IFB 2016 : Les chouchous de Coubertin, mode d'emploi

Publiée par Terence Mahé le dimanche 23 octobre 2016 à 10:00
CTC
Crédit photo : Badmania.fr

Lors des Yonex IFB, les spectateurs aiment deux choses : le beau jeu et le charisme des joueurs. Une loterie dont émerge chaque année des joueurs qui font parler d’eux, et deviennent à mesure de leurs performances les emblèmes de chaque édition. C’est la beauté de ce tournoi, et de notre sport dans son ensemble. Focus sur les héros du Super Series de Coubertin, les petits préférés des français.

La folie Chou Tien Chen

Un certain dimanche 26 Octobre 2014, une finale peu attendue a consacré - en France comme pour l'ensemble de la plan-te bad - un nouveau champion. Le Taïwanais Chou Tien Chen affronte le chinois Wang Zhengming, numéro 3 chinois à l’époque, et tête de série 5 de la 8ème édition des IFB. Le match - que nous avons élu dans notre top 10 des moments les plus marquants des IFB - est très mal engagé pour l’outsider avec la perte du premier set et un deuxième qui lui est totalement défavorable. Pourtant, c’est une semaine exceptionnelle qu’il vient de réaliser, il s’offre le scalp de : Jan O Jorgensen, Ng Ka Long Angus, Viktor Axelsen et Tommy Sugiarto. Avec sans aucun doute la même détermination que dans chacun de ses précédents matchs, il inverse la situation pour renverser le dragon qui lui fait face, et gagner son premier titre de Super Series (le premier pour Taïwan en simple hommes).

Cette confrontation est et restera l’une des plus épiques à Coubertin pour deux raisons : le match d’une part, qui pour une finale a montré la beauté du badminton dans sa globalité, et d’autre part pour un public survolté qui avait déjà choisi son favori à mesure qu'il évinçait des têtes de série au fil de la semaine.. C’est à cette date que le Chouchou de Coubertin est né, plus qu’une simple expression, une nouvelle démonstration de la capacité unique qu'à Coubertin à s'approprier un joueur. Les "Allez Chou, allez !", puis les "Chou ! Chou ! Chou!" à mesure que le 13ème mondial redressait la barre restent comme l'un de ces moments que le fan de badminton ne peut vivre qu'à Coubertin.

Quasi-inconnu avant les IFB, Chou est devenu l’un des joueurs référence du top 10, et a migré entre la huitième et la cinquième position depuis. Même s’il signe parfois de gros passages à vide, il s’est hissé en quart de finale des Jeux Olympiques de Rio avant de se heurter au tigre de Penang Lee Chong Wei, qu’il n’a jamais réussi à battre. Asiatique inhabituellement très expressif, avec une combativité exceptionnelle, et si c’était ça qui a fait craquer le public de Coubertin en 2014 ? Chou lui rend en tout cas bien son amour : en 2015, il avait failli sauver son titre en revenant en se hissant à nouveau en finale à Paris.

Viktor A.
Crédit photo : Badmania.fr

La "Danish Dynamite", une tradition à Paris !

Souvent dépassés par les Asiatiques, les badistes du Vieux Continent ont globalement la cote en France. Rien de surprenant à compter les Danois Viktor Axelsen, Jan O Jorgensen et Hans Kristian Vittinghus parmi les petits préférés du public. Le troisième n’a malheureusement pas vraiment brillé dans les différentes éditions de cette grande compétition, son meilleur résultat demeurant un quart de finale en 2014.

Il en va tout autrement pour le jeune prodige Viktor Axelsen. Repéré par le public lors des IFB de 2012, il y réussit plus qu'un très beau parcours. Il convertit tous les espoirs placés en lui en atteignant sa première finale Super Series à 18 ans. Et y prend une mauvaise habitude en s'inclinant face à Liew Daren : celle de ne pas gagner ses finales en Super Series. Mais qu'importe : le géant d'Odense est entré dans le coeur du public parisien.

Depuis, le « petit » danois a bien grandi ! Actuellement à la quatrième place du classement mondial, il fait parti des références du circuit, avec deux médailles de bronze prestigieuses au palmarès (Mondiaux 2014, JO 2016).

Lui connaît le goût de la célébration avec Paris. Le viking Jan O Jorgensen (sujet de notre dossier de vendredi) se fait remarquer par son style, sa façon de jouer mais aussi pour son caractère. Ce dernier ne laisse pas indifférent. La plupart du temps très calme et fair-play, il dissimule un tempérament bouillant auquel il vaut mieux éviter de se frotter ... et qui peut parfois lui faire perdre le fil du match. Son atout charme : avoir déjà remporté une finale serrée mais maitrisée contre le japonais Kenichi Tago (aujourd’hui banni de la fédération japonaise de badminton) en 2013. C’est à cette époque son deuxième titre de Super Series.

Apprécié autant pour ses performances que son style parfois atypique, le tatoué scandinave affrontera Marc Zwiebler au premier tour mercredi prochain. Un match à ne pas manquer !

Chris & Gabby
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Les Adcock, au service de leur majesté

Le couple européen le plus glamour du circuit, Chris et Gabrielle Adcock, ne pouvait pas passer inaperçu dans une ville symbole du romantisme à travers le monde. Et dès leur première saison ensemble, le charme opère.

