Crédit photo : Eurosport Player

Long, frustrant, et laborieux: En souffrant mille maux avant d'arracher ses premiers huitièmes de finale de championnats du monde de badminton au vaillant croate Zvonimir Durkinjak (16-21, 21-19, 22-20), Brice Leverdez a fait endurer à ses supporters le combat qu'il livrait sur le court. Face à un adversaire qui n'a rien lâché d'abord, mais aussi face à lui-même.

À deux doigts de tomber le piège

Il suffisait de lire les nombreux commentaires sur les réseaux sociaux en réaction à l'exploit du numéro 1 français face à Lee Chong Wei pour le comprendre: malgré la qualité de jeu montrée hier, rien ne garantissait la victoire au Cristolien aujourd'hui dans un match paradoxalement bien plus à sa portée. Il faut dire que chat échaudé craint l'eau froide: souvent brillant face au top 10 mondial, Brice Leverdez a aussi su se montrer particulièrement friable face aux adversaires contre lesquels il devait s'imposer sans sourciller.

Un constat qui se ressent dans l'attitude d'abord. Plus volontiers chasseur que proie, le Français a semblé être crispé par sa posture de favori. Les sourires ont laissé place à la mine contrariée, la positive attitude à l'angoisse. Face à un ancien spécialiste de double agressif et opportuniste, Leverdez a soufflé le chaud et le froid, les points autoritaires succédant à la confusion tactique et à des points trop facilement donnés au Croate.

Sur une compétition aussi disputée qu'un mondial, la sentence est implacable: victime d'un trou d'air après la pause, Leverdez lâche le premier set. Au dessus dans le second, lui faudra attendre un 20-19 oppressant pour arracher in-extremis la manche décisive.

Un set au cours duquel à nouveau Leverdez n'impose qu'une domination partielle à un adversaire jouant tous les coups à fond, serrant le poing après chaque unité grappillée à son compteur. Malgré l'agacement manifeste, et la difficulté à trouver le bon rythme, le Français mènera la danse jusqu'au bout. Ou presque !

Mais si son jeu ne semble pas taillé pour les matchs de seconde zone, le mental de Brice Leverdez ne lui a nouveau pas fait défaut. Après un smash qui vient mourir près de la ligne de couloir à 20-19, le Français ne flanche pas. Il parvient à garder le cap pour arracher son ticket d'un smash autoritaire, puis en poussant Durkinjak à la faute.

Voilà le tricolore parmi les 16 meilleurs mondiaux, avec un match davantage à sa mesure demain: Tian Houwei (10), lieutenant en chef de l'armada chinoise, et adversaire contre qui Leverdez pourra retrouver le costume d'outsider qui lui sied tant. C'est dans cette position qu'en début d'année, le Français avait déjà battu le numéro 3 chinois au Malaysia Open.

Désormais seul en piste

C'est logiquement seul que Leverdez poursuivra sa route à Glasgow à partir de demain. Car côté français, aucun des pensionnaires de l'INSEP n'aura pu accompagner le taulier de 31 ans dans sa course vers les étoiles.

Mention spéciale tout de même à Émilie Lefel et Anne Tran, qui auront fait jeu égal un set et demi avec les Danoises Fruergaard/Thygesen. Mais la marche était encore un peu trop haute pour les championnes de France, finalement dominées par les têtes de série 15 (19-21, 21-14, 21-11).

L'espoir, Lucas Corvée y aura goûté très brièvement face à Srikanth Kidambi, l'un des épouvantails du simple hommes après son doublé Indonésie - Australie lors de la quinzaine Super Series de Juin. Revenu à 15-15 au second set, le double champion de France n'a finalement pas pu poursuivre l'embellie et s'incline 21-9, 21-17.

Scénario similaire pour Kersaudy/Maio face aux Danois Christiansen/Daugaard (16). D'abord intimidés, les Français ne se sont lâchés que trop tardivement pour inquiéter la paire qui monte côté scandinave (21-8, 21-17). Pour le double dames Baumann/Fontaine, la tâche était tout simplement insurmontable face aux Japonaises Tanaka/Yonemoto (7 - 21-9, 21-8).

Crédit photo : Li-Ning international

Les autres résultats: Lin Dan s'est employé, le double hommes a souffert

Dans le reste de l'actualité à l'Emirates Arena, Lin Dan a comme attendu souffert pour se départir du Danois Emil Holst, 39ème mondial. Qui sème le vent récolte la tempête dit l'adage. Et en concédant au jeune scandinave une victoire relativement peu disputée en Mars dernier lors du German GP, Super Dan a offert l'espoir nécessaire à son adversaire du jour pour venir le chatouiller lors d'échéances plus importantes.

Plus solide athlétiquement malgré ses 33 ans, Lin Dan aura du attendre patiemment pour récolter les fruits de son labeur physique. Frais à défaut d'être brillant, le quintuple vainqueur de l'épreuve s'en sort 19-21, 21-8, 21-16.

Seul lot de consolation: son potentiel adversaire des quarts de finale Shi Yuqi n'a guère fait mieux en concédant un set au jeune brésilien Ygor Coelho. Chen Long lui, n'a pas fait dans la demi-mesure face à l'ancien top 5 mondial Sony Dwi Kunçoro, broyé en 44 minutes (21-13, 21-9). Axelsen s'est lui rassuré, mais son compatriote Anders Antonsen lui a volé la vedette en réussissant un match plein face à Tommy Sugiarto (21-15, 21-9). Les deux scandinaves affronteront respectivement Ng Ka long et Srikanth Kidambi.

Pour des surprises, ne cherchez pas du côté du simple dames ou seule Sayaka Sato (10) a chuté face à une Mia Blichfeldt héroïque. En revanche, le double hommes a concédé un lourd tribu à la session de mercredi. Ahsan/Saputro ont délogé dès le premier tour les têtes de série 1 Li/Liu au terme d'un match sublime (19-21,21-18, 21-18), tandis que la jeune garde coréenne Chung/Kim a rappelé tout le savoir-faire du pays du matin calme en écartant les vice-champions olympiques Goh/Tan dès le premier tour (21-18, 21-16).

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