On attendait du spectacle, et Jakarta n'a pas été déçu ! Au même titre que la pesante chaleur indonésienne, le troisième tour des championnats du monde de badminton 2015 a fait beaucoup de dégâts. Au programme donc : de nombreux coups de théâtre, des matchs marathons, des pleurs, des cris et de la courtoisie. Retour sur une journée riche en émotions où les rangs de toutes les délégations commencent drastiquement à s’éclaircir.

L’Empire du Milieu ne fait (presque) plus peur ...

Peut-on encore parler de surprise ? La championne olympique en titre Li Xuerui (3) est la grande perdante du jour. Finaliste en 2013 et 2014, la Chinoise profitera du reste de la compétition dans les gradins avant même les quarts de finale. La cause de ce mal ? L’Indienne P.V Sindhu (11), ancienne Top 10 mondiale et médaillée de bronze aux Mondiaux 2013 et 2014, qui à tout juste 20 ans est de retour à son meilleur niveau.

Éclipsée par le charisme et les résultats rayonnants de son aînée Saina Nehwal, la native d’Hyderabad signe un retour fracassant (21-17, 14-21, 21-17). Nouveau coup dur en revanche pour la reine sans couronne Li Xuerui : ce nouvel échec aux mondiaux ne va pas lui donner la sérénité après laquelle elle court, et la fragilise encore un peu plus dans l'échiquier national.

La China Badminton Association (CBA) a bien failli essuyer un autre désagrément en simple dame : l’athlétique Wang Yihan (6) a peiné pour ouvrir les portes des quarts en se heurtant à la ténacité de la Coréenne Bae Yeon Ju (10). La princesse Wang Shixian (7) est la seule à avoir vraiment fait bonne figure en s’imposant 24-22, 21-11 contre Ongbumrungpan (15). 2 qualifiées sur 3, c’est presque indigne à ce stade de la compétition pour la meilleure nation de badminton au monde. Et le cauchemar ne s’arrête pas là pour la CBA.

Connu pour être la chasse gardée de l’Empire du milieu, le double féminin est le tableau ayant connu le plus de déboires chinois aujourd’hui. Luo/Luo (2) vaincues par Fukuman/Yonao, Ma/Tang (6) matées par Go/Yoo : seules les légendaires Wang/Yu (3) évitent le zéro pointé en annihilant les Coréennes Chang/Jung (10). Autre performance au grand dam de Li Yongbo, les Néerlandais Arends/Piek (15), bourreaux de nos tricolores Labar/Lefel, ont cette fois eu le dernier mot sur les Chinois Lu/Huang (6) au terme d’une bataille sanglante de plus d’une heure (18-21, 26-24, 23-21). N'en jetez plus : chez les femmes, la bannière rouge hisse le drapeau blanc !

… mais conserve encore de nombreuses ressources

La force du nombre côté chinois aide à limiter la casse. Exemple : les mixtes Zhang/Zhao (1), Xu/Ma (2) et Liu/Bao (4) sont encore tous en lice, trustant presque la moitié du Top 8. Chez les hommes, Fu/Zhang et Liu/Qiu (9) sont également là et bien là. Et que dire du simple hommes ? Chen Long (1) n’était tout de même pas très serein face au smasheur fou Tanongsak Saensomboonsuk. Le n°1 mondial avait dernièrement eu beaucoup de difficultés à canaliser l’agressivité du Thaïlandais. Mais n’est pas champion du monde qui veut. Très concentré et très appliqué, le blindage du leader chinois était aujourd’hui encore impénétrable. Trop impatient, les petites fautes faciles du 22ème joueur mondial n’ont pas aidé et ont surtout contribué à sceller son destin 21-17, 21-18.

Insolent de facilité, Lin Dan (5) a lui contrôlé d’une main de maître sa chamaillerie avec l'adorable H-K Vittinghus (14), trop précipité et coupable de nombreuses fautes directes (21-9, 21-13). À noter la grande satisfaction de Lin Dan à l'issue de la rencontre, poing serré, comme un symbole de cette montée en puissance observée depuis lundi. Wang Zhengming (8) n’a lui pas réussi à suivre l’exemple de ses aînés face au maître Lee Chong Wei. Mais que ce fut fastidieux pour le Malaisien peroxydé, habitué pourtant à dominer le numéro 3 chinois ! Il rencontrera demain le vieux loup de mer Hu Yun, vainqueur surprise de Srikanth Kidambi (3) qui avait pourtant sauvé 2 volants en fin de partie (14-21, 21-17, 23-21).

