Crédit photo : Badmania.fr

Habitué à une certaine stabilité depuis la création des championnats du monde en 1977, le simple dames s'était habitué depuis 15 ans à vivre sous le joug de la Chine. Pourtant, la discipline représente au contraire cette année un vrai saut dans l’inconnu pour ces championnats du monde de badminton 2017.
L’absence de Taï Tzu Ying, l’équipe nationale chinoise sans grand leader, une difficile constance des patronnes: pas facile donc même pour un oeil avisé de prédire qui gravira la première marche du podium en 2017. Autant d’éléments qui méritent une analyse sur un flou absolu : décryptage sur nos favoris.

Taï Tzu Ying, l’absence qui change tout

L’absence de la pépite de Taipei, représente une vraie perte pour un tableau de simple dames orphelin de sa numéro une mondiale et grandissime favorite pour le titre. L’absence de Taï Tzu Ying et d’une grande partie de l’équipe taïwanaise s’explique par l’organisation des Universiades 2017 (19 - 30 Août 2017), le plus grand événement sportif jamais organisé par la petite péninsule asiatique.

Celle qui est devenue une vraie patronne, presque intouchable depuis les Super Series Finals 2016, avec des victoires au All England, au Malaysia Open, à l’Open de Singapour, et l'obtention de son premier titre de championne d’Asie (20 victoires consécutives). Alors oui, elle est tombée deux fois en juin, en Indonésie et en Australie, ce qui a à peine remis en cause sa suprématie. Mais l’annonce de son forfait un mois auparavant laissait déjà une brèche béante aux outsiders.

Crédit photo : Yonex International

Carolina Marin, favorite légitime ou simple outsider ?

Carolina Marin est évidemment très attendue à Glasgow. La seule européenne capable de rivaliser face à l’armada asiatique depuis près de 4 ans tentera de défendre sa couronne. Objectif: réussir le coup du chapeau, après ses deux titres mondiaux acquis en 2014 et 2015. Certains n’hésitent pas à la comparer à Chen Long, son homologue masculin toujours présent lors des grandes échéances et pourtant peu concerné par les Super Series. Pour se permettre cette comparaison, il suffit de regarder les résultats des deux joueurs : Chen Long n’a plus remporté de Superseries depuis le Danemark en octobre 2015 et Marin depuis Novembre 2015 à Hong-Kong. Coïncidence ?

Mais l’Espagnole possède une capacité incroyable à se transcender lors des grands rendez-vous, en témoigne ses titres européens, mondiaux et olympique. Sauf que cette année, une inquiétude persiste : une méforme criante en Australie et en Indonésie avec deux éliminations au premier tour. Malgré trois finales en Super Series en début de saison, ses performances du mois de Juin laissent plus que perplexe sur sa forme actuelle. De plus, le possible quart de finale face à Nozomi Okuhara, une bête noire qui l’a encore récemment corrigé n’est pas non plus un élément rassurant.

Difficile de dire dans quelle forme va arriver la double tenante du titre à Glasgow, qui n’a en plus pas été épargnée par le tirage au sort du tableau. Mais personne ne doute de sa motivation pour conserver sa couronne mondiale ... et surtout pas Ivan et Marius qui se sont livrés à un petit pronostic.

Le pronostic d’Ivan Cappelli (rédac' chef):

"Chauvinisme continental mis à part, je mise sur une défense de la couronne signée Carolina Marin. À l'instar de Chen Long, la princesse andalouse n'a pas brillé sur le circuit Super Series depuis quelques temps maintenant. Mais comme son prestigieux homologue masculin, sa capacité à se mobiliser et à écraser la concurrence sur les échéances majeures (Mondiaux 2014 et 2015, JO 2016) est sans pareille, et l'expérience d'un tel rendez-vous pourrait lui permettre de faire la différence.

Attention toutefois à la concurrence inhabituellement internationale dans ce tableau ! La Chine vivant une période de transition sur la discipline, les joueurs de talent souvent complexées par les perles de Pékin - Nehwal, Intanon, Sung pour ne citer qu'elles - auront davantage de latitude pour briguer le trône."


Le pronostic de Marius (rédacteur):

"Je partage l’avis d’Ivan sur Carolina Marin, un peu à l’image de Chen Long quand arrivent les grandes échéances. Cependant, à la vue du tirage au sort, Marin pourrait tomber sur Okuhara dès les quarts, que je place aussi dans mon tiercé. Dans cette même partie de tableau on retrouve également Sung Ji Hyun, toujours placée rarement gagnante, et qui pourrait peut-être voir la chance lui sourire un jour, récompensant sa régularité. Un tableau assez ouvert, surtout dans le haut, qui sera peut-être, à l'image de Fanetri en 2015, sujet à des surprises."

Crédit photo : Yonex International

Le simple japonais, la force du nombre ?

Tout comme les Chinoises, les Japonaises seront quatre dans le tableau de simple dames à pouvoir toucher le graal. Mais chacune n’auront évidemment pas les mêmes espérances dans ce tableau. Que ce soit Akane Yamaguchi (1), Nozomi Okuhara (7), Sayaka Sato (10), Aya Ohori (11), les simplistes de l’Empire du soleil levant auront une carte à jouer. Il ne faut pas non plus oublier que si ces quatre filles sont présentes à Glasgow c’est aussi que Minatsu Mitani et Sayaka Takahashi qui n’ont pas été sélectionnées.

