Crédit photo : Badmania.fr
Le jour où Pi Hongyan a fait trembler Coubertin (2007, 1/2F : Pi Hongyan - Zhang Ning)
En 2007, l'Open de France se mue en Super Series pour la première fois, après un an de battement. Fini la Halle carpentier : les meilleurs joueurs du monde vont prendre l'habitude de se réunir fin Octobre au stade Pierre de Coubertin, pour un événement sans égal dans l'histoire de la discipline en France.
Cette année-là , Pi Hongyan vit l'une des meilleures saisons de sa carrière. Finaliste du All England, un temps numéro 3 mondiale, elle assume avec brio la lourde charge de faire briller le drapeau tricolore. Armée de son statut de tête de série 6, elle atteint les demi-finales de "son" tournoi, survivant notamment à Lu Lan en quarts de finale. Dans un match qui restera dans les mémoires, la n°1 française est portée par un public en constante effervescence et semble, ce samedi 3 Novembre, intouchable.
Face à l'icône Zhang Ning, et dans une salle complètement acquise à sa cause, Pi Hongyan va trouver les ressources pour ne jamais rien lâcher, et renouveler l'exploit de Birmingham, 6 mois plus tôt. Coubertin fait la ola après un premier set que la Française conclut difficilement (21-19) avant que le duel de haute voltige n'offre un mano-à -mano étouffant, tendu même lorsque la Chinoise s'emporte contre le corps arbitral. L'atmosphère, irrespirable, connaît un dénouement heureux pour le public français : dans une ambiance de feu, Pi libère tout une salle et peut exulter (21-19, 21-19) : elle vient de s'offrir, à domicile, le scalp de la championne olympique en titre.
En finale, Xie Xingfang venge sa compatriote en dominant la locale (21-13, 21-13), Madame Lin Dan confirmant son ascendant sur la numéro 1 française. Peu importe, Pi Hongyan a offert aux IFB une mise en route réussie, et reste à ce jour la seule française à s'être hissée jusqu'en finale à Paris.
Le jour où Gade a conquis Paris (2008, F : Peter Gade - Taufik Hidayat)
Le 2 Novembre 2008, la finale du simple hommes propose une affiche de rêve, malgré les défections post-olympique. D'un côté, l'ancien numéro un mondial, Peter Gade. De l'autre, le champion olympique 2004 tout juste déchu, Taufik Hidayat. La fluidité du Danois déjà très apprécié à Paris, face au revers de feu de la star indonésienne. Une opposition de style qui dure depuis 10 ans déjà , promettant un grand feu d'artifice à Coubertin.
Malmené dans le premier set, Hidayat voit Peter Gade s'écrouler pour prendre les devants (21-16). Chaque point est arraché danas la douleur, la défense d'Hidayat répondant aux attaques incisives du scandinave, mais c'est bien ce dernier qui remet les compteurs à égalité (16-21, 21-17). Entamé après quatre matchs en trois sets, victime d'une ampoule au pied, Hidayat perd en lucidité alors que Gade ne lui laisse aucune chance dans un troisième set écourté (16-21, 21-17, 21-7).
Vainqueur à l'applaudimètre comme sur le court, le quart de finaliste des derniers JO lève les bras, et savoure son doublé Danemark - France. Il ne vient pas seulement de remporter son deuxième Super Series en deux semaines : le coeur du public français lui est acquis à jamais, et chaque venue de la légende danoise à Paris constituera un nouveau chapître d'une love story qui se poursuit hors du court aujourd'hui.
Le jour où Kindervater/Schöttler ont créé l'exploit (2010 - 1/2F : Kindervater/Schoettler - Kido/Setiawan)
En 2010, le double hommes allemand Ingo Kindervater et Johannes Schoettler, au-delà du 30ème rang mondial, réussit la belle performance de se hisser en demi-finale à Coubertin. Le fruit d'une cascade de forfaits certes, beaucoup de badistes préparant les Jeux Asiatiques, mais malgré tout un authentique exploit pour le combatif tandem germanique. Alors que tout le monde attend avec impatience l'affrontement final entre Boe/Mogensen et Kido/Setiawan, deuxième et troisième paires mondiales, l'inattendue paire européenne va déjouer les pronostics une nouvelle fois.
Face aux champions olympiques en titre et anciens champions du monde, Kindervater/Schoettler sont condamnés à l'exploit. Dont acte ! Après un premier set rapidement conclu par Kido/Setiawan (21-13), les Allemands n'abdiquent pas et prennent la deuxième manche (13-21, 21-17). Le troisième set est un véritable combat, et quand les Indonésiens prennent deux longueurs d'avance pour mener 18-16, la messe semble dite… C'est sans compter sur l'incroyable mental des hommes d'outre-Rhin qui sauvent un volant de match à 19-20 pour s'envoler vers un incroyable exploit (13-21, 21-17, 22-20).