Autre fait du jour : Lin Dan a challengé un point ... par erreur et contre lui-mêmei, menant à près de 2 minutes de confusion au début du second set face à Vittinghus. L'incident cocasse est à retrouver ci-dessous.

Ratchanok Intanon dans la tourmente

Drame à Jakarta. La plus jeune championne du monde de tous les temps Ratchanok Intanon (5) sort de la compétition sur une civière. Après une guerre effroyable face à Lindaweni Fanetri, la n°1 thaïlandaise est contrainte d’abandonner sur blessure. Clouée au sol, en pleurs, civières, médecins : le cocktail d’images fait mal au coeur. Surtout après un match incroyable et un premier set au suspense insoutenable ! Les cris infernaux des supporters indonésiens ont largement aidé l’héroïne locale à pallier le déficit de talent face au trésor thaïlandais... et la pousser à bout physiquement.

Surprise mais emphatique, la chouchou de l’Istora Stadium ne savoure même pas sa victoire et vient carrément en aide de la pépite asiatique allongée sur le sol. Même les aficionados indonésiens en tribunes font trembler les murs en scandant "Intanon" pendant de longues minutes. Parfois la magie et l’amour du sport ont quelque chose d’à la fois beau et cruel.

Visiblement pas au top de sa forme, Carolina Marin (1) a bien failli connaitre le même sort que sa rivale thaïlandaise en se tordant la cheville sur une mauvaise chute. Plus de peur que de mal, mais l’Ibérique est encore allée se battre jusqu’au troisième set pour pouvoir accéder aux quarts de finale et défendre son titre, au détriment de Pai Yu Po (21-11, 18-21, 21-17). Saina Nehwal (2), Tai Tzu Ying (4) et Sung Ji Hyun (8) sont finalement les deux seules à passer ce troisième tour assassin sans y laisser des plumes.

Le Danemark en souffrance, le Japon affaibli

Revoilà l'Angleterre ... et tant pis pour le Danemark ! Les sujets de sa majesté ont fait des ravages conséquents dans le camp danois, qui perdent deux autres atouts de poids dans les disciplines du double. En mixte, le couple Adcock/Adcock (7) se débarrasse logiquement de leurs semblables européens Pieler Kolding/Rytter Juhl (13 - 21-16, 16-21, 21-10). En double hommes, les grands Conrad-Petersen/Pieler Kolding (10) sont étouffés 17-21, 21-18, 21-19 par les Britanniques Ellis/Langridge que l'on n’arrête désormais plus depuis leur percée d’hier face à Lee/Tsai (8). Jusqu’où iront-ils ?

Jan O Jorgensen (2) a quant à lui livré une partition parfaite face à Son Wan Ho (9). Les deux badistes, réputés pour être ni les plus techniques ni les plus puissants mais parmi les plus endurants et défensifs du circuit, se connaissent bien. Historique : 4 confrontations dont 3 en faveur de l’Asiatique, le Danois sait qu’il faut sortir le grand jeu. Plus constant dans l’effort, plus rapide et diablement plus offensif, ce dernier marche outrageusement sur un Coréen complètement dépassé (21-19, 21-11). Le prodige Axelsen (7) a de son côté stoppé non sans difficultés l’Indien Prannoy (11) 21-16, 19-21, 21-18.

Les n°1 mondiales japonaises Matsutomo/Takahashi (1) se sont laissées étonnamment étourdir par les Malaisiennes Anscelly/Soong 21-15, 12-21, 21-14, qu’elles avaient pourtant écrasées à l’Uber Cup l’année dernière. Leurs concitoyennes Maeda/Kakiiwa (8) les rejoignent elles aussi dans les vestiaires avec la même sanction suite à leur déroute face aux Indiennes Gutta/Ponnappa (13) (21-15, 18-21, 21-19).

Alors que le pays du Soleil-Levant a déjà perdu ses deux joueuses phares en simple dame hier, la fraîcheur et le talent du jeune Kento Momota (4) apportent un peu de stabilité dans le bastion japonais. Le protégé de Keita Masuda a mis fin à la résistance du vétéran vietnamien Tien Minh Nguyen (21-15, 21-16) et relèvera demain un challenge intéressant en la personne de Wei Nan, vainqueur du Malaisien Zulfadli Zulkiffli (21-15, 21-9). Enjeu : une première médaille mondiale pour les deux joueurs !

Pas de victimes à déplorer du côté des pointures du double Maheswari/Polii (7), Ahmad/Natsir (3), Ko/Kim (8), Lee/Yoo (1), Boe/Mogensen (2), Ahsan/Setiawan (3) (qui ont néanmoins encore transpiré jusqu’au troisième set), et Endo/Hayakawa (6).

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