À presque la moitié de la course à la qualification pour les JO de Rio 2016, l'étau se resserre pour certains badistes dotés d'ambitions pour ces 31èmes olympiades. En ce sens, l'étape parisienne résonnant au nom du fondateur des jeux modernes revêt une importance cruciale pour nombre d'entre eux, avec une grille de lecture multiple. Qu'il s'agisse de surclasser sa position dans le vol vers le Brésil en classe affaires, ou d'arracher sa carte d'embarquement, pas question de faire l'impasse sur Paris et les Yonex IFB 2015 !

Enjeux différents, objectif identique : la lumière en terre olympique

Outsiders en quête de participation historique, compatriotes en concurrence endiablée pour la pole position au classement, gros calibres à la bataille pour une place de tête de série, la manne de points du tournoi francilien reste un objectif prioritaire pour avancer vers l'Amérique du Sud.

Piment supplémentaire : les IFB constituent la 10ème étape sur les 12 que compte le circuit Super Series. Or, pour les cadors qui gravitent autour du top 20 mondial, il s'agit donc de l'une des dernières chances d'imprimer son nom sur un des cartons d'invitation destinés aux 8 meilleurs badistes du circuit phare de la BWF qui se rendront aux finales des Super Series 2015, en décembre à Dubai.

La lucrative escale du golfe persique constitue une aubaine inespérée : un tournoi « bonus », doté de l'équivalent en points d'un Super Series Premier, et de plus, avec seulement 8 fauteuils, la certitude d'une dotation minimale de quart de finaliste.

Enfin, pour le clan tricolore en course pour la qualification, tout donner pour un coup d'éclat à domicile dans un des tournois les plus rémunérateurs, et en contrepartie les plus relevés, pour les Bleus d'ici à mai. Et pourquoi pas, à l'aide du vent porteur du public, consolider sa position, marquer les esprits, ou griller la politesse à un rival direct...Revue d'effectif d'un contre la montre olympique captivant !

Lin Dan : le coup de force (trop) tranquille

Un début d'exercice 2015 peu convaincant, un parcours tranquille en Sudirman Cup en doublure de Chen Long, des Mondiaux sans panache, mais la lumière d'un titre à la rentrée au Japon face à Axelsen, qui vient de le crucifier au Danemark. C'est tout ce qu'il aura fallu à Super Dan, le gestionnaire, pour se retrouver en embuscade à la 5ème place des qualifiés, juste derrière Lee Chong Wei.

Le Malaisien ? Qu'il règle ses comptes avec Chen Long en haut du tableau ! En scorant à Coubertin, Lin Dan tentera le coup double : atteindre le premier carré de qualifiés synonyme de tête de série, et ôter définitivement toute opportunité de retour des vassaux Wang Zhengming et Tian Houwei.

Lee Chong Wei : à la recherche du temps (et du moral ?) perdu

Lee Chong Wei : à la recherche du temps (et du moral ?) perdu Les poursuivants de l'intouchable Chen Long se tiennent dans un mouchoir de poche : Lee Chong Wei joue des coudes parmi la jeune garde des Momota, Chou ou Axelsen.

Mais contrairement au reste de la meute, le revenant malaisien n'a aucune de chance de se qualifier pour Dubai. Et s'il veut conserver une position dans la caste des 4 premières têtes de série virtuelles à Rio, et esquiver aussi longtemps que possible le double champion du monde sur son parcours olympique, le Dato doit absolument faire sauter la banque aux IFB.

Un besoin plus que jamais renforcé compte tenu de ses résultats inquiétants en Corée, et encore cette semaine à Odense ! Il n'est pas encore temps d'enclencher sur le bouton « panique à bord », mais afin d'aborder plus sereinement la fin de la période de qualification, l'ex-n°1 mondial va devoir se faire violence et retrouver rapidement un rang de tête de série dans les prochains Super Series. Et cela passe, là encore, par un grand IFB 2015.

Srikanth K. : l'équilibre précaire du leadership indien

Propulsé lors d'une année 2014 stratosphérique des profondeurs du top 50 à la 3ème place mondiale, l'incarnation de la relève indienne tient la pôle pour Rio. Mais attention : le jeune Srikanth Kidambi (13) s'est montré moins percutant depuis avril 2015.

Le virtuose va devoir gérer les retours de deux compatriotes lancés à ses trousses : celui de son aîné et expérimenté Kashyap Parupalli, tombeur de Chen Long ce printemps, et celui de Ajay Jayaram, qui tient d'un cheveu le second ticket de son pays après sa victoire au Dutch Open.

Leverdez et Rouxel : le jeu du chat et de la souris

Il est des circonstances imprévisibles qui peuvent changer la donne. À l'instar de Boe, Mogensen ou Jan Jorgensen, Brice Leverdez a contracté une sévère infection lors des Mondiaux de Jakarta, stoppant net d'août à octobre son élan vers l'objectif sud-américain. Opposé à Lee Chong Wei à Coubertin, le champion de France va devoir créer l'exploit pour regagner dès la semaine prochaine sa place qualificative, désormais acquise pour la première fois à son ex-dauphin Thomas Rouxel.

