Crédit photo : Steve Matyja

C'est l'évènement qui nous a tous fait trembler de bonheur dimanche tôt le matin. Lucas Mazur, 23 ans a réalisé le rêve de sa vie et pour lequel il s'entraîne depuis tant d'années : devenir champion paralympique à Tokyo. Un combat sans nom a été livré pour atteindre ce titre, et le mérite n'en a été que plus grand. Il y a tout simplement une nouvelle page qui s'écrit après cet accomplissement hors norme : c'est la toute première fois qu'un badiste français décroche cette médaille. Il n'y a pas meillleur moyen pour faire briller le parabadminton francophone ainsi que cet incroyable collectif qui nous a fait vibrer cette semaine. Sans oublier la médaille d'argent en double mixte pour à nouveau Lucas Mazur avec Faustine Noël. Félicitations à eux d'avoir aussi bien représentés la France lors de cette olympiade, la communauté des français est fière de vous...

Il l'a fait : Mazur en or !

Dimanche matin Mazur avait rendez vous avec l'histoire. Il fallait être matinal(e) pour assister à cette incroyable bataille opposant notre Français à Suhas Yathiraj (le match était à 5h15) , mais l'importance de cette finale paralympique accordait l'excuse du siècle pour un réveil aux aurores. Certes, sur le papier, Mazur est numéro 1 mondial, mais tout est remis en question quand il s'agit d'un titre paralympique. Sans compter les nombreux matchs qu'il a fallut faire pour en arriver là, sans oublier ceux du tableau de double mixte. Car le chemin du Français a tout sauf été simple.

Les adversaires de poule de Mazur n'ont pas réussi à l'inquiéter pour la suite de sa compétition : les trois matchs sont gagnés en deux sets, et pour certains avec des scores plus que sévères. Le futur camblysien est dans sa compétition, imperturbable et connaît très bien son objectif final. Cependant, tout se complique en sortie de poule. Sans grande surprise car il a fait face à Tarum, tête de série numéro 2 du tableau. La demi-finale est plus que relevée, Mazur a dû puiser dans ses ressources pour arracher sa place en finale. C'est après plus une heure de jeu et un dernier set à 21/18 que le Français triomphe dans la douleur.

Le moment tant attendu est arrivé : la fameuse finale paralympique. L'adversaire du jour est l'Indien Suhas Yathiraj, déjà rencontré en poule. Engagé uniquement sur le tableau de simple, tous ses matchs remportés l'ont été en deux sets. Certes, l'avantage psychologique n'est pas de son côté, mais il s'agit d'une finale, donc les cartes sont tout de même redistribuées. Et en effet, le match n'était plus du tout le même. Yathiraj prend l'avantage en gagnant le premier set 21/15. Bien que Lucas mène au début de celui-ci, ses erreurs profitent à son adversaire qui se montrent incisif et décisif dans toutes ses attaques. Le Français semble désemparé et subit le jeu de l'Indien. Yathiraj engage le deuxième set dans la meilleure des postures.

Mais Lucas Mazur se ressaisit. Ce n'est pas immédiat puisqu'il est mené d'entrée de jeu 1/4. 8/11 pour l'Indien à la pause... Mais le déclic se produit pour le Français. Les joueurs sont alors au coude à coude à 15 partout. Mazur apparaît transcendé, forçant les erreurs de son adversaire et enchaînant les attaques victorieuses. Il remporte la deuxième manche 21/17, le dernier set sera donc décisif. Celui qui au bout, offre la si précieuse médaille d'or. La confiance a changé de camp. La bataille s'annonce tout de même rude. A nouveau, l'Indien prend de suite l'avantage. A nouveau, Mazur se reprend et revient juste avant la pause. 10/11 pour l'Indien, c'est la dernière ligne droite. Mazur recolle au score et s'envole à 13 partout. La victoire se dessine lentement mais la patience est ici le maître mot. L'Indien est bien moins lucide et multiplie les fautes. A 20/15, la fin est proche. « Un point » se répète Mazur avec conviction. Et enfin, après une heure de jeu c'est la délivrance. Le dernier point est intense, la tension est palpable dans tout le gymnase. Une faute de l'Indien et Lucas Mazur exulte, réalisant à peine ce qu'il vient d'accomplir.

La douleur disparaît, pour laisser place une euphorie évidente. Le clan français se lève et célèbre la victoire comme il se le doit. Le moment est magique, à en frissonner. Car au delà de rapporter cette médaille à la France, le message est beau : gagner sur le continent où le badminton est l'un des sports roi, devenir le premier joueur français de parabadminton et badminton à ramener l'or à la maison, et en plus offrir la dernière médaille à la France, c'est tout simplement sensationnel. Le 5 septembre est marqué d'une pierre blanche pour le parabadminton et le badminton français. Immense bravo à Lucas Mazur pour cela, ce jeune a un bien bel avenir qui l'attend et a réussit à faire vibrer des milliers de personnes à travers le monde. Et comme il l'a dit si bien dans son message de remerciement sur Instagram « A jamais le premier. »

Belles performances de Faustine Noël

Faustine Noël n'a pas été en reste pendant cette édition des Jeux Paralympiques. Engagée sur les trois tableaux, le challenge était de taille pour la joueuse du REC Badminton. En simple, son parcours est stoppé en poule après deux matchs perdus en deux sets. En double dames, avec sa partenaire Lenaïg Morin, les résultats ne sont pas les mêmes puisque les deux jeunes femmes iront jusqu'à la petite finale. Elles gagnent leurs deux matchs de poule en deux sets sans accroche. Avec moins de 30 minutes passées sur le terrain, les deux badistes réalisent des performances parfaitement maîtrisées et apparaissent prêtes pour la phase finale.