Devenus indépendants suite à une guerre des sponsors avec la fédération indonésienne (PBSI), Kido/Setiawan ponctuaient une année 2010 difficile par cet incroyable revers. Extatiques après leur victoire, Kindervater/Schoettler ne trouveront pas l'influx nécessaire pour contrarier Boe/Mogensen en finale.
Le jour où Hidayat a remporté son 1er - et dernier - Super Series (2010 - F : Taufik Hidayat - Joachim Persson)
Le circuit Super Series est un monde impitoyable qui ne réussit pas à Taufik Hidayat. De ses sept finales disputées, il n'en a gagné aucune. À sa décharge le circuit n'est né qu'en 2007, soit 1 an après l'avènement d'un nouveau scoring dont le génial indonésien avait été la principale victime.
Frustré par Jan O Jorgensen à Odense la semaine précédente, l'Indonésien affronte Joachim Persson pour une deuxième chance en finale des IFB 2010. Gade éliminé par son adversaire du jour, le joyau de Jakarta ne pouvait pas laisser passer une si belle occasion de briser la malédiction.
Deux mois après s'être incliné ici-même, à Coubertin, en finale des championnats du monde, le natif de Bandung veut donc renouer avec le succès. Hidayat n'a certainement pas oublié ses sept échecs consécutifs au moment de gravir l'ultime marche, mais l'Indonésien va se libérer pour prendre les devants juste après la pause (21-16). Pour sa deuxième finale de Super Series, Persson ne parviendra jamais à inquiéter la légende indonésienne, qui file vers la consécration tant attendue (7-7 puis 18-7) pour conclure tranquillement (21-16, 21-11).
Ce 7 novembre 2010, Hidayat, 29 ans, remporte son premier Super Series mais aussi le dernier grand titre de son immense carrière. Une carrière que Coubertin aura largement accompagné sur sa deuxième partie, constituant régulièrement une accalmie dans les turpitudes du génial champion olympique 2004.
Le jour où Lin Dan a gagné un match qu'il devait perdre (2011 - 1/4F : Lin Dan - Chen Jin)
Ce 28 Octobre 2011, le quart de finale entre Lin Dan et Chen Jin soulève de lourds soupçons avant même d'être disputé. La cause de ces suspicions : la qualification olympique, et la volonté de la CBA de placer ses trois solistes aux JO de Londres 2012. Pour cela, pas de mystère : Chen Jin doit passer devant Peter Gade au classement mondial...
Lin Dan et Chen Long, sereins aux deuxièmes et troisièmes rangs mondiaux, peuvent vendanger. Pas leur vieillissant compatriote, qui peut faire fructifier sa venue à Paris grâce à l'élimination prématurée de Gade en 1/8èmes de finale. Tous les ingrédients sont réunis pour faire de ce duel une énième mascarade sino-chinoise.
Sur le court, Lin Dan joue en marchant. Ou plutôt ne joue pas. Et Chen Jin remporte la première manche 21-11. Mais Coubertin n'est pas dupe : les deux joueurs sont alors copieusement hués. Adulé partout à travers le monde, le champion olympique semble affecté par la Bronca qui tonne à son encontre.
Et soudainement, aussi surprenant que cela puisse paraître, Lin Dan se met à dominer son adversaire (16-8). Fausse joie ? Certainement oui, car Chen Jin revient aussitôt à égalité (16-16) sous les sifflets d'un public qui redouble d'agressivité. La vexation de trop pour l'orgueilleux quadruple champion du monde ? Lin Dan prend alors le deuxième set (11-21, 21-19).
Le champion olympique est dorénavant poussé, et se sublime. Les deux hommes se livrent alors enfin à un vrai combat, remporté comme de juste par la mégastar de la province de Fujian (11-21, 21-19, 21-16).
Chaque légende recèle sa part de mystère. Peu de personnes sauront un jour ce qui s'est vraiment passé sur ce court latéral de Coubertin, un soir de nocturne parisienne. Le lendemain, Lin Dan abandonnera en demi-finale face à Kenichi Tago, à deux points de la victoire et après un duel largement dominé. La rumeur - insistante -, voudra que le champion ai été vu en train de s'entraîner quelques heures plus tard sur les courts d'échauffement parisiens ...
