MONDIAUX 2017 : Le championnat français en force à Glasgow

Publiée par Sylvain Nalet le vendredi 18 août 2017 à 12:00
Rajiv Ouseph
Crédit photo : Badmania.fr

Un cran en retrait vis-à-vis des très grandes stars de la discipline, ces mondiaux 2017 de badminton offriront également l’opportunité de suivre des le parcours de badistes à la saveur particulière pour le public français. Pour certains récents médaillés des championnats d’Europe, voire flirtant avec le top 10 mondial, ils foulent ou ont foulé les parquets et tapis des Interclubs Nationaux tricolores, voire s’y apprêtent dès la prochaine saison. Tour d'horizon de ses pensionnaires de clubs tricolores qui animeront les espoirs continentaux à l'Emirates Arena.

Rajiv Ouseph (CB Aulnay-sous-Bois)

A l’aube de son 31ème anniversaire, ultra-dominateur sur la scène anglaise avec ses huit titres nationaux, quart de finaliste à Rio, couronné champion d’Europe 2017, le très flegmatique Londonien représente la bonne pioche de l’équipe d’Aulnay-sous-Bois en simple hommes pour la saison prochaine. Et un atout de choix pour nourrir chez le club francilien l’ambition de retrouver rapidement les sommets du top 12, après avoir manqué le rendez-vous de la finale d’un cheveu face à Issy lors des Play-offs du printemps dernier.

Arrivé à maturité après avoir navigué aux portes du top 10 mondial depuis le début de la décennie, et les avoir franchies en Septembre dernier sur quelques semaines, ce grand gabarit aux longs compas présente un style de jeu peu académique conforté par son impressionnante envergure. De retour de blessure avant le All England, Rajiv Ouseph pointe aujourd’hui à la 20ème place mondiale et reste fidèle à sa modestie en affichant objectif mesuré chez son voisin écossais : donner le meilleur de lui-même.

Avec l’élan de sa médaille d’or européenne et un statut de tête de série (n°16) lors de ces Mondiaux, évoluant quasiment à domicile mais sans la pression qui l’a inhibé lors des JO de Londres 2012, le Britannique devrait logiquement tracer sa route jusqu’en huitièmes, où l’attendrait l’inoxydable Lin Dan.

Marcus Ellis et Chris Langridge
Crédit photo : Badmania.fr

Marcus Ellis (ASPTT Strasbourg) et Chris Langridge (BC Arras)

Deux héros de sa majesté des JO Rio en Top 12 l’année prochaine,What else ? Soudés à jamais par leur aventure brésilienne, et pourtant bientôt farouches rivaux en sur le circuit interclubs hexagonal: en 2017-18, c’est le destin qui attend Marcus Ellis, en route pour Strasbourg la saison prochaine, et Chris Langridge, futur pensionnaire du promu Arras.

Et pourtant, les deux compères leaders du double messieurs britannique ont affolé les compteurs des bookmakers l’été dernier : arrivés à Rio 22èmes mondiaux, Marcus Ellis et Chris Langridge en repartiront médaille de bronze autour du cou, défiant tous les pronostics. Un victoire en 3 sets épiques en poule face à leurs victimes favorites Kim/Kim, la transformation en quarts contre Endo/Hayakawa, et le coup de grâce dans la petite finale dans leur duel contre Chai/Hong leur ouvrent les portes du Hall of Fame de la fédération anglaise : ce sont les troisièmes médaillés olympiques du sa majesté, 12 ans après l’argent de Robertson/Emms en mixte à Athènes, et les premiers en double hommes.

Leur recette lors du tournoi olympique ? Une faim de victoire plus dévorante que celle de leurs concurrents, et l’application méthodique d’une règle simple et universelle: rester concentré sur leur jeu quelque soit leur adversaire, et s’éviter ainsi le fardeau de la pression pour conserver un moral conquérant et opportuniste. Malgré leur nouveau statut olympique, les deux partenaires gardent les pieds sur terre, leur trajectoire brésilienne a bien modifié la perception de leur dangerosité aux yeux de leurs adversaires, mais pas leur état d’esprit.

