Epilogue d’une semaine indonésienne riche en émotions. Etape phare du circuit mondial, victoire historique de Jan Jorgensen, liesse populaire jamais démentie au pays du badminton roi, c’est un fait : on n’est jamais déçus par les finales de l’Open d’Indonésie ! L’exténuant marathon des Super Series de juin vient de rendre son deuxième verdict, illuminé par des Danois survoltés, qui raflent deux titres, à égalité avec la Chine. De bonne augure deux mois avant les Mondiaux à domicile. Les vainqueurs de cette deuxième semaine de Super Series laisseront également un petit goût amer pour le public de Jakarta : les seuls représentants du pays, Ahsan/Setiawan, restent sur la deuxième marche du podium.
Jorgensen et le Danemark en ordre de bataille pour les Mondiaux d’août prochain
Il restait sur deux nets revers de rang face à Kenichi Tago (4) ? Jamais un Européen, pas même son illustre aîné, le grand Peter Gade, n’avait remporté l’Open d’Indonésie ? Et alors ? Et alors, rien, puisque Jan O. Jorgensen (3) signe un coup fracassant en devenant roi de Jakarta ce dimanche, pour sa première victoire en terre asiatique d’un « Grand Chelem » du badminton, les Super Series Premier. Tellement plus symbolique et délicate à arracher qu’une étape européenne, il aura suffi d’observer les réactions des deux protagonistes à l’issue de ce temps fort des finales pour en saisir l’importance. Larmes d’émotion pour le champion d’Europe incrédule, et insondable détresse pour l’inconsolable héros de la Thomas Cup, qui quitte le terrain avant même d’avoir salué son adversaire savourant son titre. Il faut dire que dans ce match tendu et tactique, les attentes du Japonais, suscitées par sa performance de la veille sur Lee Chong Wei, se sont révélées proportionnelles à la hauteur de sa chute. De ces deux purs attaquants, le guerrier viking aura été le plus patient, et le premier à retrouver une défense imperméable. Remake des IFB 2013, Jan Jorgensen conquiert le titre, et le c½ur du public de l’Istoria Stadium, en deux sets 21-18/21-18.
Le c½ur du public ? La clameur des retentissants « Den-mark ! Den-mark !» laissait peu de doutes à l’entame de la journée : il semblait déjà acquis à la cause de Fisher/Pedersen (4). Mais pas le sort du match. En face : les médaillés d’argent olympiques et des Mondiaux 2013 Xu/Ma (3) et tombeurs des chouchous locaux Ahmad/Natsir hier. Et si les errements scandinaves, avec 10 points perdus d’affilée, ont largement contribué à la confiscation du premier set par le duo chinois, la maîtrise tactique danoise a de nouveau pris le dessus. Sevrée de volants, à la nervosité palpable, Ma Jin a laissé le colosse Xu Chen ramer au fond du court. Et progressivement prendre l’eau, puis finalement couler 18-21/21-16/21-14. Joachim Fisher exulte. A 35 ans, le facétieux Danois sait que sa carrière ne se prolongera sûrement pas jusqu’à Rio 2016, mais se positionne avec Christinna Perdersen en grand favori pour les Mondiaux de Copenhague.
Service express pour la Chine
La troisième lame « made in China » aura été la bonne. La championne du monde en titre, Ratchanok, Intanon (4) a pourtant relevé la tête à Jakarta après une année plutôt terne. Cette deuxième finale de Super Series en 2014 apparaît donc comme un motif de satisfaction. Après Sun Yu en quarts, la jeune virtuose thaïe s’offre la dame en forme du moment, Wang Shixian (2) dans une demi-finale où elle a puisé dans ses ressources. Qui lui ont cruellement manqué pour relever le défi physique du remake des glorieux Mondiaux 2013 proposé par une Li Xuerui (1) toujours aussi tranchante. En véritable machine à broyer, et même menée 7-1 en deuxième manche, la championne olympique n’a pas plus fait dans la dentelle aujourd’hui que durant sa quinzaine de Super Series. Et a su remettre les gaz au moment opportun (21-13/21-13). Toujours impériale après son sacre à Tokyo la semaine dernière, la n°1 mondiale réalise le doublé à Jakarta en abandonnant un seul set en 10 matches.
Domination et routine féminine pour l’empire du milieu également en doubles dames, et à double titre. D’abord par la victoire des championnes olympiques Zhao/Tian (8)….ensuite parce qu’elle intervient grâce au forfait de leurs partenaires d’entraînement et adversaires du jour, Ma Jin/Tang Yuanting. Ma Jin blessée ? Plausible me direz-vous, tant elle paraissait statique à la fin de son premier match de mixte…et tellement suspect à la fois, tant ce scénario des duels sino-chinois avortés se répète à l’envi, dans une sorte de folklore de l’empire du milieu.
Lee Yong Dae gâche la fête à Jakarta
Mais la fête a été de courte durée. Face au rouleau compresseur Coréen Lee/Yoo (6), les héros locaux n’auront jamais pesé dans la balance. En deux petits sets 21-15/21-17, l’affaire était pliée. Même les quatre volants de match sauvés par les favoris de l’arène n’auront fait qu’illusion. Ce sera donc chou blanc pour l’Indonésie. Qu’elle semble loin la parenthèse de la Thomas Cup, où les n°1 mondiaux avaient stoppé l’élan du duo du matin calme. Avec désormais une avance de 5-1 au compteur dans leurs confrontations directes, Lee/Yo s’accrochent à leur costume de bête noire des Indonésiens. Plus globalement, que ce soit avec Jung Jae Sung, Ko Sung Hyun, ou désormais Yoo Yeon Seong, Lee Yong Dae s’affirme non pas comme l’arbre qui cache la forêt du talent coréen, bien présent derrière les projecteurs, mais comme la pierre angulaire de l’usine coréenne à cueillir des trophées.
Mais pas le temps de poser valises et lauriers. Reste à enchaîner la même prestation dès la semaine prochaine sur l’ultime Super Series avant les Mondiaux de Copenhague. Eprouvante pour les organismes, les nerfs et la fatigue générale, cette troisième semaine de compétition ininterrompue pour une partie de l’élite mondiale du badminton, démarre à Sydney dès mardi, sans Lee Chong Wei ni Li Xuerui, mais avec le retour de la superstar Lin Dan.
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