Dans une année sportive, il y a d'abord les grands moments bien sûr, comme nous vous le présentions dans notre dernier top 5. Mais chaque saison se caractérise aussi par des instants difficiles, où le sport peut parfois laisser placer à d'autres perspectives moins glorieuses.

N°5: Le tirage au sort de la Sudirman Cup raté (Mars 2015)

Oui, il est possible de constituer la plus haute instance internationale d'une discipline et de gaffer. La BWF en a fait la démonstration cette année avec une erreur rarissime lors du tirage au sort de la Sudirman Cup 2015.

En première instance, tout semble se dérouler normalement. Les groupes sont constitués aux différents échelons de la compétition, permettant aux encadrements des différents pays de se projeter dans leur tournoi. Seule surprise: la présence des USA en première division, à la faveur d'un indice de valeur d'équipe relevé par les récentes performances de Zhang Beiwen.

Problème: la néo-américaine ne peut pas participer pour son nouveau pays, ayant déjà été alignée par le passé par Singapour ! Une bourde qui change toute la donne, rétrogradant les USA au second échelon à la faveur des Russes ... et obligeant à un nouveau tirage au sort complet dans la deuxième division..

Initialement bien servis avec les Pays-Bas, Singapour et le Brésil, les bleus changent de parcours prévisionnel. Avec une poule Hong-Kong, USA, Brésil plus relevée, l'équipe de Brice Leverdez sortira en 2ème position, avec une victoire finale face à Singapour dans un match de classement.

N°4: Deux cartons rouges pour Carolina Marin (Mars 2015)

Finale du German Open 2015. Après quelques mois difficiles fin 2014, Carolina Marin revient fort avec une deuxième finale en deux compétitions.

L'occasion d'un match de rodage de bon aloi avant le All England, qui l'oppose à Sung Ji Hyun. L'Espagnole perd le premier set, mais parvient à renverser la vapeur ensuite malgré un carton jaune encaissé pour ce fameux "Time Wasting" (gain de temps) chassé par la BWF.

Mais la situation vire au tragi-comique au début du troisième set. Menée de trois points, la championne du monde en titre manque un amorti croisé. Tourne les talons, et se dirige vers son clan tout en reportant comme souvent le service adverse. La provocation de trop au goût de l'arbitre international Erik Kirt (Danemark), qui appelle Marin pour lui adresser un premier carton rouge.

Alors que Sung Ji Hyun impassible attend la suite des événements, Carolina Marin s'agace et discute avec l'arbitre. Puis reporte à nouveau à plusieurs reprises le service de la Coréenne. Sans se démonter, l'arbitre scandinave adresse alors un deuxième carton rouge à la reine du simple dames mondial, devant une salle médusée.

Le règlement stipule qu'un joueur ayant écopé de deux cartons rouges peut faire l'objet d'un carton noir, signifiant sa disqualification, et surtout une possible suspension. Mais pour l'attribuer, l'arbitre doit recourir au juge de la compétition, qui tempère manifestement les ardeurs de Kirt. Face à l'ampleur des événements, Marin craque et pleure derrière sa ligne de fond de court. Totalement hors du match ensuite, elle concède la manche décisive 21-6.

Cette scène rarissime a fait couler beaucoup d'encre les jours ayant suivi l'incident, les partisans de la star européenne s'opposant à ses détracteurs non-adeptes des vocalises de la diva de Huelva. À froid, l'Espagnole s'excusera pour son attitude dans la presse de son pays (non sans condamner la gestion du match d'Erik Kirt), avant de remporter son premier All England la semaine suivante.

N°3: Viktor Axelsen menacé de mort (Novembre 2015)

Si nous n'avons pu vous évoquer cette sordide histoire que très récemment, l'information remonte toutefois au début du mois de Novembre. Dans une interview accordée à TV2, Viktor Axelsen évoque des menaces gravissimes proférées à son encontre durant sa saison.

"J'ai reçu des menaces directes via Facebook, puis une autre à peine voilée sur Twitter, reliée à des notes laissées dans ma chambre d'hôtel. C'est devenu un peu trop concret, n'est ce pas ?" C'est par cette citation glaçante que le média scandinave débute son papier traitant du sujet.

À travers un témoignage sans langue de bois, le finaliste des récents Super Series Finals raconte alors les pressions subies au All England, puis aux Mondiaux 2015. Non sans évoquer la probable influence des paris sportifs dans ses déboires, laissant à nouveau planer l'ombre des matchs truqués sur le badminton international.

Ironie du sort: quelques jours plus tard, l'Allemand Marc Zwiebler publiera un témoignage similaire après sa finale perdu face à Brice Leverdez à l'Italian International 2015. Traité porc allemand par un anonyme, l'ancien top 10 mondial citera un message où l'athlète et sa famille se trouvaient directement menacés.