S’ils ont mis à du temps à réaliser leur exploit, puis à redescendre de leur nuage, les bronzés de Rio ont également mis à profit une période de répit personnel avant d’aborder une intense préparation à l’aventure écossaise, avec un mariage pour Ellis, et l’arrivée de jumelles pour Langridge. Le tout sur fond de coupure totale des financements de Badminton England par UK Sport, ajoutant un surplus de pression non nécessaire sur les épaules des badistes d'outre-manche.

Têtes de série n°14, il leur faudra entrer dans le dur dès les huitièmes avec un combat face à Goh/Tan, leurs co-locataires argentés du podium olympique.

Kirsty G.
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Kirsty Gilmour (BC Chambly)

La locale de l’étape des Mondiaux serait-elle l’un des symboles sportifs de l’amitié franco-écossaise ? Arrivée à Chambly à 19 ans en tant que future grande du badminton européen, Kirsty Gilmour reste fidèle à l’élite du circuit français depuis 2012, et sera rejointe par sa compatriote médaillée des Mondiaux 2011, Imogen Bankier. Tenant ses promesses, la joueuse au Jump smash caractéristique a culminé à la 14ème place mondiale en 2016, et a conservé ces années durant son statut d’épouvantail en Top 12, pour la plus grande joie du club picard.

Absente des terrains, dont les interclubs la saison dernière après les jeux de Rio suite à une opération du genou, Kirsty Gilmour chute au classement, et cravache à son retour en début d’année 2017 pour retrouver son meilleur niveau, concrétisé avec les titres de l’Austrian Open et de l’Orléans International. Et pour bonus, comme en 2016, sa place de dauphine sur le toit de l’Europe, dans l’ombre de Carolina Marin.

La dynamique de sa tournée d’été en Amérique du nord (finaliste au Canada et demie à l’US Open) lui permet de rafler in extremis et contre toute attente le rang de tête de série n°16, garantie d’un bye au premier tour et d’une adversaire à sa portée au deuxième, avant le saut d’obstacles chinois : He Binjao en huitièmes, Sun Yu en quarts …

Mais pas de doute, la perspective d’en découdre lors de cet événement mondial, dans sa ville, son univers, résonne comme l’écho du bonheur pour l’Ecossaise. Tout comme retrouver un des meilleurs souvenirs de sa carrière: ressentir les ondes positives, et la clameur, des milliers de supporteurs écossais lors des Commonwealth Games de 2014 dans cette même Emirates Arena - édifiée pour l’occasion -, que la joueuse a rendu à son public par une place en finale.

Beatriz C.
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Beatriz Corrales (BC Chambly)

Doublure de luxe en l’absence de Gilmour sur le simple dame n°1, la Madrilène Beatriz Corrales a également posé ses valises à Chambly en 2012, illustrant alors la politique ambitieuse du club : atteindre le sommet du championnat français, et à terme celui de l’Europe, grâce à un recrutement musclé, et notamment de joueurs étrangers de classe européenne, voire mondiale. Objectif réussi en 2017 avec le quatrième titre consécutif de club champion de France, et le deuxième de vice-champion d’Europe.

Un succès auquel l’Espagnole a contribué, en demeurant invaincue en simple dans le championnat français depuis 2015, elle qui frappe désormais aux portes du top 20 mondial.

Son ascension au classement n’est cependant pas un long fleuve tranquille. Paradoxalement, dès 2015, le succès éblouissant de sa compatriote devenue superstar, Carolina Marin, va la desservir indirectement. La championne du monde mobilise l’attention et les moyens de l’encadrement technique de la fédération espagnole en vue des Mondiaux, puis des JO de Rio, au détriment des autres joueurs. Jugeant que ses conditions d’entraînement, notamment, ne lui permettent plus de progresser selon ses plans.

