Crédit photo : Badmania.fr

Cette équipe a une âme. Et c'est ensemble qu'elle vient d'écrire la plus belle page de l'histoire du badminton français à ce jour. En se qualifiant au bout du suspense pour la finale des championnats d'Europe par équipes 2016 au détriment de l'Angleterre (3-2), les cinglés donnent davantage de relief encore à une première folle aventure disputée il y a deux ans, lors de leur quart de finale inattendu en Thomas Cup à New Dehli. Assurés au minimum de l'argent, les tricolores relèveront demain le terrible défi danois à Kazan.

Leverdez avait ouvert la voie

L'heure de la revanche avait donc sonné pour l'équipe de Peter Gade, cadre danois déjà décisif après un an d'activité au sein de la FFBaD. Battus en 2014 par les britanniques (quarts de finale), la joyeuse bande tricolore n'était manifestement pas rassasiée de sa toute première médaille continentale.

Un appétit de géant, nourri par la frustration générée par les éditions passées. Sans doute aussi - un peu -, par les frustrations de 2015 et des différents désormais aplanis en interne. Et quel meilleur symbole de ce retour à la normal qu'un grand Brice Leverdez pour emmener les siens ? Leader de vestiaire reconnu, le Cristolien expatrié au Danemark n'a pas perdu sa capacité à être décisif avec sa couronne nationale.

Une victoire il y a près de 10 ans, puis 6 défaites sur cette décennie, certaines assez sévères : Brice Leverdez devait vaincre autant Rajiv Ouseph (18ème mondial) que ses vieux démons à l'heure de pénétrer sur le court numéro 2 aujourd'hui. Le premier set laisse craindre le pire : dominé, irrégulier, le numéro 1 français ne trouve pas la bonne carburation pour relever le défi proposé.

Mais aidé du duo Pillet/Gade sur le banc, le Français revient plus proche de la vérité que jamais. En tête tout le deuxième set, il parvient à neutraliser cette grande carcasse britannique, symptomatique des difficultés du Français face aux joueurs de grande taille. Mieux neutralisé, forcé d'aller ramasser sur l'avant du court, Ouseph plie centimètre après centimètre. Et le volant de match finalement sauvé par Leverdez crée un tournant dans la rencontre. Après avoir retrouvé prise, le simple hommes 1 tricolore ne laisse plus respirer son congénère dans la caste des octuples champions nationaux. Dans une explosion de joie - la première de la journée -, Brice Leverdez ouvre la voie à la jeune garde (10-21, 22-20, 21-8).

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Labar/Maio sauvent la maison bleue

Scénario hitchcockien oblige, après l'euphorie vient les doutes. Vainqueurs il y a un mois de Ellis/Langridge, Kersaudy/Mittelheisser avaient la lourde charge de récidiver ce petit exploit pour placer les bleus dans les meilleures conditions. Mais la 25ème paire mondiale, quart-de-finaliste des derniers mondiaux à Jakarta ne l'entendait pas de cette oreille. Complètement étouffés par l'agressivité britannique, les champions de France cèdent en 36 minutes (21-9, 21-11).

Dans les prévisions d'avant-match, cette marge d'erreur existait. Mais toute combinaison de cette défaite avec celle de Lucas Corvée face à Toby Penty noircissait le tableau que voulait brosser le contingent français. Peine perdue : courageux mais dominé dans le jeu, privé de son fameuse prise d’initiative au filet, le nouveau champion de France craque en 58 minutes face au britannique, après une fin de match où l'Anglais aura mieux tenu ses nerfs (21-9, 14-21, 21-16).

Plus le droit à l'erreur : dans un match de paires inédites à Kazan, Labar/Maio doivent gagner pour permettre à la formation tricolore de rester en vie. Deux duos aux compositions similaires - un joueur expérimenté, Peter Mills et Ronan Labar, et un jeune avec Tom Wolfenden et Julien Maio -, où la capacité mentale des cadets promettait de faire toute la différence. Dont acte ! Vindicatif, expressif sur le terrain, se tournant vers un clan tricolore en fusion sur chaque échange, le jeune alsacien se porte à la hauteur de l'enjeu. Le duo français rattrape puis cueille le premier set sur une faute de service très contestée de Peter Mills. Puis tient bon durant l'intégralité du deuxième set pour offrir à Lucas Claerbout la lourde charge de conclure la rencontre (21-19, 21-17).

.@LUCASCLAERBOUT does it! #TeamFrance in the Gold Medal Match tomorrow! https://t.co/VjjVeY8c0a @EuropeBEC #EMWTC16 https://t.co/IBxHoM98AM

— LAOLA1TV (@LAOLA1tv) 20 Février 2016

Lucas Claerbout a tenu le choc

Bien que très en vue depuis décembre avec une succession de réussites internationales, offrir à la France sa première finale continentale a forcément du peser très lourd sur les épaules du jeune talençais au moment d'entrer sur le court 2 dans une ambiance indescriptible. Face à lui : Sam Parsons, jeune espoir britannique de 20 ans lui aussi auteur de résultats intéressants récemment.

Rôdé à l'exercice avec une première délivrance face à l'Ukraine hier, Lucas Claerbout balaie la première manche d'un revers de main (21-12). Mais haranguant à son tour une délégation britannique moins exubérante en tribunes, le simple hommes 3 anglais reprend contenance au second set, résistant point après point à l'essorage imposé par son rival. À 18-14 en sa faveur, Parsons semble tenir un set décisif. Mais sans s'affoler, Lucas Claerbout refait son retard, sauvant un volant de match sur une incroyable défense plongée.

Des deux côtés, la main tremble. Amortis qui restent dans le filet côté français, smashs dans le couloir côté anglais : chacun fait avec les moyens du bord pour tenter de résister au poids de l'enjeu. Plus lucide, Lucas Claerbout parvient à garder la force mentale nécessaire pour construire deux points décisifs en sa faveur qui font chavirer le groupe France. Accompagnées des filles (restées encourager leurs compatriotes masculins), les cinglés ont bien fait souffler un vent de folie sur Kazan en ce jour de demi-finale, qui se poursuit de longues minutes dans une liesse bleue-blanc-rouge à l'autre bout du continent. Une bourrasque qui - espérons-le - les portera demain en finale pour défier l'indomptable ogre danois, forcément affecté par les graves soucis de santé de Carsten Mogensen.

Les résultats des championnats d'Europe par équipes 2016 ICI

La diffusion live des championnats d'Europe par équipes 2016