Crédit photo : Yonex International
Un quatuor sans partage
En 2005, ces quatre hommes sont âgés de 21 (Lin Dan), 22 (Lee Chong Wei), 23 (Taufik Hidayat) et 28 ans (Peter Gade). Pourtant ces quatre là écrivent déjà l’histoire de leur sport. Petit retour sur les 18 derniers mois pour vous rendre compte de ce qui est en train de se passer à l’orée des Championnats du monde 2005.
Commençons peut-être par l’aîné de la bande, Peter Gade. Du haut de ses 28 ans, le Danois est déjà triple champion d’Europe, vice-champion du monde en 2001 et médaillé de bronze en 1999 (l’année du titre historique de Camilla Martin). De quoi vous classer un bonhomme. Mais le natif d’Aalborg commence à sentir le vent tourner : sur les 18 derniers mois, il n’a gagné que deux tournois - dont les Europe - ( et le Korea Open 2005).
Dans le dur, oui mais pas pour n’importe quelle raison. Notamment car un homme est en train de brûler les étapes. Cet homme n’est autre que Lin Dan, la future légende de la CBA. Il est le plus jeune de ce quatuor mais pas le moins talentueux. Déjà numéro un mondial à 20 ans, il vient de remporter 7 tournois en 18 mois avec en point d’orgue le All England 2004.
Le troisième c’est le Malaisien Lee Chong Wei. Peut-être le moins performant à l’international au moment des faits. Double tenant du titre du Malaysia Open et lauréat du Chinese Taipei Open 2004, il n’est encore qu’un jeune joueur dans l’ombre de son aîné Wong Choong Hann, vice-champion du monde en titre. Pourtant numéro 5 mondial, il est le moins attendu.
Comment parler de ces trois là sans parler de Taufik Hidayat ? Tout simplement impossible. Hidayat n’a pas encore 24 ans à Anaheim et il a déjà gagné ou presque. Double vainqueur de la Thomas Cup en 2000 et 2002, il est double champion d’Asie (2000, 2004), tenant du titre des Jeux d’Asie et champion olympique. Médaillé de bronze lors des Mondiaux de Séville en 2001, il ne lui manque que l’or mondial pour compléter un palmarès exceptionnel.
Sur les 18 derniers mois (saison 2004 et début 2005), lorsque un de ces quatre joueurs était engagé dans un tournoi, 16 fois sur 21 il a été remporté par l’un d’entre eux (dont 12 consécutifs). Seuls les deux derniers championnats du monde ont échappé à ces quatre joueurs au cours des dernières compétitions majeures.
Crédit photo : Yonex International
Le plus beau podium de l’histoire ?
Comme dans tous les sports, le débat des meilleurs joueurs de l’histoire existe et se discutera sans cesse. Peut-être la réponse n’est en réalité qu’une question générationnelle. Pourtant, en écrivant ces lignes j’ai envie de vous dire que Lin Dan, Lee Chong Wei, Peter Gade et Taufik Hidayat sont les quatre meilleurs joueurs de tous les temps, ou du moins quatre des plus grands.
Pourquoi ? En fait, pour plein de raisons. D’abord car ces quatre joueurs incarnent près de 15 voire 20 ans de badminton mondial, en passant par les titres, les instants de légende, les larmes, les matchs à couper le souffle et ces rivalités qui resteront à jamais. Ensuite parce qu’ils ont apporté au badminton plus que n’importe qui auparavant. Ils ne sont pas les uniques responsables de la médiatisation de leur sport mais leur contribution est innombrable.
Aussi par l’aura de ces joueurs. Parce qu’ils ont rendu le badminton populaire et qu’ils sont devenus les idoles de beaucoup. Le revers de Taufik Hidayat, les tricks de Peter Gade, les jumps smashs de Lee Chong Wei et la géniale patte gauche de Lin Dan. Tellement se sont identifiés et s’identifient encore à ces joueurs et leurs coups mythiques.
A l’heure où l’on parle, le palmarès réuni de ce quatuor est invraisemblable. On parle de 6 médailles olympiques, de 20 médailles mondiales et de 25 médailles continentales. Anaheim est et restera la seule à avoir réuni Taufik Hidayat, Lin Dan, Lee Chong Wei et Peter Gade sur un podium international.
