Crédit photo : Sylvain Nalet

Alors que le monde du badminton attend (im)patiemment la fin de la crise du Covid 19 pour retrouver le chemin des courts, il y en a un qui ne reprendra pas la raquette sur le circuit professionnel : le Danois Mathias Boe a annoncé il y a quelques jours qu'il mettait un terme à sa carrière.

Un départ à la retraite mûrement réfléchi

Débutée en 2000, la longue carrière de Mathias Boe va se terminer sur une histoire de quarantaine : en effet, celui qui fêtera ses 40 ans le 11 Juillet prochain devait disputer la Thomas Cup à domicile puis éventuellement les Jeux Olympiques de Tokyo mais le coronavirus a eu raison de ces deux tournois, finalement reportés. Associé depuis un peu plus d'un an à Mads Conrad, qui a également annoncé sa retraite à venir, Mathias Boe n'a pas vraiment réussi à donner un dernier coup de boost à sa carrière. Vainqueurs de deux Super 100 en Russie et au Canada au début de leur association, les deux Danois ont ensuite perdu du terrain dans la qualification olympique au profit de leurs cadets Astrup/Rasmussen.

« Après avoir annoncé en Février que la Thomas Cup et les Jeux Olympiques seraient mes derniers tournois, je pensais que ça me donnerait la motivation de me donner à 100% sur les derniers mois, mais malheureusement ça a eu l'effet inverse. Je suis tout simplement trop usé mentalement . » a t-il expliqué à Badminton Europe. « J'ai pris ma décision avant le All England, donc ma carrière n'est heureusement pas stoppée par le virus ».

Crédit photo : Yonex International

Entre JO et Mondiaux, l'argent ne fait pas le bonheur

Si Mathias Boe termine sa carrière aux côtés de Mads Conrad, il restera à tout jamais indissociable de Carsten Mogensen, avec qui il a évolué plus de 15 ans. Vainqueurs de leur premier tournoi commun en 2004, les deux Danois ont ensuite largement garni leur palmarès aux cours des années suivantes malgré la concurrence de paires très redoutables. Titrés seize fois sur l'ancien circuit Superseries avec quasiment autant de médailles d'argent au compteur, leur principal fait d'arme sera sûrement leur série de trois victoires consécutives aux Superseries Finals, qui rassemblent pourtant les huit meilleures paires du monde en 2010, 2011 et 2012.

Ce triplé est d'autant plus exceptionnel qu'en dehors de Boe/Mogensen, aucune paire européenne de double homme n'a remporté ce tournoi. Cette domination ne se sera pourtant pas traduite par une victoire dans les deux plus gros tournois du circuit. Défaits par les Chinois Cai/Fu en finale des Jeux Olympiques de Londres en 2012, ils échoueront l'année suivante en finale des Mondiaux de Guangzhou face aux Indonésiens Ahsan/Setiawan et ne feront pas mieux dans ces deux compétitions.

Une technique impressionnante au service d'un caractère bien trempé

Au delà du palmarès, Mathias Boe c'est avant tout un style de jeu et une attitude qui détonne dans le monde du badminton. Moins puissant et mobile que la plupart de ses adversaires, le natif de Frederikssund a largement compensé avec une patte gauche magique et une vision du jeu sûrement unique au monde. Quasiment imprenable au filet , ses coups venus d'ailleurs et ses changements de rythmes l'ont rendu imprévisible et très compliqué à jouer. La paire Boe/Mogensen s'est longtemps démarquée des joueurs de la nouvelle génération comme Kamura/Sonoda, Gideon/Sukamuljo ou encore Goh/Tan et ce style de jeu défensif semble de plus en plus rare chez les paires de double hommes.

Malgré un indéniable fair-play, Mathias Boe s'est également fait remarquer par un certain sens du show, voire de la provocation. Adepte des matchs à haute tension, le vétéran danois a souvent cherché (et réussi) à remporter la guerre des nerfs avant de traduire cette domination sur le terrain. A l'image d'Anders Rasmussen, ses pas de danse pour célébrer une victoire l'ont rendu populaire auprès du public mais beaucoup moins auprès de certains adversaires comme Kevin Sukamuljo, pourtant loin d'être irréprochable dans ce domaine.

Crédit photo : Yonex International

Merci Mathias Boe !

Plus qu'un joueur, Mathias Boe est également un personnage, qui aura marqué son époque. Malgré l'absence de titre olympique ou mondial à son palmarès, peu de joueurs peuvent se targuer d'avoir évolué 20 ans au plus haut niveau en remportant autant de trophées. La paire Boe/Mogensen fait partie avec Cai/Fu, Jung/Lee, Ahsan/Setiawan ou encore Koo/Tan d'une génération de doubles hommes dorée qui aura fait rêver énormément de fans de badminton. Place maintenant à une retraite bien méritée pour Mathias Boe !