Corvée l'avait bien méritée
Sans faire injure à un Lucas Claerbout toujours plus fort et complet au fil des semaines, voir Lucas Corvée privé une troisième fois d'un titre national aurait vraiment constitué un crève-coeur. Très proche du sacre en 2015, l'Alençonnais avait tout réussi jusqu'ici, évitant le piège Kehlhoffner, mettant fin au règne de Brice Leverdez. Un parcours de rêve enfin concrétisé, pour - peut-être - l'envol tant attendu du talentueux nouveau roi bleu.
Même si les oppositions récentes avec le Talençais votaient pour lui, écarter celui qui menace directement en ce moment son statut de numéro 3 français allait forcément être compliqué. Impérial face à Thomas Rouxel la veille, son homonyme et ami n'a pas laissé sa forme rayonnante derrière lui avant de faire ses bagages pour la Normandie.
Mais sur sa lancée de son succès historique du samedi, c'est bien Lucas Corvée qui prend le meilleur départ. Plus complet techniquement et parfait sur l'avant du court, le joueur de l'IMBC92 se détache après la pause (18-10) pour emporter la première manche 21-16.
Mais inscrire un point face à Lucas Claerbout demande de lourds sacrifices physiques. Une dépense énergétique qui se paie cash au début du second set (11-3), avec pensait-on alors la promesse d'une manche lâchée par le régional de l'étape. Mais Corvée a bien grandi depuis sa première finale de 2013. Point après point, il revient sur un adversaire qu'il connait par coeur, résistant à l'allongement de la durée des points imposée par son adversaire. Sans faiblir mentalement, il décroche un seul et unique volant de match. Il ne lui en faudra pas plus pour tomber à genoux, le poids de la couronne nationale désormais sur sa tête.
Après plusieurs mois délicats sur la scène internationale, ce premier titre de champion de France vient au meilleur moment pour le relancer. Avec la promesse d'un vaillant normand lors des championnats d'Europe par équipes 2016 à Kazan ?
Lebuhanic, mieux vaut tard que jamais !
Elle a tout connu. Les 10 ans de joug de Pi Hongyan, avec 7 finales perdues en 8 disputées. La respiration de 2011 avec la blessure de l'ancienne reine nationale lui offrant enfin l'opportunité de monter sur la plus haute marche. Puis l'émergence de Delphine Lansac et la naturalisation de Sashina Vignes qui l'auront écarté de la première place. Mais à 34 ans et alors que plus personne ne l'attendait, Perrine Lebuhanic a bénéficié d'un triste coup de pouce du destin aujourd'hui pour obtenir une deuxième médaille d'or nationale.
Ne retirons pas à l'Isséenne un très bon début de match, et un avantage au score mérité avant l'entame du money time du premier set. Mais à 16-15, tout bascule: sur un appui tristement similaire à celui de sa grave blessure à Orléans, Sashina Vignes crie de douleur et s'arrête net. La joueuse ne tombe pas, marche, mais semble atteinte, un sentiment renforcé par l'appréhension légitime encore dans la tête de l'Alsacienne.
Avec la pugnacité qui la caractérise, la double tenante du titre refuse d'abandonner et revient au combat la jambe strappée. Mais après 5 points au second set, la Strasbourgeoise dit stop et cède son titre à son aînée francilienne. Les larmes de détresse de Sashina Vignes resteront comme l'une des images marquantes de cette édition 2016 des championnats de France. Mais l'histoire retiendra que, malgré la fin de carrière approchant, l'éternelle numéro 2 française avait bien mérité son tour d'honneur.
Gaëtan Mittelheisser, la prise de pouvoir ?
Dans le sillage de ses aînés Ronan Labar et Baptiste Carême, il est depuis ses jeunes années appelé à mener le double français. Mais la blessure du second cité auront précipité la prise de pouvoir de Gaëtan Mittelheisser les couronnes nationales.
Avec une première prise symbolique: celle du double mixte avec Audrey Fontaine, ou le duo d'ambassadeurs Badmania avait été nettement dominés l'année passée par Ronan Labar et Émilie Lefel. Cette fois et malgré un baroud d'honneur des numéros 1 français, les cadets des deux paires prennent leur revanche à la faveur d'une belle maîtrise du filet (21-14, 19-21, 21-17).
Jamais inquiétés de toute la compétition, son partenariat avec Bastian Kersaudy n'aura pas non plus tremblé en finale pour disposer facilement de Jordan Corvée et Julien Maio. Inhibés par l'enjeu, l'autre régional de l'étape et son partenaire alsacien n'ont pas pu résister à leurs nouveaux partenaires d'entraînement ( 21-9, 21-14).
Pour Audrey Fontaine, pas de doublé en revanche. Malgré le gain du premier set, notre ambassadrice associée à Anne Tran ont du céder face à la tempête Delrue/Palermo, vainqueurs du titre national pour leur première association en compétition (19-21, 21-16, 21-14). Une nouvelle illustration du talent de la jeune Delphine Delrue, 17 ans et membre de la génération dorée vainqueur des 6 nations minimes par équipes, et qui devrait très vite intégrer l'INSEP au vu du niveau de jeu affiché à Rouen.
Soyez le premier à réagir