FFBAD : Interview - Yohan Penel pour TOUS Badminton

Publiée par Richard Catroux le mardi 27 octobre 2020 à 17:30
Interview_Tous-Badminton
Crédit photo : Badmania.fr

Interrogé par notre équipe, Yohan Penel, tête de liste de TOUS Badminton, nous livre ses impressions et ses ambitions sur des sujets très variés ! Haut-niveau, refonte du classement, développement durable ou encore outils informatiques, retrouvez son interview grand format !

"La jeunesse de la liste ne signifie pas que nous n’avons pas d’expérience"

Pouvez-vous vous présenter brièvement ainsi que votre liste ?

L’équipe qui se présente aux élections s’est constituée au fil des mois autour des valeurs et de la vision décrite dans le manifeste de TOUS Badminton ! C’est un collectif complémentaire en matière d’expertise, de territoires et de parcours. Nous sommes tou·te·s animés par la même passion et l’envie de soutenir la communauté face à la crise tout en continuant de développer le badminton.

Pour ma part, je m’appelle Yohan Penel. J’ai 36 ans et suis engagé bénévolement dans le badminton depuis 15 ans, dans tous les clubs où je suis passé, pour redonner au bad tout ce qu’il m’a apporté.

Je suis actuellement président du club de Villejuif (94) et responsable d’une commission à la FFBaD, après avoir été dirigeant de comité et de ligue. Professionnellement, je suis chercheur en mathématiques.


Votre liste TOUS Badminton est très jeune (40 ans de moyenne d'âge), n'avez-vous pas peur de manquer d'expérience ?

C’est au contraire notre force. Des énergies nouvelles et des regards novateurs pour incarner le changement. La jeunesse de la liste ne signifie pas que nous n’avons pas d’expérience. Je n’ai que 36 ans et j’ai été investi à tous les échelons du badminton français. Nous sommes 19 femmes et hommes, de tous les âges (on couvre 5 décennies) : ce sont autant de parcours bénévoles et professionnels riches qui font la qualité du projet que nous portons.

Nous sommes beaucoup d’acteurs et d’actrices de terrain, confrontés aux freins et aux menaces qui pèsent sur le badminton fédéré : les fermetures actuelles de gymnases, les emplois en suspens, le comportement de certain·e·s badistes, les dynamiques sociales en interne, … Nous réaffirmons la raison d’être de la FFBaD : soutenir ses clubs affiliés. Nous aurons donc pour mission de répondre aux attentes du terrain.


Avec les Jeux Olympiques de Paris 2024 en ligne de mire, comment faire pour être performant sur ce genre de compétition tout en restant un sport accessible par et pour tous ?

Il faut une élite performante et une base épanouie. Nous n’opposons pas la performance sportive et la performance sociale : elles se nourrissent mutuellement et sont les 2 piliers de notre projet (et de la mission de service public de la FFBaD). Paris 2024 est l’exemple typique : c’est à la fois le point d’orgue de la carrière des badistes de haut-niveau et un levier pour diffuser la culture du bad, améliorer son attractivité et fidéliser les pratiquant·e·s.

Le plan d’animation territorial débutera dès 2021, autour des Jeux de Tokyo (avec l’arrivée du parabad), de l’olympiade culturelle, des Gymnasiades 2022, des valeurs de l’olympisme, … Nous coordonnerons des événements à travers la France pour diffuser l’image et la culture du badminton.

La performance passe également par l’apport de la science (partenariats avec des laboratoires de recherche, constitution d’un comité scientifique), par la question des conditions de pratique et de vie au quotidien des badistes de haut-niveau (réflexion sur le statut de ces badistes). Ce sont des êtres humains et nous devons en prendre soin.


"Une autre réforme (du classement, ndlr) est dans les tuyaux"

Comment faire progresser le haut niveau sans peser sur le pratiquant amateur et les clubs ?

Nous rentrons dans une période où les budgets vont être très contraints. Il y a des directives claires de la part de l’ANS quant à la gestion de la haute performance, avec un fléchage précis des fonds publics. Cela va donc nécessiter d’optimiser la dépense, de répartir selon les priorités et de s’orienter vers de nouvelles ressources. Le futur groupe de travail sur les nouvelles économies du bad fera des propositions dès 2022. Cela passe en particulier par des appels à projet, dont certains en-dehors du champ du sport, basé sur l’impact sociétal des pratiques.

La progression du haut-niveau passe inévitablement par le fait de mieux travailler ensemble : un langage commun, de nouvelles synergies entre les nombreux acteurs de la performance (académies de club et pôles) et enfin une mutualisation des ressources entre les pôles pour favoriser l’émulation et le partage de connaissances.


Le classement individuel change très régulièrement, quel est votre point de vue sur le futur de ce classement ?

Le critère indispensable à un bon classement est d’assurer l’homogénéité de niveau dans une compétition. Cela nécessite de la réactivité pour être au plus proche de la forme du moment. Cela doit donc être un outil pour les organisateurs de compétition pour la constitution des tableaux. Aujourd’hui, on a un classement, une cote et un rang. C’est un élément de trop. La cote doit devenir la référence pour les tournois.