Cette histoire commence en 2013 lorsque les deux tourtereaux, jeunes mariés à cette période, atteignent les demi-finales en éliminant des paires majeures (dont Ahmad/Natsir) jusqu'à buter sur Zhang Nan et Zhao Yunlei, autre couple iconique de la discipline. Accessibles et proches du public (vous les trouverez facilement dans les gradins avant et après leurs matchs), le duo britannique apprécie la dolce vita francilienne. Et cette belle histoire débutée en 2013 dure toujours !

En effet, depuis 3 ans les anglais ne manqueraient le rendez-vous avec Paris pour rien au monde. Une finale en 2014 face aux indonésiens Ahmad/Natsir et deux demi-finales (celle de 2013 déjà citée, et celle de 2015 perdue face à Ko/Kim les gagnants de l’édition) : l'automne venu, les Britanniques sont souvent performants, et leur demi-finale au Danemark après une saison erratique le confirme. Fait amusant et évocateur de l'image glamour qu'il véhicule : le couple a semblé quelque peu perturbé à Odense par la signature de dédicaces sur un support à leur effigie et portant la mention ... "Better than sex" (mieux que le sexe) !

Quoi qu’il arrive le soutien du public devrait être maximal au moment de défier Yoo/Chang, un redoutable coréen qu’ils ont déjà battu en 2013.

Fisch Ped
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En double, le Danemark toujours

À l'instar des Adcock, les spécialistes du simple ne sont pas les uniques favoris du public français.

Les fantasques Boe et Mogensen, habitués de ce rendez-vous, en sont les premiers témoins. Appréciés pour le show proposé autant que par leurs pitreries, les deux athlètes ont noué un lien spécial avec Coubertin. Très réceptifs à l’attitude des deux danois, ces derniers n’hésitent pas à en rajouter afin que les spectateurs soient derrière eux à 100%. Blagueurs, caractériels, attachants, beaucoup d’adjectifs conviennent pour décrire cette paire désormais mythique.

L'histoire avec Coubertin débute en 2010 avec la première victoire du duo en France. Survenue pendant leur montée en puissance, ils ont ensuite atteint les hautes strates du classement mondial pour presque ne plus les lâcher. Ils récidivent en 2014, avec une victoire au diesel face à Endo/Hayakawa. Après les terribles soucis de santé vécus par Carsten Mogensen en début d'année (rupture d'anévrisme), nul doute que l'accueil sera plus chaleureux que jamais. Attention au premier tour piège toutefois, avec la nouvelle paire indonésienne Setiawan/Saputro !

Eux ont petit à petit perdu la flamme qui les lient à Coubertin. Mais le duo Fischer/Pedersen reste indissociable du passé des IFB. Le premier est un doyen du circuit, 37 ans, un caractère bien trempé et de l’énergie à revendre, capable d’aller loin dans des compétitions de niveau Super series, il impose le respect. Sa partenaire, plus jeune de 7 ans, est aussi un pur joyau danois. Leur force pour séduire les foules ? Leur capacité à s’accrocher, et à montrer leur détermination face à l’adversité. Ce sont de véritables gladiateurs, et Coubertin ne constitue-t-il pas une très belle arène ?



Peter Gade
Crédit photo : Badmania.fr

Deux légendes adorées

Comment ne pas faire référence à deux des joueurs les plus admirés dans les travées de Coubertin ? Le premier est encore en activité : Lee Chong Wei, 34 ans et un palmarès qu’il n’est plus nécessaire de présenter. Éternel second lors des grandes échéances, les jeux de Rio ne font pas exceptions… Une malédiction qu’il conserve mais qui ne l’empêche pas de truster la place de numéro 1 mondial depuis maintenant des années et de finir vainqueur d’un nombre incroyable de Super Series, 44 au total, le dernier en date étant celui du Japon il y a à peine un mois.

Vainqueur des IFB de l’année dernière face à un certain Chou Tien Chen, il a avoué face aux caméras beaucoup apprécier cette étape du circuit international et promis d’être présent cette année pour sa tournée d’au revoir. Ce n’est pas son unique victoire à Paris puisqu’il a aussi gagné en 2007 et en 2011. Il ne manquerait pour rien au monde l’occasion de monter une dernière fois sur la première marche du podium. C’est Hsu Jen Hao, le taïwanais qui aura la lourde tâche d’affronter le revanchard Datuk Wira au premier tour.

Seconde légende, Peter Gade. Même terminée, sa carrière de badiste demeure une référence pour tous les joueurs européens. Un palmarès royal, un charisme indéniable et une fin de parcours en France comme un symbole de son attachement à Paris : De son titre en 2008 à sa retraite chargée en émotions, tout relie le Danois à la ville lumière. En effet, même s’il ne joue plus, son expérience et son sens affiné du jeu sont désormais mis à contribution pour permettre le développement du badminton français

Depuis Mai 2015, le Danois fait partie de l’encadrement de l’équipe de France. Plus qu'un rôle d'entraîneur : celui d'un mentor pour l'ensemble des strates du badminton français, avec une implication dans la refonte du système de formation. Pour la deuxième année de suite, le public parisien aura le bonheur d'apercevoir à nouveau son héros ... mais sur la chaise de coach !

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