Beatriz a du caractère, elle le montre sur les terrains mais également en dehors, comme en témoigne ses engagements pour la cause féminine, son rôle leader dans le développement de la pratique féminine en Espagne, et plus généralement ses prises de position féministes, en faveur de la cause LGBT et de la lutte contre l’homophobie.

Mais sa décision est réfléchie : avec la bénédiction de sa fédération avec laquelle elle reste en contact, elle quitte le nid madrilène et s’expatrie à Milan en mai 2016 pour rejoindre la structure d’entraînement fédérale italienne, choix conforté par la présence en Italie de plusieurs cadres techniques espagnols. L’équilibre personnel et l’envie sont à nouveau au rendez-vous. Les résultats suivent avec deux titres en 2016, au Brésil et au Welsh International, et le deuxième rang européen.

Cette progression a une traduction en écossais : tête de série n°15 à Glasgow… où elle devrait se confronter lors de son premier match à la championne d’Angleterre Fontaine Mica Chapman, future recrue d’Issy les Moulineaux... Le chemin des meilleurs joueuses européennes mènerait-il au top 12 ?

Stefani & Grabriela Stoeva
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Stefani et Gabriela Stoeva (IMBC92)

Top 20 mondial en double dames depuis plus d’un an, les deux s½urs Stefani et Gabriela Stoeva sont les recrues phares du club d’Issy-les-Moulineaux en ce début de saison 2015-16. Et le duo bulgare ne va pas décevoir le club historique du top 12. Invaincues en double dames dans le championnat depuis leur arrivée, Stefani conserve de beaux restes en simple... spéciale dédicace au bon souvenir de leur titre européen junior de 2013 en double et en simple. Elles apportent enfin également leur pierre (angulaire ?) à l’édifice des sacres européens de l’IMBC en 2016 et 2017.

C’est que l’Europe, elles connaissent bien. Outre leurs titres chez les espoirs, les soeurs remportent les Jeux Européens de Kazan en 2015, et il faudra bien l’expérience des médaillées olympiques Pedersen/Rytter-Juhl pour les stopper en 3 sets en finale des championnats d’Europe 2017. Ajouté à leur régularité, leur succès européen leur permet d’apparaître à la 9ème marche du ranking mondial cet été, ce qui consacre leur rôle de poison pour les paires du top 10, y compris celles de l’empire du milieu.

Les protégées de Mihail Popov afficheront leurs ambitions mondiales en Ecosse avec le dossard de la tête de série n°11. Si Stefani et Gabriela peuvent se hisser jusqu’aux quarts sans forcer leur talent, il leur faudra prendre leur revanche du mois d’Avril et renverser les reines danoises pour aller chercher une médaille.

Eefje Muskens
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Eefje Muskens (BC Chambly)

Fidèle à sa politique de recrutement à la hauteur de ses ambitions, le club de Chambly pioche à nouveau dans l’élite européenne pour renforcer son effectif de double à la rentrée prochaine. Le club champion de France s’attache les services de la néerlandaise Eefje Muskens, n°7 mondiale l’année dernière en double dames, médaillée d’argent aux Championnats d’Europe du Vendéspace, et quart de finaliste olympique à Rio avec sa partenaire Selena Piek.

Spécialiste du double dans les rangs des Oranje, Eefje Muskens écume avec succès le circuit européen depuis 2012, d’abord avec Samantha Barning, puis Selena Piek, au rythme de 3 à 4 titres par an, avant d’atteindre les sommets du top 10 mondial en 2016.

Et pourtant, paradoxalement, ces Mondiaux, et son engagement en top 12, sonneront la retraite internationale de cette taulière du double européen.

