L'Homme en blanc arrive en retard en filet. Entamé, fatigué, il relève pour la dernière fois de sa carrière un volant de match dans un tournoi international officiel. Jan O Jorgensen frappe, cherche et trouve le bord de la ligne de couloir. Peter Hoëg Gade(photo en une) se fige, puis hoche la tête, acceptant la décision qui signifie la fin de près de 20 ans de carrière internationale . Dans le crépuscule parisien, l'ancien numéro 1 mondial s'incline en quarts de finale de "son" antre de Coubertin face à son successeur Jan O Jorgensen 18-21, 21-17, 21-14.
Un adieu qui aurait pu n'être qu'un au revoir
Lorsque les deux joueurs pénètrent sur le court à 17H00 tapantes, le plus stressé des deux n'est visiblement pas le plus âgé des deux. Sous les vivas de la foule de la porte de Saint-Cloud, Gade débute idéalement ce match par une domination jusqu'à la pause (11-10). Crispé, Jan O Jorgensen attaque à tout va, abrège les points alors que la logique aurait voulu qu'il fasse bien au contraire travailler son prestigieux ancêtre, ce qu'il fera uniquement à quelques rares reprises. Cet acharnement à agresser le chouchou de Coubertin paie jusqu'à 18-13, puis d'un coup d'un seul, la tendance s'inverse. Se préparant déjà aux adieux, Paris oublie le pedigree de son champion qui effectue une nouvelle remontée. Scénario impensable, il inscrit 8 points de rang à son jeune rival pour empocher le 1er set sous les acclamations d'une foule plus incrédule qu'heureuse (21-18).
A nos actes manqués
Jan O Jorgensen le disait hier sur son compte Facebook : "C'est la dernière de Peter ce qui rend ce match très spécial pour moi. A plus d'un titre, il a été mon idole et une grande source d'inspiration pour moi." Ces émotions semblent peser sur les épaules de la tête de série 6 qui ne se sort plus de cette situation. A 14-9 pour le vétéran danois, Coubertin entier croit à la victoire de son champion.
Mais Jan O Jorgensen n'est pas le descendant de Peter Gade pour rien et, malgré le stress, se décide à offrir plus de résistance à son modèle. En quelques échanges, il recolle à 15 partout, passe quelques secondes plus tard et s'envole (21-17) vers le troisième set.
Inéluctable
Gade avait loupé le coche, et toute la salle en en avait conscience. Mené de 4 points à la pause, distancé petit à petit par un Jan O Jorgensen à la main affermie, Gade dispute ses derniers échanges avec bravoure. Le couperet tombe à 20-14. En gentleman parfait, Jan O Jorgensen (photo en médaillon) ne jubile pas - ou très brièvement - malgré la victoire, ce n'est pas lui le héros. Ce n'est pas sa victoire que la foule acclame. Pendant qu'un Gade forcément nostalgique mais décidé à profiter de Coubertin une dernière fois lance ses raquettes dans les travées, nous descendons à sa rencontre dans les coulisses, conscients d'avoir assisté à l'un de ces moments qui marquent l'histoire d'un sport.
Gade : "Toutes les options sont encore ouvertes".
Peter, dans ce match tu as disputé beaucoup de longs échanges contre un joueur que tu connaissais par coeur : comment abordais-tu cette rencontre aujourd'hui?
En fait, en me levant ce matin je me suis dit "Ok, joue ce match comme les autres". Mais vers 10 heures, dans ma chambre d'hôtel, ça a commencé à devenir très difficile pour moi. Beaucoup de pensées, d'émotions m'assaillaient. Mais quand je suis rentrais sur le court je me sentais très bien, détendu. J'ai plutôt bien joué et j'aurais pu boucler la rencontre en deux manches mais j'ai raté le coche. J'ai continué à me battre de tout mon coeur, et je retiendrais au final la fierté d'avoir pu évoluer à un bon niveau à mon dernier tournoi, et surtout à mon âge.
Qu'est ce qui selon toi a fait la différence dans le troisième set ?
Pas grand chose. En remportant le second set, Jan O a retrouvé un peu de confiance en lui alors que j'avais le dessus sur lui pendant l'ensemble du match. J'aurais pu boucler le match en deux manches mais je n'ai pas pu. Vous savez, je ne sais pas ... des fois vous faites des choses que vous ne faites pas, mes émotions ont peut-être pris le dessus. J'ai malgré tout adoré ce match et adoré jouer une dernière fois devant ce public formidable.
Tu dois encore jouer un dernier d'adieu aux Masters de Copenhague en Décembre : as-tu décidé de ce que tu ferais ensuite ? Peux-tu nous en dire plus ?
En réalité je ne le sais pas encore moi même ! Toutes les options sont encore ouvertes. Cela pourrait être dans le coaching pour de la Fédération Danoise de Badminton, je pourrais également devenir l'ambassadeur de marques danoises en Chine, c'est une option également ... J'étudie mes options pour l'instant, mais le plus important reste pour le moment de pouvoir rester à la maison avec mes deux filles. Je veux profiter d'elles et rester auprès d'elles, et cela implique de limiter mes déplacements ce qui rend les choses un peu plus compliquées. J'y travaille cependant, et la Fédération Danoise également, et on verra où ça nous mène.
A SUIVRE : UN PORTRAIT COMPLET DE PETER GADE.
exilas
Le 26/10/2012 à 19h59 (0)Benito
Le 26/10/2012 à 20h33 (0)bzhsilverman
Le 27/10/2012 à 0h21 (0)thongsa
Le 27/10/2012 à 8h54 (0)By