À seulement 20 ans, Delphine Lansac participe à ses premiers championnats du monde en simple et double féminin dans l’emblématique Istora Stadium de Jakarta. Pressentie comme une future grande du badminton hexagonal et mondial, la n°2 française et 79 au classement BWF a pris le temps d’aborder pour Badmania son état d’esprit à l’approche de l’événement, sa préparation marathon, l’impact de Peter Gade depuis son arrivée dans l’encadrement sportif tricolore, ainsi que ses ambitions avec son club d’Oullins. Si celle-ci ne boude pas son plaisir, la jeune prodige oullinoise fait déjà preuve d’une maturité remarquable pour tirer le meilleur de cette expérience unique.

"Mettre en place mon jeu, et prendre de l'expérience"

Tu disputes cet été tes premiers Mondiaux seniors à Jakarta. Comment te sens-tu avant le grand jour ?
Je me sens plutôt pas mal. La semaine dernière (fin juillet), je me suis entraînée avec Sylvain (Janier-Dubry, ndlr) dans mon club d'Oullins. Ça m'a vraiment permis de me ressourcer après les Jeux Européens, que j'avais encore dans un coin de ma tête plusieurs semaines après. Je me sentais fatiguée après l'accumulation d'efforts de cette saison. Rester chez soi notamment pour mon anniversaire, voir mes amis et ma famille m'a vraiment fait du bien. Comme ça, je suis revenue à l'INSEP au taquet, bien dans la tête et les jambes !

Comment as-tu g̩r̩ ta pr̩paration avec un enchainement d̩licat Jeux Europ̩ens РMondiaux ?
Comme je n'ai pas pu me rendre au Russian Open, cette semaine de tournoi s'est transformée en entraînement. Ce n'était vraiment pas plus mal : ça m'a économisé la fatigue du voyage, et j'ai pu récupérer de la fatigue. Après coup, je me rends compte que c'était une grosse erreur d'aller au White Nights après Bakou. Mais je ne pouvais pas le savoir avant de participer aux Jeux Européens ! Au final, ça a été tellement riche émotionnellement et physiquement que c'était trop dur d'enchainer. Le bilan reste positif, mais lorsque l'on perd comme ça, on en garde forcément un goût amer.

Quels sont tes objectifs pour tes premiers Mondiaux seniors ?
C'est dur à dire. C'est en effet mes tous premiers Mondiaux, où je vais devoir me confronter aux toutes meilleures. Je sais que je suis loin d'être favorite aujourd'hui, donc j'y vais vraiment pour mettre en place mon jeu, jouer décontractée et aller prendre de l'expérience.

Que penses-tu de ce tirage au sort plutôt intéressant à première vue ?
C'est un bon premier tour pour moi ! Je suis contente, j'ai peaufiné ma préparation au Danemark, et j'attends avec impatience ce match. Le double dames est plutôt intéressant aussi face à des Indiennes aussi à notre portée !

C'est ton premier tournoi en Indonésie et son chaudron de l'Istora Stadium. Est-ce pour toi un stress supplémentaire, ou une source de motivation ?
J'adore quand il y a du public, donc je suis plutôt super contente. J'ai vraiment hâte de voir ce que ça va donner ! Du coup, j'espère surtout ne pas tomber contre une Indonésienne. Mais même si ça devait arriver, au moins je serais sûre qu'il y aurait de l'ambiance !

Est-ce qu'il y a une joueuse en particulier que tu aimerais défier dans quelques jours ?
J'aimerais bien jouer Carolina (Marin, ndlr). C'est l'une des meilleures joueuses mondiales, la numéro 1 européenne. Son parcours est inspirant pour moi. C'est un modèle parce qu'elle vient d'Espagne, et qu'elle fait ce que personne n'avait jamais fait avant. C'est admirable. J'aime comment elle joue, ce combat qu'elle impose sur le terrain. D'ailleurs, je pense qu'on peut se rejoindre sur pas mal de choses mentalement. On est des battantes, on est assez expressives et on ne lâche rien. Mais ce serait plus difficile sur le plan technique !

"Je suis obligée d'admettre que j'ai ma chance"

La Fédération a annoncé la présence de Peter Gade au coaching durant la compétition. As-tu déjà eu l'occasion de travailler avec lui sur ton jeu ?
Il est déjà venu plusieurs semaines à l'INSEP, et il sera là au Danemark pour le stage de préparation (28 juillet - 1er août). On a surtout travaillé techniquement ensemble, et je sens que mon jeu a déjà un peu évolué. Je l'ai déjà senti notamment aux Jeux Européens où j'étais meilleure défensivement et au filet. Je me concentre sur de nouvelles choses, comme prendre le volant très tôt au filet, jouer plus relâchée. Au fond du terrain, je m'habitue à jouer des sticks (volants piqués en interception) plutôt que de m'épuiser sur de gros smashs. Physiquement, il me demande plus de travail sur les déplacements, notamment pour faire de grands pas. J'abats plus de travail d'aérobie pour que mes jambes soient plus puissantes. Je m'entraîne aussi sur tout un travail des épaules pour rester plus droite, et gagner en stabilité.

Sashina Vignes Waran est blessée, ce qui te relance directement dans la course aux JO, comment vis-tu cette situation forcément particulière ?
Je n'ai pas le choix : je suis obligée d'admettre que j'ai ma chance. Ça me met un peu de pression quand je me dis qu'elle est blessée. Ça m'ouvre une véritable opportunité, mais je me dis : et si je n'y arrivais pas quand même ? Du coup, je me force à me concentrer sur le jeu, à avancer étape par étape. On verra si je progresse assez pour y prétendre. La qualif' olympique, c'est important, mais je ne veux pas en faire une source de stress. Je suis jeune, le plus important c'est de progresser, stabiliser mon jeu. Si je progresse bien, il n'y a pas de raison de ne pas y croire !

Ton club formateur, Oullins, a réussi à se maintenir en TOP12 pour la saison 2015-2016. Quels objectifs vous fixez-vous ensemble à l'avenir ?
Se maintenir ! On ne peut franchement pas trop prétendre aux play-offs au vu des équipes en face. Maintenant, on va se battre sur chaque rencontre pour aller chercher la victoire.

Tu te consacres aujourd'hui uniquement au simple dames. Comment analyses-tu l'apport de la pratique du double pendant tes premières années pro ?
Le double m'a beaucoup apporté sur le jeu à plat, le mi-court et le secteur défensif. C'est vraiment une grande aide niveau mental de faire ses armes avec quelqu'un en tournoi. Le fait de jouer avec une fille plus expérimentée comme Émilie (Lefel, ndlr) m'a beaucoup appris aussi dans la gestion de tournois. C'est en double que j'ai gagné mon premier Challenge, et avoir cette expérience de la gestion d'une finale est vraiment important. Et puis après tout, je suis pour l'instant plus titrée en double qu'en simple aux championnats de France !

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