Le statut de tête de série 1 sera-t-il favorable à Akane Yamaguchi ? Supportera-t-elle la pression ? Ce statut fait-il de la Japonaise la favorite ? Autant de questions qui méritent une réponse ou du moins une tentative. En réalité, il n’y a pas de pression, enfin pas de la pression d’un statut à assumer à proprement parler. Car, en l’absence de Taï Tzu Ying, il n’y a pas vraiment de favorites mais presque que des outsiders. Ce qui est sûr, c’est que ce statut lui assure une partie de tableau relativement abordable, sans embûche avant qu'Intanon Ratchanok ne se dresse potentiellement sur sa route en quart.

La joueuse de la NBA, Nozomi Okuhara, tête de série 6, vit une saison plutôt compliquée. Elle qui n’a pas dépassé les demi-finales d’un Super Series cette saison avant l’Australie - le dernier disputé - est allé chercher le titre avec des victoires significatives face à des adversaires potentielles pour le titre mondial. Sa partie de tableau n’est pas la plus périlleuse mais en quart de finale elle devra se débarrasser de la double tenante du titre, Carolina Marin. La petite nippone, vainqueur du All England 2016, connait la recette. Mais saura-t-elle l'appliquer sur l'une des grandes échéances du calendrier ?

Sayaka Sato et Aya Ohori ne seront pas aussi attendues que leurs compatriotes mais pourraient jouer les trouble-fêtes dans un tableau très ouvert. Si Sato parvient jusqu’aux huitièmes de finale, elle pourrait affronter Carolina Marin ce qui constituerait un vrai test pour l’Espagnole mais aussi un challenge pas impossible pour la Japonaise. Surtout que Sayaka Sato vient de remporter l’Indonesia Open il y a quelques semaines avec des victoires probantes face à Bingjiao, Yamaguchi ou encore Sung Ji Hyun.

Quant à Aya Ohori, après une saison presque vierge de tout Super Series - elle n’a pris part qu’à celui d’Australie, à la fin du mois de juin - son niveau et son état reste une véritable inconnue. Elle peut largement prétendre à un huitième de finale qui ne sera en revanche pas une tâche facile face à Okuhara à qui elle est capable de jouer un mauvais tour.

Le pronostic d’Ewan (rédacteur):

"Je pense qu'en l'absence de Taï Tzu Ying, c'est Akane Yamaguchi qui est la mieux placée pour l'emporter. Même si elle a perdu contre certaines de ses compatriotes dans les tournois du mois de juin, elle reste sur une très bonne lancée après sa finale aux Championnats d'Asie. De plus, elle a déjà montré que malgré son jeune âge, elle était capable de surpasser n'importe quelle adversaire de son tableau."


Le pronostic de Terence (rédacteur):

"Pour ma part je mise sur Nozomi Okuhara. De retour en force avec son titre en Australie, elle semble avoir les ressources nécessaires pour aller au bout cette année. Elle dispose des ressources techniques, physiques et mentales pour ça. "


Le pronostic de Sylvain (rédacteur):

"En l'absence de Taï Tzu Ying, qui aurait recueilli mon suffrage, l'équilibre des forces en présence présente une volatilité passionnante. Je rejoins Ewan en faveur de la toujours jeune et paradoxalement expérimentée Akane Yamaguchi et prends le "risque" de miser...sur la tête de série n°1 ! À tout juste 20 ans, la discrète et sympathique n°2 mondiale a la tête sur les épaules et suis une trajectoire ascendante sans brûler les étapes, sa dernière victime sur le circuit est Taï Tzu Ying, et elle n'a pas la pression du favori, il n'y en pas dans ce tableau ! "

Crédit photo : Li-Ning international

Les outsiders enfin décomplexées face aux Chinoises ?

Difficile de parler badminton sans parler Empire du Milieu. Mais alors que les Chinoises ont glané 15 des 22 titres mondiaux du simple dames depuis 1977, elles n’arrivent pas à Glasgow en position de favorites, une rareté. Loin de là même, car si Sun Yu (5), He Bingjiao (6), Chen Yufei (9) et Chen Xiaoxin (14) possèdent toutes quatre des statuts de tête de série, elles n'impressionnent pas outre mesure sur le circuit, avec une faible représentativité dans les titres récents. Dire que, depuis le China Open de Novembre 2015, seule He Bingjiao est parvenu à remporter un Super Series (Japan Open et IFB 2016), en profitant de la période transitoire post-olympique !

Mais si l’on parle de ces jeunes chinoises c’est qu’il y a une raison: beaucoup de joueuses talentueuses comme Intanon Ratchanok, Newhal, P.V Sindhu ou encore la Coréenne Sung Ji Hyun ont souvent été complexées par le fait d’affronter des joueuses de la CBA dans des événements majeurs. Alors que cette dernière est en reconstruction et mise sur sa jeunesse, les solistes citées précédemment pourraient saisir leur chance.

Mon pronostic:

"Ma première idée serait de dire Akane Yamaguchi, car à 20 ans et son statut de tête de série, elle sera protégée une bonne partie du tournoi. Et surtout, elle a le potentiel, la forme et toutes les qualités pour aller au bout. Mais mon coeur me dit Intanon Ratchanok. Un choix qui ressemble plus à un désir qu’à une réalité mais la très talentueuse Thaïlandaise, championne du monde en terre chinoise en 2013 est capable du meilleur comme du pire, et sera sûrement dans le coup pour aller chercher un second titre planétaire. "

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