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Un réveil inattendu
Un message à faire passer à la CBA (China Badminton Association) à l’aube du sprint à la qualification olympique ? Exaucer le v½u de victoire formulé par Lee Chong Wei via les réseaux sociaux ? Sursaut de forme et d’orgueil pour combler une carence en titres de près d’un an ? La victoire de Lin Dan résulte sans doute d’une subtile combinaison de ces ingrédients.
Cette réédition de la finale perdue de 2015 face à Chen Long, s’est jouée dans un contexte semblable...et entièrement différent ! Semblable, puisque la planète badminton s’apprête à entrer dans période de qualification pour Rio. La CBA affûte sa stratégie olympique et mise sur la jeunesse, aujourd’hui avec le n°2 mondial Shi Yuqi. Lee Chong Wei, empêtré dans les suites judiciaires de son contrôle anti-dopage positif, est alors, comme aujourd’hui pour raisons de convalescence prolongée, éloigné des terrains.
Et pourtant, tout est différent. En 2015, surfant sur la vague de son premier titre mondial de 2014, Chen Long traçait sa route. Il est alors installé sur le fauteuil de n°1 mondial de la discipline, qu’il va dominer jusqu’à son titre olympique de 2016. Lin Dan, lui, est aux avant-postes après un repos sabbatique post-JO 2012. Le double champion olympique est alors n°3 mondial. Et à la lutte pour disputer la suprématie naissante de Chen Long au ranking mondial et au sein de la CBA .
Aujourd’hui, toute superstar qu’il reste, SuperDan assume le poids de ses 35 printemps. Il a glissé à la 16ème place mondiale et a du mal à exister face à une concurrence renouvelée, et ce malgré son étonnante boulimie de compétitions : il compte 20 participations en compétition sur les 12 derniers mois, soit plus que tous ses jeunes devanciers !
Ainsi, SuperDan court toujours. En éternel mode diesel, en bon sage gestionnaire, comme lors de démonstration aujourd’hui. Il aura fallu un set d’observation, rapidement abandonné au colosse Chen Long (9-21), avant que le vieux lion ne rugisse à nouveau. Déterminé, et à la baguette dès l’entame du deuxième acte, Lin Dan devient plus entreprenant, patient et imperméable en défense. Le doute change de camp, et la muraille Chen Long, fébrile, finit par rompre (9-21, 21-17, 21-11).
Crédit photo : Sylvain Nalet
Rendez-vous pris avec Lee Chong Wei
Une victoire chargée d’émotion avec la remise du trophée par le Datuk Lee Chong Wei, associé à la photo souvenir, réunissant dans un instantané nostalgique les acteurs des trois dernières finales olympiques du simple hommes.
A l’issue de la cérémonie, l’inoxydable Lin Dan déclarera au micro de la Badminton World Federation : « Je joue depuis tellement d’années, je m’approche de la fin de ma carrière, et j’espère que chacun peut comprendre que mon état de forme est fluctuant. Je pense que j’ai bien bien joué parce que j’étais particulièrement déterminé, en bonne forme et affamé de victoire. Je n’ai pas affiché un niveau de jeu exceptionnel, mais je me suis cramponné à ma stratégie et me suis appuyé sur mes points forts ».
Dans le prolongement de la complicité des deux légendes affichée par Lee Chong Wei sur les réseaux sociaux, l’icône malaisienne dévoilait sur sa page Facebook les quelques mots échangés avec Lin Dan sur le podium : « LD : Tu vas bien ? », « LCW : Ca va. Désolé de ne pas avoir eu le temps de t’emmener manger cette fois, « LD : Pas de souci. Et tu joues à l’Open de Singapour ? » « LCW : Malheureusement non, mon pote. Je continue à m’entraîner dur pour retrouver la forme pour nos prochaines confrontations. » « LD : Oui, efforçons-nous tous les deux de continuer. »
Dans l’attente d’un éventuel duel de légendes, pourquoi pas dès la Sudirman Cup en mai, Lin Dan remet en principe le couvert à Singapour la semaine prochaine, contre un certain Axelsen au 1er tour.
Crédit photo : Sylvain Nalet
Fort accent mandarin à tous les étages
Comme au bon vieux temps, l’empreinte de l’armada chinoise a logiquement été imprimée ce dimanche à Kuala Lumpur au vu de l’affiche des finales. Sans trop de suspense, dans les deux autres joutes sino-chinoises, les leaders de l’empire l’ont emporté. En mixte, les talentueux Wang/Huang (2) n’ont pas résisté aux ogres de la discipline, Zheng/Huang (1), pour leur troisième titre de 2019 en autant de tournois (21-17, 21-13). Et en double dames, sur leur lancée du All England, Chen/Jia (5) ont assommé leurs compatriotes Du / Li (21-14, 21-15).
En double hommes, le clan de la CBA a également envoyé un signal sans ambiguïté dans la lutte à distance engagée avec le pays hôte des JO de Tokyo 2020, en dupliquant le scenario de la finale des Mondiaux 2018 et la victoire de Li / Liu (2) face à Kamura / Sonoda (3). Une petite place d’écart au ranking mondial...mais une différence de plus de 50 cm d’envergure cumulée ! Résultat, des attaques chinoises dévastatrices dans le premier set, et un changement de cap japonais dans le second avec la prise du filet, toutefois trop tardif pour inverser le cours du match (21-12, 21-17).
Crédit photo : Sylvain Nalet
Tai Tzu Ying comme à la maison
En quête de rédemption après sa défaite en finale du All England face à Chen Yufei, la pépite taïwanaise Tai Tzu Ying (1) a parfaitement muselé une Akane Yamaguchi (4) pourtant bien en jambes. C’est que l’eau a coulé sous les ponts depuis les IFB 2018, et la maestria de la pépite taïwanaise a opéré sans baisse de régime. La marathonienne japonaise n’aura pas l’opportunité de sortir son troisième poumon, la n°1 mondiale scelle la rencontre (21-16, 21-19) et s’adjuge son troisième Malaysia Open consécutif, le quatrième de sa carrière.
Désormais, cap sur le World Tour Super 500 de Singapour dès mardi pour la quasi totalité des protagonistes du jour, dans le dernier tournoi avant le compte à rebours olympique vers Tokyo.
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