Deux fois, Coubertin entier a cru arrivé le moment tant redouté de la fin de carrière de la légende Peter Hoëg Gade (photos). Deux fois, le Danois a joué avec SON public, SA salle. Et deux fois, Peter Gade s'en est sorti au terme d'un retournement de situation fulgurant. La victime se nomme cette fois-ci Ajay Jayaram, qui malgré le gain du 1er set n'a pu lui aussi envoyer le vétéran scandinave à la retraite (18-21, 21-17, 21-14).

Gade, maître de son destin

Le scénario de son 1er tour face au Japonais Ueda comportait deux axes principaux : un départ catastrophique, puis une remontée folle pour finalement dominer son rival du moment. Mais en bon dramaturge, le Danois sait surprendre son public, réinventer son script pour maintenir la tension dans le public parisien. Leçon numéro 1 : reprendre les mêmes bases qu'hier. Après avoir pris le 1er point, Gade réédite son départ laborieux de Mercredi. Pas de retour surprise avant la pause : Plus percutant et en réussite avec la bande, Ajay Jayaram ne se démonte pas et mène 11-4 à la pause.

Leçon numéro 2 : laisser croire à un retour à la normale : Après avoir été baladé aux quatre coins du terrain par un Indien très en jambes, Gade semble reprendre le contrôle des évènements. Moins friable en défense, le contrôle du filet revient dans sa raquette pour lui permettre une série de 7 points consécutifs en sa faveur. Remonté de 17-8 à 17-15, Gade manque de jus pour conclure le set et s'incline 21-18.

Meilleur devant le fait accompli

Côté médias, ça s'agite. Les adieux de Gade à Coubertin - et accessoirement au Badminton - promettent de rentrer dans l'histoire du sport, et personne ne veut manquer l'évènement. Alors, facétieux Peter ?

Toujours est-il qu'une fois la meute de photographes agglutinée proche de son terrain, le voici qui repart vers l'avant, marchant plus conquérant dans ce 1/8èmes de finale. Jayaram fait de la résisance, passant malgré tout en tête à la pause 11-9. Mais la confiance et la détermination sont passées dans le camp danois. Lorsque Gade passe devant à 12-11, il creuse immédiatement un petit écart, et va le conserver dans la folie ambiante pour un troisième set inespéré (21-17).

Leçon numéro 3 : ne plus se poser de question et lâcher les chevaux ! C'est ce qu'à fait à merveille le Danois. La crainte numéro 1 : le physique de plus en plus fragile du Danois allait-il tenir le choc ? Ce n'était définitivement pas le problème du roi Peter : laissant Jayaram s'épuiser en smashs appuyés, aller à la faute en tentant toujours plus osé pour casser les jambes du Danois, Gade attend son heure. Celle-ci vient immédiatement après la pause.
Reprenant la main à 12-11, Gade file vers le succès progressivement, gérant son match en homme d'expérience : Il joue avec la foule sur les derniers points, s'encourageant à chaque unité ajoutée à son décompte jusqu'à la délivrance : A 35 ans, il sera encore demain - et peut-être la dernière fois - le clou de la soirée face à Boonsak Ponsana ou Jan O Jorgensen.

Gade : "C'était un gros combat"

Peter, Que s'est-il passé au début du match ?

En fait, j'étais un peu frustré au début du match car je me sentais prêt mais Ajay jouait très bien. Il est très bon lorsqu'il s'agit de casser le rythme de son adversaire. Je savais néanmoins que j'aurais ma chance si je résistais à ses attaques et que je l'obligeais à jouer de longs rallies. L'issue du match m'a donné raison mais il a fallu lutter pour y arriver. Je me sentais malgré tout très bien sur le court avec l'atmosphère, le public. C'était un gros combat.

Dans quel état d'esprit te trouvais-tu lorsque tu as perdu le premier set ?

J'étais un peu frustré car je me sentais à deux doigts de l'emporter vous savez. A la fin, je remportais la plupart des rallies mais j'aurais souhaité commencé comme ça un peu plus tôt. C'était un peu frustrant mais je savais que j'avais encore toutes mes chances pour l'emporter

Comment appréhendes-tu ton prochain match contre Boonsak Ponsana ou Jan O Jorgensen ?

Ce sera très difficile quelque soit l'adversaire. J'adore jouer contre ces deux là et ce sera à coup sûr un très beau match, une très belle façon de mettre un terme à ma carrière.

Dans une superbe ambiance et un contexte particulier puisque ce sera la nocturne !

Exactement, c'est tout ce que je demande par ailleurs. Pour moi, c'est un scénario de rêve ! Maintenant je vais me détendre, manger un bon repas dehors et me préparer pour demain.

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