Lucas Corvée n'a pas dit non plus son dernier mot, et arrive en trombe avec ses récents résultats convaincants, notamment en Belgique et en Ukraine. Compte tenu du plateau de ces IFB, il ne faudra rien de moins qu'un public parisien en fusion pour voir les tricolores tirer leur épingle du jeu.

Wang Yihan, Li Xuerui et Wang Shixian : trois reines, deux fauteuils

Luttes internes impitoyables, stratégies inavouables, reines déchues revanchardes…. Non, non, ce n'est pas le premier épisode de la 6ème saison de Game of Thrones qui va se jouer devant vous porte de Saint Coud, mais bien la bataille pour le Brésil entre le trio des ex-n°1 mondiales de l'écurie chinoise !

Si l'on occulte le fait que Wang Shixian a été écartée par la CBA de la Sudirman Cup, première compétition officielle de la course à la qualification olympique, c'est donc à la régulière Wang Yihan et Li Xuerui de mener – pour l'instant - le bal des prétendantes au soleil de Rio. Même si c'est sans doute le stratège Li Yongbo qui sifflera la fin de la partie.

Néanmoins, si Wang Shixian ne veut pas revivre le cauchemar de son éviction des JO de Londres au profit de Li Xuerui, future championne olympique, c'est à Paris que que son sort peut basculer en sa faveur. Double tenante du titre, sa collision programmée avec Wang Yihan en quarts sera décisive. Enfin, en tant que tête de liste pour Dubaï, Wang Shixian livrera également un combat à distance pour éloigner la championne olympique du top 8 pour les Emirats, dont Li Xuerui ne fait actuellement pas partie.

Koo Kien Keat/Tan Boon Heong : la (rase) campagne au pas de course

Interrompant sa retraite, l'enfant terrible et artiste du volant malaisien, Koo Kien Keat, s'unit une dernière fois à son fantasque alter ego Tan Boon Heong pour rejoindre le Brésil. Au prix d'une orgie de tournois frôlant déjà l'overdose : les IFB marqueront leur 12ème compétititon en 5 mois !

Mais cette hyperactivité leur réussit jusqu'ici plutôt bien. Si leurs compatriotes Goh V Shem/Tan Wee Kiong ont la jeunesse pour eux et talonnent leurs aînés, les ex n°1 mondiaux ont désormais en poche le premier billet malaisien grâce à leur titre des Dutch Open et Swiss Open (actuellement en demi-finale). Et doivent enfoncer le clou à Coubertin, une arène porte-bonheur pour les médaillés d'argent des Mondiaux 2010 de Paris.

Corée-Indonésie-Chine : triangulaire pour le top 8

Avec les stars asiatiques de la discipline quasi assurées de danser cet été sur un air de samba, la bataille des paires de seconds couteaux masculins en vue de la huitième place qualificative va se jouer sur plusieurs fronts. Tout d'abord contre les nations phares de la discipline cherchant à placer un deuxième équipage.

La concurrence est saine ? Que tout le monde se rassure, à l'intérieur de leurs propres frontières, la menace se précise aussi ! Plus constants depuis cet été, les Coréens Kim/Kim et leur dossard n°9 narguent les champions du monde 2014 Ko/Shin en 11èmes. Du côté de l'empire du milieu, les médaillés d'argent des Mondiaux de Jakarta Liu/Qiu, qui paient un automne terne, ont vu filer sous leur nez Chai/Hong, suivant le sillage des seuls qualifiés virtuels de la CBA, Fu/Zhang.

Fermant la marche du carnaval des trouble-fêtes, les deux tandems indonésiens Aria/Yusuf et Pratama/Suwardi sont tapis dans l'ombre d'Ahsan/Setiawan et du top 8, s'apprêtant à compliquer un peu plus l'équation.

Double mixte chinois : encombrement au sommet

Leur dérapage au deuxième tour au Danemark nous rappelle qu'ils sont finalement humains. Mais il n'y pas de quoi perturber les champions olympiques Zhang/Zhao, que l'on voit mal pour l'instant tomber de leur piédestal, même si Ko/Kim leur raviront momentanément la lumière.

Pourtant, l'intrigue se situe à peine plus loin, avec les deux autres couples de l'empire du milieu figurant dans le quinté placé pour Rio (en tenant compte des résultats du Danemark). Depuis leur putsch des Mondiaux où ils raflent l'argent promis à leurs aînés, les jeunes pépites Bao/Liu se tirent la bourre avec Xu/Ma, en relative méforme. Et si ces derniers mènent aux points, c'est uniquement à la faveur de leur participation à la Sudirman Cup. Le facétieux Xu Chen devra viser la perf' afin de se mettre en poche, outre le public de Coubertin qui apprécie ce comédien hors pair, un titre Super Series pour reconstituer avec Ma Jin son bas de laine avant l'hiver.

Conrad/Kolding : rêve tropical en Scandinavie

Un talent peut en cacher un autre. Certes, les médaillés d'argent des JO 2012 londoniens Boe/Mogensen occupent le devant de la scène avec leur retour à la compétition depuis la semaine dernière, après deux mois de congés maladie.

Mais ce sont les géants Conrad/Kolding qui sont actuellement en partance pour le Brésil, après un début 2015 canon et il est vrai, l'absence prolongée des tauliers danois. Mais pour résister au comeback tonitruant de leurs aînés, les 10èmes joueurs mondiaux auront une obligation de résultat aux IFB.

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