L'adage dit que les meilleures choses ont une fin. Et tout Peter Hoëg Gade qu'il est, le mythique joueur danois ne pouvait pas échapper à l'épreuve des adieux au Badminton de haut niveau. Après 20 ans d'une carrière remarquable à plus d'un titre, la légende a écrit le dernier chapitre de son histoire ce Vendredi 26 Octobre aux Internationaux de France 2012. Qui aurait pu imaginer, lorsque ce jeune Danois de 21 ans atteignait le sommet de la hiérarchie mondiale en 1997, que c'est à Paris que celui qui allait devenir une légende de son sport conclurait sa formidable histoire ?

Précoce et talentueux

Enfant sportif, naturellement doué physiquement, ce jeune enfant de la ville d'Aalborg (né un 14 Décembre 1976) a l'embarras du choix : prédisposé également pour le Football (et grand fan du Liverpool FC) il choisit pourtant le Badminton, où il se montre rapidement doté des qualités essentielles d'un futur grand : explosif, puissant, et doté d'une technique reconnaissable entre mille, le jeune Danois grandit dans le sillage de Morten Frost (son idole) et de Poul-Erik Hoyer, champion olympique Danois aux jeux d'Atlanta 1996. Gade n'attendra pas la consécration de son aîné pour s'illustrer en remportant le titre mondial chez les Juniors (1994) ... en double messieurs !

C'est pourtant bien à une carrière en solo que se destine le Danois. en 1995 il réussit le doublé simple/doubles aux championnats d'Europe juniors. L'année olympique 1996 et les obligations danoises vis à vis des joueurs confirmés passée, il remporte dès la première quinzaine de Janvier 1997 son 1er tournoi international à Taïwan, marquant les esprits en s'offrant le champion olympique et compatriote Poul-Erik Hoyer. Le médaillé d'or d'Atlanta aura sa revanche lors de l'US Open de la même année (Septembre), mais sera contraint de s'incliner à deux nouvelles reprises le mois suivant, d'abord en Allemagne, mais surtout sur leurs terres au Danemark, quelques jours plus tard.

Le monde découvre ce prodige de 21 ans, droitier magique vainqueur du German Open donc, mais battu en finale à domicile. Qu'importe : à l'issue d'un automne de gala, il prend possession de la première place mondiale : il la gardera un an et demi, étrennant ce nouveau statut par une victoire en Novembre à Hong-Kong.

Ne vous y trompez cependant pas : En 1997, Peter a également du apprendre à perdre : Après des débuts tonitruants, une défaite surprise au 1er tour du All England face au Danois Lin Liewen et une défaite en quarts de finale des Mondiaux mettent à mal une confiance en dents de scie. Peter Gade, c'est aussi ça : un joueur exceptionnel, mais qui manquera toujours de la petite étincelle lui permettant d'assumer son talent les tournois institutionnels.

All England 1999 : la clé du panthéon

Japon, Danemark, Suisse, Malaisie : en 1998, rien ne résiste à la patte droite magique. Du haut de ses 20 printemps, Gade intègre déjà la caste des maîtres du simple messieurs. Il remporte facilement le premier de ses 5 titres de champion d'Europe dès sa première tentative. Il s'impose en finale face à un certain Kenneth Jonassen, l'autre mythique danois des années 2000, mais toujours caché dans l'ombre du kid d'Alborg. Après une défaite en 95 face au très défensif Jonassen, 1998 marque aussi le début de 10 ans de domination de Gade sur son compatriote et ami. La retraite du Danois ponctuera une série impressionnante de 15 victoires consécutives pour le roi Peter.

Malgré son rang de numéro 1 mondial, le petit prince danois peine encore à gagner un grand titre. A 23 ans, ce vide est comblé en Mars 1999 : Peter Gade rentre définitivement dans la cour des grands en remportant le All England. Il s'impose en finale - et en trois manches - face à un petit prodige indonésien de 17 ans totalement inconnu : un certain Taufik Hidayat. Revivez ci-dessous la fin de ce match mythique de ce duel devenu un classique entre deux légendes.

Un éternel Poulidor

Intouchable en Europe (il conserve son titre en 2000 face à un Hoyer vieillissant), les failles de Gade dépendent moins de son talent insensé que de ses échecs répétés à tenir la barre moralement dans les moments chauds. Mondiaux 1999 : pour la seule et unique fois de sa carrière depuis son passage chez les Seniors, il s'incline en demi -finale face au Taïwanais Permadi Fung et se contente du bronze. 2000 : Alors qu'il n'a jamais perdu en 4 confrontations face à lui, Peter Gade s'incline face au Chinois Ji Xinpeng au All England (1/4 de finale), mais surtout aux JO 2000. Vaincu en trois manches à Sidney, il loupera sa seule occasion de décrocher une médaille olympique en s'inclinant pour le bronze face à l'Indonésien Hendrawan. Voici les derniers échanges disputées en demi-finale face au Chinois :

2001, l'année où tout a changé

Vainqueur de la bagatelle de 10 tournois internationaux sur les années 98-2000, Gade se remet en scelle après l'échec dramatique de Sidney. Premier tournoi de l'année à Seoul, et victoire au Korea Open en s'offrant notamment Xia Xuanze en demi-finale. On se dit alors que, les années passant (Gade a alors 25 ans), l'expérience va permettre au Danois de franchir ce diable de cap qui le sépare d'un titre mondial. Raté, encore et toujours. Sa défaite face à Gopichand au All England 2001 construit la légende naissante de l'Indien, futur vainqueur du tournoi. Le plus grand regret de sa carrière va suivre : qualifié pour la seule fois de son histoire en finale des championnats du Monde, Gade affronte l'Indonésien Hendrawan.

Son bourreau de la petite finale des JO 2000, proche de la fin de carrière. Après un premier set à sens unique pour le trentenaire de Jakarta, Gade prend l'ascendant physique sur le match. A bout de force, Hendrawan joue son va-tout sur la seconde manche. Alors encore joué en 15 points, le match va prendre une tournure dramatique en prolongations : à 16-16 partout, le prochain joueur à inscrire un point sur son service remporte la manche. Voici le match dans son intégralité : Rendez-vous vers la 57ème minute pour assister au dénouement.



15-9, 17-16. Une nouvelle fois, le talentueux Danois échoue aux portes d'un titre majeur. Malgré cette constante répétition d'échecs sur les grands rendez-vous, Gade est déjà une légende. Même l'Asie ne résiste pas à son jeu très offensif, sa fluidité, et ses feintes dévastatrices utilisant la fameuse double action de la tête de raquette. Pourtant, tout aurait pu s'arrêter à Bruneï, en 2001. Gravement blessé au genou lors des World GP Finals (l'équivalent par le passé des Super Series Finals), le Danois débute alors plus d'un an de voyages fréquents à l'hôpital, éloigné des courts et de ces grandes échéances qui lui échappent depuis si longtemps.

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