Malheureusement, elles se feront battre par les futures championnes paralympiques et premières mondiales Leani Ratri Oktila et Khalimatus Sadiyah en deux sets avec un score qui ne laisse pas de place au doute... Mais une médaille était toujours possible, et pour cela il fallait s'imposer face aux Japonaises Ito Noriko et Suzuki Ayako. Malgré une belle confrontation, cela ne suffira pas pour sortir victorieuses de ce match : 16/21 et 18/21 pour les Nippones. A souligner le beau parcours des deux Françaises, qui est de bonne augure pour la suite. Félicitations à elles !

Enfin, Noël/Mazur faisait la paire en mixte avec une place de tête de série numéro 2. L'entrée dans la compétition a été compliqué. Le premier match est arraché sur le fil avec un troisième set haletant qui finit à 21/18. Le deuxième match est serré mais conclut en deux set, la demi-finale est facile (21/10 21/11). Vient enfin la finale tant espérée face aux Indonésiens Susanto/Ratri Oktila, tête de série numéro 1. Mazur flottait déjà avec sa médaille d'or de simple, ce match était un moyen de marquer un peu plus l'histoire et de revenir avec deux médailles dorées. Mais tout ne se passe pas toujours comme espéré, et le match est remporté par des Indonésiens efficaces 21/23 17/21.

Le doute a été permis durant le premier set, mais leurs adversaires ont été plus forts. Les deux paires se répondent coup pour coup. Bien que les Français mènent à la pause 11/8 puis 14/9, leurs opposants ne se laissent pas démonter pour autant. Leurs coups sont particulièrement bien placés, leur dynamique est parfaite. Premier set remporté. Première partie du deuxième set et les deux paires sont encore proches au score, mais les Indonésiens feront la différence pour avoir l'avantage à la pause. Les points s'enchaînent et en dépit des attaques dévastatrices françaises, cela ne sera pas assez pour s'offrir un troisième set. 10/15 pour les Indonésiens, puis 17/19. Faute de Faustine Noël pour le point final et c'est une victoire indonésienne. Bravo aux Français pour leur beau parcours, mais aussi à Hary/Leani Ratri pour cette belle prestation.

Un collectif paralympique unique

Un petit groupe de privilégiés a eu la chance de participer à la première édition des Jeux Paralympiques avec du parabadminton. Rien que cela, c'est beau. En dépit de quelques blessures qui ont limité certaines performances des joueurs, tous peuvent être fiers de ce qu'ils ont accompli. Ainsi, en plus de Lucas Mazur, Faustine Noël et Lenaïg Morin, Meril Loquette, David Toupé et Thomas Jakobs ont participé à cette olympiade. Loquette était engagé sur le tableau de simple après un repêchage de dernière minute. Sans pression, il a entamé sa compétition avec pour objectif de jouer son jeu et d'en faire le maximum possible. Mais cela ne fut pas une tâche aisée, surtout avec une blessure sur le dernier match de poule. Verdict : pas de sortie de poule et un match gagné sur les trois. A noter la belle victoire sur le Polonais Mroz Bartlomiej en deux sets. David Toupé et Thomas Jakobs, quant à eux, étaient engagés en simple mais aussi en double ensemble. Leur destin sera fâcheusement le même : leurs deux matchs de poule perdus en simple ainsi qu'en double. Mais encore une fois, personne n'a démérité et même si quelques frustrations doivent persister, surtout pour les blessures contractées en court de route, ils peuvent être plus que satisfaits de leur semaine à Tokyo.

Bien évidement, les médailles sont objectifs de tout sportif concourant aux Jeux Olympiques et Paralympiques. Mais parfois, il est possible de remporter bien plus que cela : la fierté de représenter son pays, de passer des moments inoubliables sur et hors du terrain, pouvoir encourager ses coéquipiers sous un même drapeau, et enfin de faire vibrer toute une nation à des milliers de kilomètres de celle-là. C'est ce que tout le collectif français du parabadminton à réussi à faire cette semaine. Les encouragements, messages de soutiens ont été nombreux et ont beaucoup comptés pour les joueurs. Et c'est sûrement l'une des plus belles valeurs du sport : celle du partage. Alors un grand merci à tous ceux qui contribuent pou faire vivre cela : les joueurs, l'équipe technique, les entraîneurs, les proches... Merci, tout simplement.

Les émotions ont été fortes à Tokyo, alors qu'en sera t-il à Paris en 2024 lorsque les matchs seront à la maison, et sans crise sanitaire ? Les perspectives sont bien prometteuses, d'autant plus que les joueurs pourront se galvaniser de cette première expérience hors du commun. Dans tous les cas, nous avons hâtes d'y être, et on est sûrs que vous aussi ! #Paris2024

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