Crédit photo : Yohan NONOTTE - Badmintonphoto
"La tournée européenne (...) a été un moment clé"
Bonjour Margot, Anne, merci d'avoir accepté notre invitation et félicitations pour cette qualification pour les Jeux olympiques ! Pour commencer, quels ont été les moments clés de votre qualification pour les JO ? Et, est-ce qu'il y a un déclic au cours de cette période, qui vous a fait prendre conscience que c'était possible de faire les JO ?
Anne : Avant le début de la qualification olympique, on avait conscience qu'on partait sur une période importante et que c'était possible de se qualifier, donc on avait déjà cet objectif dans un coin de la tête. Et pendant la période de qualification, on a vraiment eu une explosion dans nos résultats, des performances qu'on avait jamais réalisé avant. La tournée européenne à l'automne 2023 avec la Finlande, le Danemark, la France puis l'Allemagne, a été un moment clé avec de très bons résultats et on a commencé à s'imposer sur le circuit World Tour. C'est une période qui nous a donné beaucoup de confiance, mais qui nous a aussi permis d'aborder sereinement la suite de la qualif'. On savait que c'était possible de se qualifier, mais on ne se mettait pas une pression monstre sur les résultats qu'on devait faire, sur les points qu'il fallait aller chercher. On cherchait plutôt à s'améliorer en tant que joueuses et paire, et cette démarche là nous a permis d'y aller étape par étape, de mettre en place des nouvelles choses tout au long de la période de qualification. Le fait qu'on ait progressé individuellement a permis de rendre notre paire plus forte, pour finalement se qualifier assez largement et je pense qu'on a eu raison d'aborder cette période de cette manière là.
Comment vos expériences passées dans des compétitions internationales vous aident-elles à appréhender les Jeux olympiques ?
Margot : (Réfléchit) On sort d'une grosse séance d'entraînement donc on a besoin de réfléchir un peu (rires). Je pense que ces expériences nous donnent beaucoup de confiance, ça nous permet d'être bien mentalement, de revenir à l'entraînement avec la motivation d'aller encore plus haut en travaillant sur des détails qui peuvent faire la différence. On analyse aussi beaucoup notre jeu pour gommer les petites erreurs et arriver aux Jeux en étant les plus fortes possibles.
Vous semblez être dans une période d'entraînement assez intense actuellement (entretien réalisé le 27 juin), comment se passe une préparation pour une compétition telle que les JO ? Est-ce qu'elle est différente de celles que vous pouvez avoir pour d'autres grandes compétitions ?
Anne : Pendant cette période de qualification, on a eu très peu de périodes d'entraînement avec des vrais blocs de travail. On a disputé beaucoup de tournois tout au long de l'année, donc on n'a quasiment pas eu l'occasion de s'entraîner à forte intensité, hormis avant les championnats d'Europe où on a eu deux vraies semaines de préparation, intensives mais qui nous ont permis d'arriver prêtes et en confiance sur la compétition. Et pour les Jeux, on a eu l'opportunité d'avoir un premier bloc de quatre semaines avant la tournée asiatique, et là on a maintenant un bloc de six semaines. On n'a jamais eu autant de temps pour s'entraîner et c'est vraiment top car ça nous permet de peaufiner les détails, d'approfondir les axes de travail qu'on souhaite améliorer jusqu'au début des JO. On est à la fin de la deuxième semaine de ce second bloc et c'est pour l'instant un gros travail physique avec de l'endurance, beaucoup de fond qui vont nous permettre de gagner en endurance pour ensuite aller vers une préparation plus spécifique avec des matchs et des situations tactiques pour laisser notre corps se reposer et arriver à 200 % sur l'évènement.
"l'objectif final reste d'aller chercher une médaille"
Il y a eu dans le passé des stages en altitude organisés par la FFBaD, ce n'est pas le cas pour les JO ?
Margot : Non, car avec l'altitude les volants sont très rapides, il n'y a aucun contrôle. C'est éventuellement intéressant pour la partie physique, mais dès qu'on a des sessions d'entraînement avec du jeu, ça devient vite compliqué donc les entraîneurs ont préféré ne pas y aller cette année pour éviter de devoir s'adapter en permanence aux conditions.
Étant à domicile, est-ce que vous allez avoir l'occasion de vous entraîner dans la salle de compétition (Arena porte de la Chapelle) avant l'arrivée de toutes les délégations étrangères ?
Margot : Non, ce ne sera pas possible. Une semaine avant le début des Jeux, la salle sera à disposition de tout le monde avec des plages d'entraînement spécifiques pour chaque nation, mais on n'aura pas la chance de pouvoir s'y entraîner avant cette période.
Est-ce que vous pourriez chacune votre tour donner un point fort de votre partenaire ?
Anne : La force de frappe de Margot, c'est vraiment un gros point fort dans notre association. Elle nous permet d'avoir une très bonne attaque, d'être agressives et de passer plus facilement au travers des défenses de double dames qui sont très solides.
Margot : Ce n'est pas un point fort technique ou physique, qui se voit directement sur le terrain mais je dirais sa résilience. On fait parfois face à des obstacles plus ou moins importants, et elle a cette faculté à toujours travailler dur pour progresser, se remettre en question et surmonter ces obstacles.
On a remarqué lors de l'Orléans Masters 2024, que vous échangiez beaucoup pendant les points (frappe à venir, prise d'option), est-ce que c'est le genre de détails qui permet de concurrencer les meilleures paires asiatiques ?
Anne : Effectivement, on travaille là-dessus depuis quelques mois maintenant et c'est vrai qu'on a vu la différence. On a commencé à le mettre en place à l'entraînement et on s'est rendu compte que c'était quelque chose qui fonctionnait plutôt bien car la fille au filet peut anticiper de manière plus rapide la frappe à venir de l'adversaire. On a mis en place des "combos" d'attaque pour permettre à celle qui est devant d'anticiper le plus possible, car finalement il y a beaucoup d'habitudes, de routines dans les défenses de nos adversaires et ça nous permet d'avoir un temps d'avance sur nos adversaires.
Vous êtes la première paire française qualifiée en double dames depuis 1992, que représente pour vous cette participation aux Jeux olympiques ?
Anne : C'est la consécration de toutes ces années de badminton dans notre carrière ! Être à domicile pour disputer les Jeux olympiques, c'est vraiment incroyable et génial. On est encore à 30 jours du début des JO, je ne m'imagine pas encore totalement dans cet événement là, mais ça va être une grosse fête où il y aura toute notre famille et nos proches. C'est excitant, ça donne envie d'y être et je suis vraiment heureuse de pouvoir y participer, d'avoir ce privilège. On a hâte d'y être.
En parlant des proches présents dans la salle, est-ce que le fait de jouer à domicile ça va être un soutien majeur ou est-ce que ça met une pression supplémentaire ?
Margot : Je pense que c'est un aspect qui nous pousse à nous surpasser encore plus sur le terrain. On l'a ressenti aux IFB 2023, à Rennes, où l'ambiance était incroyable et on a toutes les deux adoré cette atmosphère qui nous poussait à aller chercher le petit plus d'énergie qui permet de faire la différence dans les moments importants. Dans les temps faibles, quand on est dos au mur, le fait d'entendre tous ces encouragements ça nous donne envie de nous surpasser encore plus.
Quel est l'objectif pour ces JO ?
Margot : La médaille ! On va attendre le tirage au sort (ndlr, le 12 juillet) pour commencer, mais on va y aller pas à pas. Dans un premier temps, sortir de poules et si on y parvient, on sait qu'ensuite tout peut arriver donc l'objectif final reste d'aller chercher une médaille.
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