N°2: Fédérations et badistes sous tension (hiver 2015)

Comme s'il fallait ce type de péripéties pour que le badminton intéresse (enfin) le grand public. Pour les plus mauvaises raisons, le monde du volant a fait la une dans plusieurs pays d'Europe en 2015, non pas (seulement) pour ses performances, mais bien pour ses conflits internes. Avec parfois des conséquences graves pour la santé de la discipline dans les pays concernés.

Tout commence en Espagne (Janvier 2015). L'orage grondait depuis déjà quelques mois en coulisses du côté de la Federación Española de Bádminton (FESBA) et la gestion maladroite de l'après-titre mondial de Carolina Marin. En cause: le refus des cadres de l'équipe nationale de signer une nouvelle charte prévoyant la cession de leurs droits d'image à leur fédération (prévoyant notamment le don de 45% de leurs gains en compétition). L'équipe nationale sera en conséquence retirée des championnats d'Europe 2015. Carolina Marin ira jusqu'à réclamer en juin la démission du président de la fédération David Cabello.

Une compétition dans laquelle la France aura elle perdu bien plus qu'un quart de finale épique face à l'Allemagne (3-2). Un conflit autour de la participation des engagés dans la qualification olympique aux Jeux Européens éclate au grand jour, provoquant la suspension puis le départ des entraîneurs nationaux Bertrand Gallet et Svetoslav Stoyanov. Évincé de la compétition au matin des quarts en raison d'un conflit avec l'encadrement national, Brice Leverdez cristallise ces tensions. Un psychodrame qui mettra du temps à se résorber, permettant indirectement l'arrivée de Peter Gade à la direction des tricolores, et le départ de l'octuple champion de France au Danemark.

Même le tout-puissant Danemark connaîtra ses heures sombres en 2015. Au terme de plusieurs semaines de conflits de sponsors ubuesques dans ce qui sera appelé plus tard le cookiegate (les débats opposant les intérêts commerciaux de deux marques de biscuits danois), Boe, Mogensen, Pedersen, Rytter-Juhl et Fischer connaissent une exclusion temporaire de Badminton Denmark. Les cinq leaders du double danois ne participeront pas à la Sudirman Cup, dans un climat lourd qui ira jusqu'au refus de Carsten Mogensen de serrer la main du président de la fédération scandinave lors de la remise des trophées des Interclubs nationaux. Le conflit se conclura sur la réintégration des joueurs après un compromis ... et un nouveau sponsor pour les joueurs.

N°1: Les Mondiaux faussés par une épidémie (Août 2015)

Il est courant d'entendre dire qu'organiser des événements de premier plan exige un sans-faute. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que l'Indonésie ne peut pas vraiment se draper d'une telle dignité, après la véritable épidémie qui a touché le contingent international à Jakarta.

Yuhan Tan ouvre un bien triste bal dès le lundi en abandonnant au premier tour de la compétition. La raison ? Il la communiquera publiquement une semaine plus tard: une intoxication alimentaire. Il ne ne le sait pas encore, mais le Belge sera le premier d'une longue série de victimes.

Au fur et à mesure que la compétition avance, la liste de malades s'allonge à vitesse grande V, sans que le grand public n'en soit informé. Il faudra le forfait remarqué de Chris & Gabby Adcock en quarts de finale du double mixte pour que l'affaire commence à apparaître au grand jour. "J'ai beaucoup de questions sur ce qui s'est passé..." commentera le britannique, très amer, détaillera son état de santé inquiétant au jeudi soir: "La veille des quarts, j'étais incapable de maintenir des éléments liquides ou solides dans mon corps, peinant même à me lever de mon lit".

Après la compétition, les langues se délient. Des noms connus comme Ratchanok Intanon (abandon en demi-finale) et Lindaweni Fanetri (demi-finaliste, mais visiblement affectée sur le court) apparaissent sur la liste des victimes. Mais c'est surtout du côté de l'Europe que le bilan est lourd. Jan O Jorgensen, Chris Langridge (et la quasi-totalité de l'équipe britannique), les délégations finlandaises, italiennes ... et des Français, avec Thomas Rouxel et Brice Leverdez auront été sévèrement atteints; allant jusqu'à une hospitalisation pour certains.

Une maladie loin d'être sans conséquence pour la suite de la saison: les deux tricolores figurent parmi les plus durement touchés, perdant plusieurs kilos et mettant de nombreuses semaines à reprendre l'entraînement à plein régime. Jan O Jorgensen devra lui se retirer des Super Series de Septembre, incapable de reprendre la compétition avant le Denmark Open fin octobre.