Indirectement, la longue absence des terrains à partir de septembre 2016 de sa condisciple a sûrement pesé dans sa décision, la cantonnant de fait aux seules séances d’entraînement pendant 7 mois. Mais alors qu’elle affirmait encore en début d’année garder Tokyo 2020 dans le viseur, le spectre des blessures l’a également rattrapée, et de vieilles douleurs à l’épaule se réveillent. Le retour aux affaires du duo aux championnat d’Europe en Avril avec un quart de finale (en éliminant au passage les championnes de France Delrue/Palermo puis Fontaine/Baumann) n’y changera rien.

Son corps dit « stop », et à 28 ans, elle annonce avant l’été la fin de sa carrière. Un choc pour sa partenaire et le staff technique, et une illustration des difficultés de l’élite du badminton européen à exister durablement sur l’échiquier mondial, hormis l’exception danoise, en partie du au fait de sa maturation plus lente qu’en Asie.

Ainsi, il y a fort à parier qu’outre son aspect financier, la signature de Muskens à Chambly représente un premier pas en direction d’une reconversion intimement liée au monde du badminton.
En attendant de voir briller la jeune retraitée aux côtés des Camblysiens, on pourrait néanmoins très bien assister à un dernier baroud d’honneur des Néerlandaises, non têtes de série, dans l’arène écossaise, et pourquoi pas les voir se hisser jusqu’en quarts de finale.

Les mentions honorables

Pour le regard avisé des aficionados du top 12 passé, présent et futur, petit pêle-mêle non-exhaustif des autres talents européens présents à Glasgow :

- Comment ne pas évoquer Carolina Marin, déjà auréolée de sa première couronne mondiale lors de son passage éclair à Aulnay-sous-Bois sur l’exercice 2014-15 ? Info fraîchement tombée, la tenante du titre retournera la saison prochaine dans le championnat danois au TSS (club du fantasque Hans-Kristian Vittinghus).

- Bientôt sur les courts français, la Russe Evgeniya Kosetskaya sera également à suivre, en tant que nouveau grand espoir du badminton national, et surtout opposée à Delphine Lansac dans quelques jours. Un avant-goût probable de la 4ème journée de Top 12 entre Oullins et Strasbourg !

- Vladimir Malkov, leader du simple de l’ASPPT Strasbourg et qui s'est réengagé pour 2017/2018, sera lui aussi de la partie en Écosse.

- Russie, suite et fin: Anastasia Chervyakova (US Talence) et Olga Morozova (Russie) affichent un joli statut de têtes de série 16 à Glasgow en double dames.

- Taulière du Top 12, la Suissesse Sabrina Jacquet d’Issy les Moulineaux pourrait elle aussi quitter le championnat. Son éventuelle absence serait comblée par l’arrivée de la championne d’Angleterre Fontaine Mica Chapman.

- Angleterre toujours: Chloe Birch, sa dauphine donc vice championne d’Angleterre, débarque à Fos-sur-Mer.

- Fabienne Deprez, n°1 allemande, à la lutte dans les rangs d’Aulnay pour retrouver le dernier carré du Top 12, pourrait elle offrir un parcours intéressant à ses supporters franciliens à Glasgow.

- Sarah Walker, spécialiste du double dames avec le bronze aux Europe 2017, promesse d’étincelles à Arras avec notre ambassadrice Emilie Lefel, devra défendre son nouveau statut continental sur ses terres britanniques.

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  • juBu
    Le 20/08/2017 à 0h02 (0)
    Vous avez oublié Maxime Moreels ;)
  • Sylvain Nalet
    Le 20/08/2017 à 11h07 (0)
    Oui, tu as raison, et l'on pourrait même en conclure que l'ensemble des Mondialistes du plat pays évolue en top 12 puisque Matijs DIERICKX est déjà pensionnaire du LVA, et son équipier Freek GOLINSKI fait le bonheur du double au MDMSA :bj:
    Comme indiqué dans l'article, l'énumération n'est effectivement pas exhaustive :ange:
  • Sylvain Nalet
    Le 20/08/2017 à 12h09 (0)
    Top 12 ou championnats nationaux avec la descente du LVA en N1 ;)