Le jour où un duo danois a fait chavirer Paris (2011 - 1/2F - Fischer/Pedersen - Zhang/Zhao)
Pendant que Lee Chong Wei et Chen Long livrent une bataille acharnée sur le court numéro 1, Coubertin est en feu. La raison ? pas le classico qui fait rage sous les spotlights, mais un duo Joachim Fischer Nielsen et Christinna Pedersen en train de mettre au tapis les champions du monde Zhang Nan et Zhao Yunlei. Le charisme de Fischer qui exhorte la foule a fait chavirer Coubertin. Après avoir sauvé un volant de match, les Danois sortent victorieux, le 29 octobre 2011, d'une demi-finale XXL (21-14, 22-24, 22-20 en 1h12).
Forts d'un succès qui les a galvanisés, les Scandinaves ne trembleront pas au moment de défier les numéros deux mondiaux Xu/Ma en finale, jamais inquiétés dans un match qu'ils maîtriseront de bout en bout (21-17, 21-14). Vainqueurs au Danemark, ils récidivent Porte de Saint-Cloud une semaine plus tard pour un exploit majuscule.
Maintenant, je sais pourquoi Peter aime jouer ici !" déclarera d'ailleurs Joachim Fischer. La ferveur made in France a (encore) fait des heureux !
Le jour où Chung/Lee ont régné sur la capitale (2011 - F - Chung/Lee - Cai/Fu)
Le Dimanche 30 octobre 2011, Coubertin va assister à une finale entre deux paires historiques du badminton mondial. Un classique, pour ce qui reste pour beaucoup comme le plus beau match de double hommes disputé à Paris. D'un côté, les champions du monde chinois, Cai Yun et Fu Haifeng. De l'autre, leurs bêtes noires, les Coréens Lee Yong Dae et Chung Jae Sung, numéros deux mondiaux.
C'est un nouvel épisode de la saga sino-coréenne qui s'offre à Coubertin, et comme à l'accoutumée entre les deux paires légendaires du circuit BWF, le spectacle est au rendez-vous.
Les Chinois n'ont pas l'avantage psychologique face à des Coréens qui les ont battus à neuf reprises, mais sont les premiers à se mettre en action. Dominateurs grâce à leur puissance offensive, ils prennent les devants sans trembler (21-14). Le gain du premier set engendre cependant le réveil coréen, au plus grand plaisir du public parisien.
Lee/Jung remettent d'abord les pendules à l'heure (14-21, 21-15) avant de dominer, pour la quatrième fois cette saison, leurs homologues chinois dans un troisième set qu'ils abrègent (14-21, 21-15, 21-11). Les échanges haletants et complètements fous entre deux des plus grandes paires du monde ont offert au public français une affiche de rêve. Dix mois plus tard, Cai Yun et Fu Haifeng se pareront d'or aux JO de Londres.
Le jour où Peter Gade a fait ses adieux (2012 - 1/4F - Peter Gade - Jan O Jorgensen)
Toutes les belles histoires ont une fin. Le 26 octobre 2012, Peter Hoeg Gade met un terme à son immense carrière. Et quel autre décor pour le Danois, au moment de tourner définitivement la page, que celui de Coubertin ?
Vainqueur ici-même en 2008, Peter Gade est chez lui à Paris. Dans le dernier carré en 2009 puis en 2010, le Danois veut retarder l'échéance de son grand départ et faire tout aussi bien pour sa dernière dans son jardin. Éliminé au premier tour à Odense la semaine précédente, le Danois renoue avec le succès Porte de Saint-Cloud face à Ajay Jayaram, puis Ueda, à chaque fois dans un scénario en trois sets à sensations fortes.
En quarts, c'est un match particulier qui l'attend, puisqu'il affronte son successeur annoncé : Jan O Jorgensen. Jouer contre son idole et tenter de mettre fin à sa carrière, un événement tout aussi spécial pour l'aîné que pour son cadet. Jorgensen prend d'abord les devants (18-13) avant de s'écrouler (18-21). Le vétéran danois semble avoir fait le plus dur, et avec Coubertin derrière lui, il creuse l'écart (21-18, 14-9). Mais Jan O Jorgensen se reprend et remettra les compteurs à égalité quelques minutes plus tard (21-18, 17-21).
Jorgensen a repris confiance, Gade semble rattrapé par ses émotions, et Coubertin a compris : Peter Gade n'ira cette fois pas plus loin (21-18, 17-21, 14-21). Une des figures emblématiques du badminton quitte le court pour la dernière fois, acclamé par un public qui l'aura marqué, pointé du doigt par un Jorgensen humble face à la carrière de son aîné. Le Danois reste de longues minutes sur le court à célébrer avec sa future terre d'accueil. Nostalgie et émotions : joueur et public communient une dernière fois avant le tomber de rideau.
