Quelle journée paradoxale pour nos Frenchies ! Les deux dernières paires tricolores encore en course aux championnats du monde 2015 de Jakarta ont fait des vagues dans l’Istora Stadium, sans succès. Mais s’ils ne parviennent pas à passer le cap du 2ème tour, les 4 fantastiques Lansac/Lefel et Carême/Labar repartent de la capitale indonésienne avec une confiance renforcée en leurs ambitions olympiques pour les seconds. Le deuxième tour a également marqué la débâcle des champions du monde en titre du double masculin Ko/Shin.

Labar/Carême frôlent l’exploit

La performance tricolore du jour est à mettre au compte de la meilleure paire masculine de l’hexagone. Baptiste Carême et Ronan Labar ont donné des frissons pendant près d’une heure aux chouchous indonésiens Hendra Setiawan et Mohammad Ahsan (3). D’un côté, les double champions de France. De l’autre, les champions du monde 2013, dont un champion olympique, jouant dans un gymnase et une atmosphère qu’ils connaissent par coeur. À ce défi s’ajoute un public n’ayant de yeux que pour leurs héros nationaux.

Mais transcendés par l’événement et n’ayant rien à perdre, les n°1 français n’ont que faire du CV de leurs adversaires et du soutien en tribunes. Peu importe la configuration du match, et même si celui-ci avait tous les airs d’une véritable exécution sur la place publique : le duo leader de l'INSEP avance avec une déconcertante décontraction sur ce défi. Et ça marche !

Comme leurs équivalents féminins, nos gladiateurs tout vêtus de bleu tiennent la dragée haute à la paire mondiale de référence en première manche. Jusqu’au money time (15-15), l’opposition est une véritable partie d’échecs, et nos deux mousquetaires se montrent les plus malins et résistants pour mettre les rois en position d’échec (21-19). Oublions le deuxième set, où les champions d’Asie dominent nos soldats du début à la fin (21-17) car la belle personnifie à elle seule le bouillonnant bras de fer entre les deux associations. L’Aixois et le Grand Synthois poussent les Indonésiens à faire des fautes et démarrent plutôt bien, toujours grâce à un jeu très agressif, une parfaite maîtrise du filet et des services variés (6-4).

À chaque point gagné, les Français jubilent. Le rêve est permis. Mais, plus calmes et expérimentés à ce niveau de jeu, bien que toujours sous la pression des fulgurances ponctuées de fautes des Français (17-13, 17-16), Ahsan/Setiawan serrent le jeu et s'offrent 3 volants de match. À 18-20, le quintuple champion de France Baptiste Carême sert cruellement dans le filet (18-21). Sourire jaune sur ce dernier, et déception sur le visage de son partenaire se lisent clairement : l'exploit n'était pas loin.

Sur le chemin des vestiaires, le premier déclare au micro "voir le positif tout de suite" malgré un "manque de lucidité" dans les moments chauds. Convaincu qu’ils "en sont capables", c’est un Ronan Labar frustré et à qui il tarde de voir ce "déclic" arriver malgré les performances passées qui analyse "un manque de récurrence" de matchs aussi intenses contre des joueurs de ce calibre, notamment à l’entraînement. Une performance de bonne augure pour les échéances tricolores et qui aurait pu rester longtemps dans les annales du badminton français. Les médias internationaux - site de la BWF en tête - ne s'y trompent pas et mettent en valeurs leurs étincelles qui ne seront au moins pas passées inaperçues.

Une célébration plus qu’une défaite d’adieu

Emilie Lefel et Delphine Lansac affrontaient elles pour leur dernière apparition côte-à-côte sur la scène internationale les Japonaises Kakiiwa/Maeda (8), 6ème paire au classement BWF et bourreaux des Françaises au Swiss Open 5 mois plus tôt. Pas de quoi les intimider malgré la stature des deux nippones, elles qui voulaient conclure leur partenariat plein de réussites en beauté. Alors que les deux duos ne se lâchent pas d’une semelle jusqu’à la pause du premier round, c’est bien Lansac/Lefel qui trouve la solution pour prendre une précieuse marge jusqu’à la fin de l’échauffourée.

Contre toute attente, le gain du premier set revient aux Françaises (21-17). On se met à espérer, que les championnes de France signent la meilleure performance de leur carrière et que leur aventure jakartanaise ne s’arrête pas là, après un si beau parcours. Malheureusement, les Japonaises ne sont pas tête de série pour rien et la réalité rattrape donc les Bleues.

