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"les licences représentent plus de 50% des ressources de la Fédération"
Question 1 – Jo84 : Est-il envisageable de prévoir une cotisation des frais d'inscription inférieure pour la saison 2021-2022 étant donné que les gymnases sont régulièrement fermés à cause des différents confinements ?
Quand les adhérents payent leur cotisation au club, il y a une partie qui va au club, une autre partie qui va à la Fédération, puis une autre va aux Ligues et une dernière aux Comités. Et la distinction n'est pas toujours claire pour tout le monde donc j'imagine que par « cotisation », il s'agit en réalité de la licence. Ce sont donc des contributions à la réalisation d'un projet que peut avoir le club, le Comité, la Ligue et la Fédération et je pense qu'il y a deux éléments de réponse à cette volonté de baisse du coût de la licence. Le premier, c'est qu'il y a un problème d'acceptation de la licence parce que les gens ne voient pas comment est utilisé cet argent et à quoi il sert. Et l'autre élément de réponse, c'est effectivement la situation qui est inédite et catastrophique. Et donc, comment est-ce qu'on peut trouver des solutions ensemble pour répondre aux attentes ?Pour le premier point, la volonté de réduire les licences pour la saison prochaine ne répond pas forcément au problème de fidélisation. Les gens n'attendent pas forcément de l'argent en contrepartie mais ils attendent surtout de savoir à quoi correspond le paiement de la licence. Et c'est dans ce but que la Fédération doit apporter des éléments concrets pour rassurer les licenciés. Le deuxième élément de réponse, c'est évidemment une diminution du prix de la licence, ce qui est bien sûr envisageable. Il n'y a pas de question taboue mais ça veut dire que la Fédération aura moins de moyens, les Ligues et les Comités également. Il faut savoir que les licences, ça représente plus de 50% des ressources de la Fédération.
Donc, ça veut dire qu'on retire une grande partie des ressources et que derrière, on n'aura plus les moyens de mener nos actions en termes de ressources humaines et financières. Au final, cela veut dire que les licenciés auront encore moins l'impression que leur licence sert à quelque chose et ça devient un cercle vicieux. Il faut donc savoir si toutes les instances peuvent se permettre de réduire la part de la licence et je pense que la réponse n'est pas forcément positive partout. On le découvrira quand on aura tous les éléments financiers dans les mois à venir.
Question 2 – Benoît : Votre programme n'aborde pas le thème des vétérans. Avez-vous des axes de travail à ce sujet ?
C'est un des premiers thèmes qu'on a traités avec une semaine thématique sur notre page Facebook sur l'offre de pratique vétérans que vous pouvez encore consulter. Sur la pratique Vétérans, l'un des axes de travail, ce sont les interclubs vétérans, une compétition qui est très appréciée, mais qui est très disparate sur l'ensemble du territoire. Donc, notre but, c'est de permettre sa généralisation quand il y a une densité évidemment suffisante de joueurs en montrant quels sont tous les formats possibles parce qu'il n'y a quasiment pas deux interclubs départementaux qui ont le même règlement actuellement. Et puis, c'est de favoriser par la suite au maximum les interclubs vétérans à l'échelon régional car ça n'existe quasiment pas en France aujourd'hui. On souhaite vraiment refaire des interclubs vétérans une vraie compétition pour fidéliser ces publics-là.Le deuxième axe de travail, ce sont les Championnats de France Vétérans qui est une grande fête et l'une des plus grosses compétitions en France avec plus de 800 participants sur certaines éditions. C'est une très grosse organisation et il faut s'assurer qu'à l'avenir, il y aura toujours des organisateurs pour ce championnat. Mais également faire en sorte que ça reste une fête où il y a des vrais temps d'échanges, des vrais temps de retrouvailles et pas juste un temps de compétition.
Le troisième axe, c'est de proposer des animations qui permettent de fidéliser quel que soit l'âge. On le voit avec notre président actuel qui a 74 ans et qui continue de pratiquer. Et ça doit servir d'exemple pour que l'on pratique le badminton tout au long de la vie. Donc ça rejoint les grands axes de notre programme qui est toujours de se poser la question : quelles sont les attentes des badistes français ? Et toutes les politiques fédérales doivent découler de ça. Et les attentes ne seront pas les mêmes selon que l'on souhaite s'orienter vers un parcours de haut niveau, ou simplement s'amuser et se détendre, partager des moments agréables dans le club, participer à des actions autour de l'éducation, etc... Chacun a ses aspirations et nous, notre but, c'est d'être au plus près de la réalité des attentes.
"faire émerger la future génération d'acteurs engagés"
Question 3 – Erwan : Vous faîtes souvent référence à la science comme d'un levier pour la performance. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Étant moi-même chercheur, c'est effectivement un sujet qui me tient à c½ur. Si on prend l'exemple des Britanniques qui ont accueilli les Jeux en 2012 à Londres, ils ont vraiment enclenché ça, c'est à dire un partenariat fort entre les laboratoires de recherche et les Fédérations pour améliorer la performance. Il peut s'agir d'amélioration technique sur le matériel, par exemple sur les raquettes. Ça peut également être le cas sur la gestion de l'effort, en connaissant mieux la physiologie, les besoins du corps, etc … Il y a des travaux qui sont menés aujourd'hui, mais qui sont ponctuels et pas dans le cadre d'une vision stratégique.L'objectif aux yeux de l’État, c'est Paris 2024. Il faut qu'on se donne tous les moyens de réussir ces Jeux d'un point de vue de la réussite sportive. Et donc, pour ça, il y a des laboratoires de recherche, il y en a à l’INSEP, mais il y en a aussi dans plein d'universités qui pourraient apporter des contributions concrètes pour améliorer l'entraînement, pour améliorer la gestion de match. Et la science n'est pas forcément que la mécanique ou la physiologie, etc. Ça peut aussi être la psychologie. Le haut niveau, c'est beaucoup de paramètres et il faut qu'on mette toutes les chances de notre côté pour y arriver. Donc, il y a des programmes de recherche qui sont lancés et financés par l'État aujourd'hui dans le cadre de Paris 2024. Il y a des Fédérations impliquées et il faut que la nôtre y aille aussi.