Le jour où le public français est devenu ''so British'' (2013 - 1/4F : Adcock/White - Ahmad/Natsir)
En 2013, le charismatique Chris Adcock est à son meilleur niveau. Et après un deuxième tour incroyable aux côtés d'Andrew Ellis pour éliminer les Coréens Kim/Kim, il s'est trouvé un nouvel allié : Coubertin.
Quand Adcock, associé à sa future épouse Gabrielle White, entre en quarts de finale du mixte, la foule parisienne se range rapidement du côté des anglo-saxons. Le souvenir de l'incroyable parcours des mondiaux 2011 aussi, où Chris Adcock avait atteint à la surprise générale la finale du double mixte avec Imogen Bankier.
Face à Ahmad/Natsir, récemment sacrés champions du monde, Adcock et White n'ont pas froid aux yeux (11-4). L'écart se réduit petit à petit, mais la paire anglaise fait finalement la différence, au forceps, dans une ambiance de feu (22-20). Dans la deuxième manche, les Indonésiens ne parviennent pas à maîtriser la fougue du couple d'outre-manche, et à 17-17, les nouveaux protégés du public français s'envolent vers un exploit retentissant (22-20, 21-17).
Après avoir concrétisé son histoire d'amour avec Gabrielle White en septembre dernier, Chris Adcock s'est offert une nouvelle conquête en cette fin octobre 2013 : la fabuleuse et fervente ambiance parisienne. Chaque nouvelle apparition du glamour duo britannique à Coubertin deviendra dès lors un petit événement, le couple rendant bien ces élans d'affection tant sur le court qu'en dehors.
Le jour où Chou est devenu chouchou (2014 - F : Chou Tien Chen - Wang Zhengming)
Les "Chou, Chou, Chou" retentissent. Le Taïwanais n'a plus d'énergie ? Alors Coubertin lui en donne. Mené un set à rien, Chou Tien Chen est encore une fois dos au mur dans le deuxième set (18-20). Les bandes du filet sont avec lui, le public aussi, et l'homme de Taipei revient de nulle part face à Wang Zhengming (10-21, 25-23). La grâce l'accompagne, il semble habité, plus rien ne peut lui arriver. Chou Tien Chen triomphe (10-21, 25-23, 21-19), et tombe ivre de bonheur au sol. La folle épopée d'un nouveau chouchou, conclue par une communion avec un public qui l'aura adoubé durant les derniers jours de compétition, se termine sur un premier titre en Super Series. Voilà l'histoire de la légende de Chou Tien Chen aux IFB. Voilà l'histoire de l'éclosion d'une nouvelle valeur sûre du top 10 mondial.
A l'aube de la huitième édition des IFB, qui aurait bien pu miser sur le jeune Chou Tien Chen ? 13eme joueur mondial, le joueur de Taipei a réussi, en cette année 2014, un éclatant exploit certes à minimiser au vu des absences de Chen Long et de Lee Chong Wei, mais qui aura marqué tout un public.
Sans aucune référence majeure, le jeune taïwanais arrive en total inconnu à Coubertin. Il en repart en idole, avec un futur statut de top 10 mondial et une nouvelle stature internationale. Après avoir écarté Jorgensen (premier tour) puis Axelsen (quarts de finale), le droitier de 24 ans, épuisé, est venu à bout de Tommy Sugiarto en demi-finale, devenant le nouveau héros de Coubertin. Nul ne sait comment au vu de la fatigue évidente qui l'avait déjà envahi.
Mais le dimanche 26 octobre 2014, les vivas du public lui sont acquis, la gloire d'un premier titre Super Series l'anime. Alors pour la dernière fois de la semaine, au bout de lui-même, Chou Tien Chen s'arrache et offre un véritable rayon de soleil à une journée de finale décevante à Coubertin. Jamais Paris n'avait chanté aussi unanimement pour un badiste. Marqué par cette histoire exceptionnelle, Chou Tien Chen manque de peu la redite en 2015, mais doit s'incliner face au revenant Lee Chong Wei en finale.
FransV
Le 22/10/2016 Ã 16h00 (0)Ivan Cappelli
Le 22/10/2016 Ã 17h26 (0)Fabien Cherbourg
Le 23/10/2016 Ã 1h05 (0)ATH-YF
Le 23/10/2016 à 18h42 (0)Les eccos de sa performance à paris m'ont motivé a chercher ses matches et je dois dire que son parcours ces jours la me fait penser à l'histoire de David contre Goliath.