Logiquement, les Asiatiques prennent l’avantage avec autorité dés l’entame du deuxième et troisième sets et s’envolent sans trembler pour accéder au 3ème tour (21-11, 21-13). Le contrat est tout de même rempli pour le duo champion de France, et nul doute qu’Emilie Lefel regrettera sa protégée Delphine Lansac, partie se consacrer aux joutes éprouvantes du simple dames. Avec du recul, cette défaite pleine de panache est sans doute la meilleure fin à apporter à ce duo. Qui aurait accepté sans sourciller la séparation d'un duo tricolore capable de s'offrir l'une des meilleures paires au monde ?

Les champions du monde Ko/Shin déjà out!

La magie de Jakarta n’opère pas seulement sur nos champions nationaux. Ou serait-ce tout simplement la chaleur volcanique de l’Istora Stadium ? En tout cas, les champions du monde 2014 Ko Sung Hyun et Shin Baek Choel (7) en ont fait les frais. Ces derniers ont tout simplement été impuissants face aux attaques éclairs et incessantes des dangereux Malaisiens Goh/Tan, qu’ils rencontraient pour la première fois. Surclassés 21-12, 21-15, ils n’accèdent même pas au 3ème tour.

Autre embarras, la chute de l’autochtone adulé Tommy Sugiarto (15) qui s’incline dans la disgrâce au cours d’un match très tendu face à un Wei Nan toujours aussi létal (26-24, 8-21, 22-20). De même pour l’Indien Parupalli (10) qui se fait surprendre par le Vietnamien aux trois poumons Tien Minh Nguyen, de retour au premier plan 17-21, 21-13, 21-11. Guidée par le fanatisme des supporters indonésiens, Lindaweni Fanetri rattrape la déconvenue de son homologue masculin en inhibant la Japonaise Minatsu Mitani (13) 19-21, 21-14, 21-11.

En double, même l’insubmersible China Badminton Association (CBA) accuse deux lourdes pertes, dont une en opposition avec la logique du ranking international. D’abord, les élancés Chai/Hong (4) s’agenouillent aux pieds des petits mais vifs Japonais Kamura/Sonoda (18-21, 21-17, 21-13). Les Nippons les avaient déjà croqués au même endroit il y a 2 ans. Puis comme si cela ne suffisait pas, Hashimoto/Hirata (16) enfoncent le clou en empêchant Cai/Lu de combler ce manque dans un tableau de double hommes décidement délicat pour l'Empire du milieu (12-21, 21-18, 23-21).

Du côté du vieux Continent, les athlètes russes Ivanov/Sozonov (11) sont renversés par les prometteurs indonésiens Yusuf/Arya Pankaryania au terme d’un match haletant, déjà vainqueurs contre eux en juin dernier à l’Open d’Indonésie. Un revers européen compensé par les Britanniques Ellis/Langridge qui signent aujourd’hui une des plus belles prouesses de leur carrière en écourtant le séjour des Taïwanais Lee/Tsai (8), avec la manière s’il vous plait (21-19, 21-11). Les soeurs Stoeva (16) abdiquent quant à elles une deuxième fois face aux Malaisiennes Anscelly/Soong en deux petits sets (21-17, 21-14).

D’autres têtes de séries sont passées proches de la correctionnelle. Wang Yihan (6), Bae Yeon Ju (10), Michelle Li (12), Maheswari/Polli (7), Chang/Jung (10), Wang Zhengming (8), Son Wan Ho (9), Hu Yun (13), Boe/Mogensen (2) et Endo/Hayakawa (6) ont tous dû s’y reprendre à deux fois à l’issue d’un troisième set pour ne pas sortir prématurément du tournoi. Petite frayeur surtout pour l’icône malaisienne Lee Chong Wei face au très souple Marc Zwiebler (12). Le Malaisien a vécu un passage à vide coupable, l'ayant forcé à faire étalage de son arsenal complet pour venir à bout de l’Allemand (21-14, 17-21, 21-8). C'est la dixième victoire en autant de confrontations pour l'ex numéro 1 mondial face au numéro 1 allemand, ami avec la star de Penang depuis un stage de plusieurs mois au sein de la Badminton Association of Malaysia (BAM).

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