A l’aube des demi-finales
Tout heureux d’obtenir un tirage favorable, Lee Chong Wei et Peter Gade se baladent lors des quatre premiers matchs. Pour les deux, la médaille est acquise sans difficulté mais l’objectif est bien plus grand. On ne peut pas en dire autant pour Lin Dan, qui n’a pas réellement profité de son statut de tête de série 1 pour s’éviter les embûches. Mis en danger par Shoji Sato en 8ème, Super Dan s’en sort une première fois (15-8, 9-15, 15-5) avant de réitérer face à Lee Hyun Il au tour suivant (5-15, 15-7, 15-8).
Et des embûches, Hidayat en a eu sur son chemin. Pas épargné non plus par sa partie de tableau, il doit batailler face à Boonsak Ponsana en 8ème (15-9, 15-17, 15-10) avant de retrouver le Danois Kenneth Jonassen, tête de série 2. Durant l’hégémonie des 18 derniers mois, Ponsana et Jonassen font parti des seuls à avoir remporté un tournoi international lors des 18 derniers mois. Malgré la volonté d’aller chercher une première médaille mondiale, Jonassen ne va pas tenir dans la durée du match (3-15, 15-10, 15-7).
Ils y sont. Tous les 4 réunis en demi-finale d’une grande compétition. Lin Dan affrontera Peter Gade dans la première demi-finale alors que Lee Chong Wei et Taufik Hidayat se feront face dans l’autre partie du tableau. Alors que les deux premiers cités nous offrent un vrai mano à mano, la seconde demie n’atteindra pas les sommets espérés. Hidayat est trop fort, trop solide, trop constant et inflige une leçon à Lee Chong Wei (15-3, 15-12).
Le duel offert par Peter Gade et Lin Dan est probablement le plus beau match de la compétition. Ils se rendent coup pour coup (15-9, 13-15). Dans l’ultime manche, Lin Dan est devant au score mais Gade n’est jamais bien loin. Il est tout proche de recoller à 12-11 lorsque le juge de service annonce une faute du Danois. On ne saura jamais si cette faute a changé quelque chose à l’histoire mais Gade craque et laisse à nouveau s’envoler le rêve d’un titre mondial (15-9, 13-15, 15-11).
Une finale qui tourne à la correction
Certains observateurs pensaient que Lee Chong Wei avait été saisi par la pression en demi-finale mais en réalité c’est le niveau de jeu de taufik Hidayat qu’il fallait admirer. Car Lin Dan va lui aussi subir les foudres de l’Indonésien. Mené 8-0 dans le premier set, il se retrouve dos au mur (15-3). S’il démarre le second acte en trombe (6-3), il va rapidement déchanter. La fulgurance d’Hidayat refait surface, Super Dan subit et ne se relèvera jamais du retour de son adversaire (15-3, 15-7). En à peine 36 minutes, il succède à Hendrawan dernier champion du monde Indonésien en 2001.
Taufik Hidayat était-il le plus doué de cette génération ? La réponse ne peut être catégorique. Alors qu’il venait de tout gagner à 23 ans (Jeux d’Asie, Jeux Olympiques, Championnat d’Asie et Championnat du monde), Lin Dan et Lee Chong Wei ont poussé leurs carrières bien plus loin, et même s’ils ne sont désormais plus à leur meilleur niveau ils font parti des meilleurs mondiaux. Hidayat, lui a décidé de mettre un terme à sa carrière juste après ses 30 ans (en 2013).
arghoops
Le 27/07/2018 à 16h21 (0)Pour moi LD resterea le meilleur joueur de tous les temps, par rapport à son mental, son jeu, son charisme, et...ses titres.
LCW n'a pas à rougir, mais moins de mental...
Moins de souvenir sur HIDAYAT car les vidéos étaient trop rares à l'époque.
GADE restera aussi une légende car "pratiquement" le seul européen de l'époque à tenir tête aux asiatiques, et son jeu reste tellement magnifique...