelle que soit leur pratique, parce qu'aujourd'hui on fidélise beaucoup mieux les compétiteurs que les non compétiteurs. C'est en changeant ce discours qu'on souhaite vraiment arriver à faire évoluer l'image de la Fédération dans la tête des joueurs.

Le deuxième enjeu, c'est le projet club et de savoir comment un club de badminton peut se rendre indispensable aux yeux de sa mairie avec un vrai projet où tout le monde s'y retrouve et y adhère. Et pour cela, il faut réenchanter nos bénévoles. Aujourd'hui, il y a un risque fort que des bénévoles arrêtent parce que ce n'est pas drôle tous les jours de gérer un club où on ne peut plus pratiquer. On a juste les problèmes et on n'a pas les côtés positifs. Il y a un vrai travail de réenchantement de cette communauté là à travers notre « Junior Academy » sur la formation, à travers notre wiki qu'on veut mettre en place pour accompagner les premiers pas de tout nouveau dirigeant ou de tout nouveau salarié dans le badminton. Il y a toute cette dynamique positive où on veut mettre en avant les bienfaits du bénévolat plutôt que les inconvénients.

Le troisième enjeu, c'est de savoir comment financer les projets des clubs et il s'agit des différents modèles économiques. On n'a pas avancé sur le sujet depuis des années et on se retrouve avec des modèles économiques reposant en grande partie sur les cotisations. Sauf qu'avec des badistes qui se retrouvent dans des situations financières précaires, ils ne peuvent plus financer les projets de clubs comme avant. Il faut donc diversifier les ressources.

Et pour cela, on souhaite créer un groupe de travail immédiatement qui aura pour but de faire des préconisations d'ici la fin de l'année 2021 pour tous les clubs et de leur montrer que le badminton n'est pas simplement un produit de consommation. Nos ressources vont être limitées et elles vont s'adresser de plus en plus à des badistes qui ont les moyens. Le badminton c'est un des sports qui a le plus d'atouts en termes d'impact sur la société. C'est un diamant brut à exploiter et c'est là-dessus qu’on veut vraiment mettre le paquet en montrant qu'on est capable de s'adresser à des publics malades, aux écoles, à des personnes en situation de handicap. On peut s'adresser à tout le monde et c'est en montrant tous ces bienfaits qu'on arrivera à ancrer le badminton dans son paysage local.

Et le dernier point, ce sont les pratiques complémentaires comme le fit’minton®, le Air badminton qui vont toucher des publics différents et qui feront grossir les associations. Aujourd'hui, la moyenne des licenciés par club, c'est environ 95 licenciés. Ce n'est pas assez pour se professionnaliser et pour assumer toutes les missions d'un club. Il faut diversifier les activités pour diversifier les ressources.



La première partie de cet entretien ICI

La page dédiée à la liste TOUS Badminton ICI

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