Question 4 – Thibaud : Les coûts de fonctionnement de votre « Junior Academy » seront-ils pris en charge par la FFBaD ?
Le but, c'est de faire émerger la future génération d'acteurs engagés et donc je ne suis pas sûr que commencer par les faire payer soit le bon levier. Évidemment, il y a toujours l'amorçage qui est difficile et il faudra un effort de la Fédération sur le sujet. En allant capter des fonds qui ne sont pas forcément des fonds dédiés au sport car c'est vraiment de l'engagement citoyen. Il y a des appels à projets qui sont dédiés à ce type d'action dans le monde associatif de manière générale.La « Junior Academy » a deux axes. Le premier, c'est la formation. C'est à dire comprendre les enjeux, connaître les outils à disposition, etc. Et le deuxième axe, c'est l'application. Les jeunes que l'on va former pendant un an, derrière, le but, c'est qu'ils aillent faire des missions d'accompagnement sur des clubs, des Comités ou des Ligues. Et là, ce sont les clubs, les Comités et les Ligues qui financeront l'action.
Prenons le cas concret d'un club qui n'a pas les ressources humaines suffisantes pour lancer un projet de développement qui correspond à la philosophie du club. La Fédération mettra à disposition des jeunes qui ont été formés dans la « Junior Academy » pour les accompagner et pour enclencher le projet.
"Il faut faire du badminton une vraie communauté"
Question 5 – Chloé : La communication externe de la FFBaD n'a jamais été un point fort. Que faire pour l'améliorer et rendre le badminton plus visible en France ?
La communication est évidemment un élément clé qui répond à plusieurs enjeux. On a besoin de communiquer pour en premier lieu diffuser l'image et la culture du badminton. Et c'est un axe majeur de notre programme. Il faut vraiment faire du badminton une vraie communauté et pour ça, on a besoin de connaître notre sport, on a besoin d'en faire un vrai « produit marketing », mais aussi d'un lieu d'épanouissement et réussir à toucher la fibre de chacun. On doit diversifier notre communication pour arriver à toucher la fibre spécifique de chaque personne.Le deuxième enjeu, c'est la question du poids dans le paysage institutionnel en France. Aujourd'hui, les disciplines sportives entre elles se livrent à une compétition pour aller capter des fonds et des ressources humaines. Donc il faut montrer que le badminton est une discipline qui répond à plein d'enjeux de la société et qui peut vraiment changer des vies, créer des vrais parcours épanouissants. Et maintenant, comment on y arrive et quels leviers activer ? Le premier, c'est de dire qu'on avait la saison dernière 190.000 licenciés qui, potentiellement, pouvaient apporter des idées parce qu'elles avaient leur vision, leur passion et leurs compétences. Globalement, le constat qu'on fait, c'est qu'on ne met pas assez à contribution la richesse de notre communauté.
Les premiers porte-parole de notre sport, ce sont les badistes eux-mêmes. Il y a un vrai travail là-dessus pour arriver à activer toute cette richesse. Le deuxième, c'est l'esprit d'appartenance, et pour ça, il faut que les gens se sentent associés à la Fédération. Aujourd'hui, les décisions sont prises à la Fédération et elles ne sont pas toujours comprises sur le terrain parce qu'on n'explique pas toujours les enjeux, les raisons de ces décisions et toutes les conséquences que ça peut avoir. Associer les licenciés à travers une vraie gouvernance partagée, c'est un levier pour développer l'esprit d'appartenance. Elle va passer par chaque badiste à son échelle.
Il y a aussi le site Internet de la Fédération qui, je crois, fait quasiment l'unanimité contre lui. Il y a tout dessus mais le problème c'est qu'on ne trouve pas toujours ce qu'on veut. Aujourd'hui, les sites Internet ne sont plus toujours la référence pour trouver de l'information mais il faut qu'on en ait un qui soit modulable, comme l'est MyFFBaD en fonction du badiste qui vient sur ce site : plus institutionnel, plus passionné, plus professionnel, etc ... Le site Internet, ça doit être notre figure de proue et évidemment, il faut le remettre sur pieds. Et puis, il y a MyFFBaD qui correspond à l'espace licencié.
C'était une excellente idée mais qui pour l'instant n'a pas la réussite escomptée. Les licenciés ne retrouvent pas forcément le contenu qu'ils cherchent. Le but, c'est d'individualiser au maximum le contenu et pour ça, il faut qu'il soit alimenté par tous les secteurs de la Fédération, mais aussi par les Ligues et les Comités qui peuvent avoir une communication et des éléments spécifiques à diffuser aux licenciés.
Retrouvez la seconde partie de cet entretien avec Yohan Penel demain à 17h30.
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