Crédit photo : Badmania.fr

Nous ne pouvions pas faire l'impasse sur une petite discussion avec l'homme du moment. Héroïque lors de la victoire historique du Danemark à la Thomas Cup 2016, Hans-Kristian Vittinghus a accepté de revenir pour Badmania.fr sur sa formidable épopée à Kunshan. Entre l'ivresse du succès et son expérience de la folle semaine danoise, le 13ème joueur mondial nous en dit plus sur le parcours des siens en Chine.

''Nous avons été les meilleurs sur ce tournoi'

En début de semaine, votre retour au Danemark a été marqué par une foule dense célébrant votre victoire à l'aéroport de Copenhague. En tant que badiste, ce n'est pas le genre de moment que l'on vit souvent !
"Nous avons eu le droit à un accueil incroyable à notre atterrissage, un moment qu'aucun de nous n'aurait jamais imaginé vivre. C'était de la folie quand nous avons posé le pied dans le hall des arrivées ! C'est plutôt un traitement réservé d'ordinaire à des sports plus côtés au Danemark, comme le Football ou le Handball. Nous avons énormément apprécié cette attention, qui a contribué encore davantage à rendre cette expérience globale unique."


Avec ce titre à la Thomas Cup 2016, vous avez réussi l'exploit de surpasser les générations précédentes, et notamment des légendes comme Gade, Jonassen (qui était sur la chaise de coach derrière toi), ou Hoyer. Qu'est ce qui a fait la force de cette équipe ?
"Il n'y a aucun doute sur le fait que l'esprit d'équipe qui nous animé la semaine dernière était incomparable. J'ai fait partie de nombreuses équipes dans ma carrière, mais celle-là était spéciale. Les 10 joueurs ont donné 100% de ce qu'ils avaient durant toute la compétition. Il n'y avait pas de rancoeur si vous n'étiez pas choisi pour jouer une rencontre, juste de la concentration et l'envie de pousser derrière ses partenaires. Nous étions 100% honnêtes et nous faisons complètement confiance les uns les autres. Cela est illustré clairement par le fait que tous les joueurs de l'équipe ont remporté au moins une victoire cruciale durant cette campagne de la Thomas Cup, où nous avons remporté 4 matchs de suite sur le score de 3-2. Bien sûr que nous avons eu un peu de chance que la Chine soit éliminée si tôt, mais je pense honnêtement que nous avons prouvé avoir été la meilleure équipe du tournoi."

Crédit photo : Yonex International

''Pas le droit de passer à côté''

Dis-nous en plus sur ton vécu sur ce tournoi : tu es arrivé à Kunshan avec un vrai supplément de confiance suite à ton bon début de saison 2016, le tout après une année 2015 plus compliquée ...
"J'abordais le tournoi avec excitation, très heureux de pouvoir apporter ma pierre à l'édifice. C'est la toute première Thomas Cup que je pouvais disputer dans un état de forme optimal. Les trois dernières éditions, j'ai été frappé par toutes sortes de maux : empoisonnement du sang, blessure au dos, au pied ... je n'avais jamais été capable d'offrir à l 'équipe quelque chose de spécial sur le court. Cette fois, je me sentais en confiance après un bon début d'année (demi-finaliste du All England, ndlr), et je rêvais de jouer un rôle clé en tant que simple hommes 3. Toute ma préparation après les championnats d'Europe a été axée sur ce but, et je suis enchanté d'avoir pu le concrétiser sur le court."


Vient cette demi-finale face à la Malaisie, où Jan O Jorgensen est contraint de se retirer suite à une blessure à la hanche, te propulsant simple hommes 2. Ta victoire relance la rencontre complètement : comment as-tu vécu cette situation délicate sur la route vers le titre ?
"J'ai senti beaucoup de pression en rentrant sur le court à 0-2, mais j'avais un plan de jeu limpide pour aller chercher la gagne. Malgré cela, j'ai vécu un début de match cauchemardesque, mais j'étais très bien préparé tactiquement et mentalement, donc j'ai su rester calme et produire ce que j'estime être une grosse performance sur ce duel. Jouer si bien sous une telle pression psychologique m'a apporté beaucoup de confiance en ma capacité à aborder des moments décisifs. Bien sûr, c'était surtout très important pour l'équipe d'avoir pu faire basculer la rencontre, mais les 3 victoires ont toutes eu la même valeur. Les autres gars ont joué avec la même pression : tu gagnes, ou tu sors ..."


L'apothéose arrive avec ce match parfait face à l'Indonésien Mustofa. Quel était ton état d'esprit sur le court ?
"Je me suis senti un peu nerveux bien sûr, mais moins que lors des quarts et demi-finales. Surtout, j'étais très excité d'avoir une chance d'offrir la Thomas Cup à mon pays ! Je pense qu'avoir déjà été sous grande pression les deux matchs précédents a été un gros avantage pour mieux la gérer sur cette finale. Je n'arrêtais pas de garder en tête que ce moment était tout ce dont j'avais rêvé depuis des années : je n'avais pas le droit de passer à côté. J'étais prêt mentalement à profiter du moment."

''Je n'avais rien vécu de tel !''

Un dernier smash sur la ligne, et voilà le Danemark au sommet. Quels ont été tes premiers sentiments sur ce dernier point ?
"C'était un sentiment incroyable, même si j'étais un peu inquiet car je pensais que Mustofa allait challenger le dernier smash. Ça aurait un peu gâché la fête ! J'ai ressenti tellement d'émotions différentes que j'ai du le regarder en vidéo plusieurs fois pour en reconstituer la saveur. Quelques heures après le match, je n'arrivais même pas à me rappeler le déroulement du dernier point, et ce à quoi je pensais. C'était le flou le plus total ! J'ai eu du temps pour tout revisionner maintenant, et ça me fait sentir très fier de la manière dont j'ai géré ce match. En considérant le contexte, une finale de Thomas Cup avec un score de 2-2, je ne vois pas ce que j'aurais pu faire de mieux. C'était presque parfait, et ça me donne beaucoup de confiance pour l'avenir."


Comment avez-vous fêté cette victoire après ce succès sur le 5ème match ?
"Nous avons commencé à chanter et danser dans le bus qui nous ramenait à l'hôtel. L'ambiance était extatique : je n'avais rien vécu de tel ! À l'hôtel, nous avions bien sûr descendu quelques bières avant d'aller au 20ème étage pour un dîner d'honneur où l'euphorie à atteint son paroxysme ! Après quelques bières de plus, du vin et du champagne, nous avons fêté dignement ce titre dans un nightclub local durant toute la nuit. Tout ce que je peux dire, c'est que ça a été une super nuit, mais je ne vais pas partager plus de détails avec vous : je ne pense pas que vos lecteurs soient prêts pour ça !"


Une dernière question : ce genre d'aboutissement majeur peut-il constituer un déclic pour toi pour la suite de ta carrière ?
"Avec cette victoire, je me suis prouvé que je pouvais être bon dans les moments de pression les plus intenses. Rien ne peut être plus étouffant qu'un match en or à 2-2, en finale de la Thomas Cup. J'espère que cela m'aidera à rester plus serein dans le futur, sur des duels similaires. Mais j'aurais toujours besoin du même sérieux dans ma préparation. Rien ne vient à vous facilement, et ce n'est pas parce que j'ai réussi à tenir bon quelques matchs en Chine que je n'aurais pas besoin de continuer à travailler très dur pour y parvenir à nouveau."