IFB 2016 : Viktor Axelsen, une dernière marche à franchir

Publiée par Pierre Nassivera le mercredi 26 octobre 2016 à 08:00
Viktor A.
Crédit photo : P.Thérage

"Voir loin, parler franc, agir ferme". La paternité de cet axiome est attribuée au baron Pierre de Coubertin, figure française du 19ème siècle, infatigable défenseur des vertus du sport. Singulièrement, cette devise s’appliquerait à juste titre au jeune joueur danois Viktor Axelsen. À 23 ans, le finaliste de l'édition 2012 des Yonex IFB a bien grandi. Mais doit encore prouver qu'il est capable d'aller chercher plus que des accessits face à l'élite du badminton mondial.

Un grand professionnel ...

Voir loin. Du haut de son mètre quatre-vingt-quinze, le Danois affiche son ambition : plus jeune membre du Top 10 mondial, à seulement 22 ans il pointe déjà au 4ème rang du classement BWF. Avec, à sa tête, un trio vieillissant (plus de 30 ans de moyenne d’âge) et les retraites prévues à court ou moyen terme des deux cadors Lin Dan et Lee Chong Wei, la place de n°1 est un objectif réaliste pour les saisons à venir. Seul obstacle à surmonter, la domination actuelle du récent champion olympique Chen Long, 27 ans, qui ne semble pas prêt à relâcher son emprise sur la discipline. Néanmoins, Axelsen a prouvé qu’il a les armes pour concurrencer "la seconde muraille de Chine" ; son unique victoire face au successeur de Lin Dan, lors des demi-finales des Super Series Finals à Dubaï en décembre dernier (21-12, 21-17), en reste l’exemple le plus marquant.

Parler franc. Axelsen assume son statut de prodige. Lorsque la question sur ses aspirations futures lui est posée, sa réponse ne se fait pas attendre : "Je veux exploiter tout mon potentiel, remporter les titres de champion du monde et de champion olympique" ; avant d’ajouter : "Si tu ne crois pas en toi, alors il ne peut rien t’arriver". Et dans l’optique de devenir un très grand de ce sport, en fin tacticien, il décide d’apprendre le Chinois mandarin. Une corde supplémentaire à l’arc de l’athlète, qui espère ainsi attirer des sponsors influents sur le marché asiatique, et surtout la reconnaissance de son public, qui ne reste pas insensible face aux efforts du jeune danois pour s’approprier les codes d’une culture intimement liée au badminton.

Viktor A.
Crédit photo : Badmania.fr

... toujours en quête d'un premier titre majeur

Agir ferme. Le géant d’Odense, du nom de sa ville natale, allie les actes à la parole. Première pierre à l’édifice, le titre de champion du monde junior, décroché en 2010 à l’âge de 16 ans. Premier joueur européen à conquérir cette couronne pleine de promesses, sa progression est depuis fulgurante. Gravissant les échelons avec une étonnante décontraction, Axelsen confirme rapidement son talent sur le circuit senior ; il glane notamment deux médailles de bronze aux championnats d’Europe de 2012 et 2014, puis une médaille de bronze aux championnats du monde de Copenhague, toujours en 2014. Mais alors que son classement BWF le rapproche petit à petit des tous premiers rôles, le Danois inquiète en particulier les observateurs par son mental friable, qui se traduit par une incapacité chronique à gagner les matchs "qui comptent".

Rappel des faits : 3 avril 2016, finale de l’India Open. Axelsen, visage fermé sur la deuxième marche du podium, vient d’être battu sèchement 15-21, 18-21 par le Japonais Kento Momota. Il échoue pour la sixième fois dans sa quête d’un premier titre sur le circuit Super Series. Ses bourreaux se nomment Momota (par deux fois), Lin Dan, Chen Long mais également Srikanth Kidambi et Liew Daren. En parallèle, un travail de fond est mené depuis 2013 avec le coach mental Carsten Oldengaard pour aider Viktor à gérer la pression inhérente à tout sportif de haut niveau (demandez donc à Lee Chong Wei son avis sur la question...).



Une nouvelle dynamique ?

Or, en l’espace d’un mois, le géant d’Odense se métamorphose en vainqueur : le 1er Mai, il devient champion d’Europe au terme d’une finale maîtrisée face à son compatriote Jan Ø Jorgensen. Le 22 mai, il apporte sans trembler le premier point au Danemark dans une rencontre à haute tension en finale de la Thomas Cup face à Tommy Sugiarto, pour une première victoire historique d’une nation européenne dans la compétition. Lors des derniers Jeux Olympiques de Rio, il s’adjuge une médaille de bronze au léger goût de victoire. S’il cède en demi-finale face à un Chen Long lancé irrésistiblement en chasse de son propre destin, le Danois s’offre une légende, lors du match pour la troisième place, en la personne de Lin Dan (15-21, 21-10, 21-17). Une victoire mémorable, teintée de respect et de touchante nostalgie : "J’ai grandi en regardant jouer Lin Dan" confiera Axelsen après le match, visiblement ému.

2016, année de la définitive éclosion pour le talentueux Danois ? Sans aucun doute. Mais l’achever sans parvenir à gagner un premier titre sur le circuit SuperSeries laisserait un arrière-goût amer au joueur lui-même, ainsi qu’à ses nombreux aficionados . C’est sans compter le lien qui unit Viktor Axelsen à Paris. Lui qui a disputé sa première finale de Super Series en 2012 (perdue 18-21, 17- 21 face au Malaisien Liew Daren) dans l’antre du badminton hexagonal, la bien-nommée salle Pierre de Coubertin, a ainsi l’occasion, lors de la traditionnelle étape parisienne du mois d’Octobre, de s’imposer définitivement comme une référence du badminton mondial.

un clin d’½il symbolique, qui viendrait clore la phase d’apprentissage et permettrait à Axelsen d’entamer un nouveau cycle, où le nombre de succès serait proportionnel à la hauteur de son talent.

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