Il y a eu une réforme en septembre 2015 et depuis des correctifs pour améliorer le système. Le dernier en date a beaucoup perturbé la communauté par un problème de communication, une temporalité maladroite et des soucis informatiques. Une autre réforme est dans les tuyaux. Il faut qu’on étudie sa pertinence et ensuite, on lui laissera le temps de faire ses preuves.


Le développement durable, de par votre poste actuel et des enjeux qu'il représente, sera-t-il au c½ur de votre mandat présidentiel ?

L’un des points sur lesquels l’équipe s’est retrouvée est la question du sens. « Pourquoi jouons-nous au badminton ? » doit guider notre réflexion et donc les politiques fédérales. S’intéresser aux aspirations des badistes dans leur diversité est le meilleur moyen de les impliquer. De même que la convention citoyenne et le secteur « culture du bad » que nous créerons.

L’autre enjeu fondamental est d’accroître l’impact sociétal du badminton en mettant en avant ses bienfaits sur les différents publics. Pour assurer l’avenir des clubs, nous pensons qu’ils doivent devenir des acteurs incontournables de leur territoire en touchant plus de publics, dans ou en-dehors des gymnases. Le badminton a des atouts formidables pour cela.

Ce badminton responsable centré sur la notion « d’impact » est une philosophie globale qui s’appuie sur les questions sociales, écologiques et économiques. Par exemple, nous nous engageons à soutenir la création de filières de recyclage de chaque matériel (comme les volants). Les profils au sein de l’équipe témoignent de notre compétence et de notre engagement en la matière.


"Il était indispensable d’étoffer les outils numériques de la FFBaD"

Quel sera le fonctionnement et l'objectif de la "Junior Academy" dont vous faîtes mention dans votre lettre ouverte ?

Il y a plusieurs constats : des dirigeants désenchantés qui font face à des responsabilités accrues et des comportements compliqués de la part des adhérents ; des difficultés à mobiliser les bénévoles ; une sous-représentation des femmes.

Notre but est donc de former la future génération d’acteurs engagés en leur donnant tous les éléments de lecture du contexte institutionnel du sport en France et favoriser leur créativité. Il y aura chaque saison une promotion paritaire de jeunes de 16 à 25 ans qui suivront un parcours d’un an.

Pour parfaire leur formation, ils seront amenés à effectuer des missions d’accompagnement dans les clubs ou les comités sur des projets de développement.


Plusieurs outils informatiques ont été mis en place par la FFBaD (MyFFBaD, IcBaD, ...) et financés par les célèbres "2¤ par tournoi" pour aider les dirigeants et les clubs. Comment voyez-vous l'avenir de ces différents outils ?

Il était indispensable d’étoffer les outils numériques de la FFBaD pour faciliter la gestion des associations et la communication vers les licencié·e·s. MyFFBaD était une excellente idée mais elle n’a pas trouvé son public. Il faudra donc repenser son contenu pour attirer et fidéliser.

D’autres outils ont été lancés en toute fin de mandat ce qui ne permet pas d’avoir du recul sur leur qualité et leur utilité, d’autant que le choix a été fait de repartir de 0 en dépit de solutions éprouvées sur le marché.

L’outil de prise de licence en ligne est une vraie plus-value pour les dirigeants de club. En revanche, ICbad a fait l’objet de très nombreuses critiques lors de son lancement, avec un déficit de fonctionnalités. Quant au logiciel de compétition, la présentation a été convaincante.

Donc globalement, un audit de tous ces outils est indispensable pour s’appuyer sur une stratégie numérique à fort impact (notamment en matière de fidélisation). Dans l’équipe, plusieurs talents, issus du monde des start-ups, sauront guider cette réflexion.


Si la crise sanitaire venait à se prolonger pour de longs mois, quel serait votre ligne directrice ?

La première chose est de continuer à informer les clubs, comités et ligues sur les différents dispositifs d’aide. De leur proposer des idées d’animations pour garder le contact avec leurs adhérent·e·s. Pour profiter de ce deuxième temps de pause pour alimenter la réflexion sur le projet associatif, les actions possibles avec les acteurs locaux, pour questionner leur modèle économique.

Sur le champ sportif, il faudra faire évoluer les règlements pour faciliter la prise de décision si les championnats ne vont pas à leur terme. Dès que la reprise sera possible, il faudra assouplir ces mêmes règlements pour que les rencontres puissent se tenir en-dehors des dispositions habituelles.

En parallèle, nous continuerons l’action de plaidoyer auprès des pouvoirs publics et leur mise en confiance (avec l’ensemble du monde du sport) afin de mettre en lumière le caractère indispensable de la pratique associative en matière de santé physique et mentale. Les protocoles sont faits pour limiter les risques.


Un petit mot pour finir ?

Nous avons une pensée pour tou·te·s les bénévoles et professionnel·le·s du bad qui subissent la crise. Il leur est difficile de s’intéresser aux élections fédérales, d’autant que la FFBaD leur paraît souvent très éloignée de leurs préoccupations.

Pourtant, la FFBaD, c’est l’affaire de tou·te·s. Ce sera l’un des enjeux majeurs de l’olympiade à venir : faire communauté, nous retrouver autour de la passion du jeu et co-construire ce badminton de demain dont nous rêvons !

La page dédiée à la liste TOUS Badminton ICI

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