En déclin ? Mais pas éteint ! En terre volcanique, le choc entre générations et duel de virtuoses de Viktor Axelsen (7) contre Lin Dan (5) a viré en faveur du héros olympique. Au terme d'une semaine menée tambour battant, en corrigeant au passage sa victime favorite Lee Chong Wei, la légende chinoise a livré aujourd'hui une prestation XXL et se rappelle au bon souvenir de ses rivaux dans la perspective de Rio. A retenir également des finales de ce Japan Open 2015, le Danemark en haut du podium avec Fischer/Pedersen, la première couronne en Super Series à domicile pour la jeune Okuhara, et le combat de Lee/Yoo (1) face à Fu/Zhang (5) jusqu’au bout de la nuit tokyoïte pour conserver leur trophée.
Lin Dan retrouve de l'altitude
Nous aurait-on caché un pan du curriculum vitae de la légende chinoise ? Le break post J. O. 2012 du maestro explique-t-il sa reconversion tactique ? A l'issue d'une finale intense, on pourrait décortiquer le scénario du match à la lumière du cursus d'un brillant diplômé de l'Harvard Business School ou d'HEC : un premier set dos à dos remporté avec une gestion millimétrée, et des accélérations placées au bon moment, un deuxième set résigné, cédé à l'économie pour souffler, et un ultime acte renversé en mode OPA hostile pour rafler la mise.
Pourtant, jusqu'à la pause de ce dernier set incroyable, le jeune Danois a cru revivre le remake de sa victoire de Sydney : décomplexé, patient et solide en défense, il construit un jeu séduisant, use et abuse de ses attaques croisées de fond de court non sans efficacité, distillant à l'occasion quelques-uns de ses trickshots favoris au filet. Tranquillement installé aux commandes dans ce dernier acte, menant 11-3 à la pause face au vieux sage de Fujian soudain sans solution, il flotte dans l'esprit du public un air de refrain australien «même combat, même punition ». Changement de côté et de partition.
Bousculé, poussé dans ses derniers retranchements, le maestro chinois décide de ne pas lâcher et entame son récital. Coups de pattes de génie de l'icône de la NBA, comme lors de cet échange à 17-17, des fautes qui s'accumulent, de la frustration qui monte, voilà comment le géant d'Odense s'est retrouvé face à ses démons en déraillant à nouveau aux portes d'un premier titre en Super Series, après 3 finales en 2015 (21-19/16-21/21-19).
Passant du statut de monument en péril à celui de patron inoxydable, Lin Dan explose de joie sur le point de la victoire, symbole de l'importance de cette première en Super Series depuis l'Australian Open de juin 2014. Encore hilare sur le podium, tout en contraste avec le visage fermé du jeune Européen, et à la veille de son 32ème printemps, on devine que ce rayon de soleil japonais illumine l'esprit du génial gaucher jusqu'aux confins du Brésil.
Pedersen évite la double peine
Rares sont les paires à pouvoir se targuer d'être sorties victorieuses de leur bataille avec les doubles champions du monde du mixte en 2015. En ajoutant leur nom à la shortlist (avec Ko/Kim et Xu/Ma), Joachim Fischer et Christinna Pedersen (5) confirment leur rôle de poil à gratter de Zhang/Zhao (1) avec une 3ème victoire de rang, portant le le bilan de leurs confrontations à 10-8.
Pourtant, l'affaire a bien failli basculer dans le troisième acte, la nervosité du fougueux vétéran Fisher est mise à l'épreuve à 19-20, alors que les doubles champions d'Europe tenaient la baraque à 19-14. Avec ce trophée japonais cueilli sur le fil (17-21/21-18/23-21), la paire Fisher/Pedersen prive les n°1 mondiaux de « hat trick » japonais et sauve l'honneur de la péninsule scandinave avec trois titres à portée de main.
En effet, dans sa double confrontation du jour avec Zhao Yunlei, Christinna Pedersen repart quitte du Japon. Opposées à la reine olympique de la discipline en double dames et sa nouvelle partenaire Zhong Qianxin , les championnes d'Europe Pedersen/ Rytter-Juhl n'auront jamais eu les moyens d'enrayer la machine de guerre asiatique : en deux petits sets, la messe était dite. En dépit d'un vivier en doubles dames de (grande) qualité homogène, le choix de la CBA du turnover permanent en pleine période de qualification olympique peut sembler hasardeux. Et pourtant, le nouveau couple a fait mouche sur son premier tournoi. Et le maillon fort est ? Zhao Yunlei !
Une fois n'est pas coutume, le perdant du jour n'est autre que son partenaire à la ville, Zhang Nan. Défait en ouverture, le double médaillé olympique du mixte n'a pas plus brillé dans le double de gala en clôture. Pourtant accrocheur avec Fu Haifeng, les deux compères s'avéreront incapables de maintenir le tempo imposé par Lee Yong Dae et Yoo Yeon Seong. Peu impressionnés par le déluge de feu de ces étoiles olympiques, les n°1 mondiaux se sont offerts le scalp des nouveaux patrons du double de l'empire du milieu.
Sans doute trop complaisants dans leur attitude défensive, et en tentant de coller un Lee Yong Dae peu tranchant en fond de court, les stars chinoises ont fini par plier. Les retrouvailles du quart de finale des mondiaux de Jakarta ont néanmoins donné lieu à un duel de haute volée. Au bout de la nuit tokyoïte, dans un deuxième set particulièrement tendu et étouffant, c'est en transformant leur 8ème volant de match que les Coréens exulteront, et conservent leur titre (21-19/29-27).
Okuhara, première !
Ecoeurée, exténuée, expédiée. Formule lapidaire pour résumer l'état d'esprit et le résultat de la finale du simple féminin. Du haut de 1,55 mètre et de ses 18 ans, deux titres mondiaux en poche chez les juniors, la jeune pépite Akane Yamaguchi avait pourtant des raisons d'inverser la tendance dans ce duel 100 % nippon. Après avoir gravi les montagnes Li Xuerui et Wang Shixian en chemin vers la finale, c'est finalement sa partenaire d'entraînement en équipe nationale qui la prive de doublé, après son titre acquis en 2013 à 16 ans, un record. Yamaguchi a certainement accusé le poids psychologique de ses précédentes défaites face à sa rivale du jour, et celui dans les jambes d'une demi-finale marathon.
En face, Nozomi Okuhara, 20 ans, a également acquis ses lettres de noblesse chez les juniors avec un titre de championne du monde en 2012, comme un certain Kento Momota. Mais a toujours dompté sa jeune compatriote. Et a enfoncé le clou des statistiques avec un nouveau succès en deux petits sets (21-18/21-12). Okuhara, désormais 9ème joueuse mondiale, y ajoute surtout sa première consécration en Super Series, et devient la troisième Japonaise à graver son nom en Super Series, après Mitani aux IFB 2012, et donc Yamaguchi. Et la profondeur du talent nippon n'a pas fini de nous étonner. A suivre à Séoul la semaine prochaine, étape suivante des Super Series avant la tournée européenne d'octobre.
FransV
Le 13/09/2015 à 17h03 (0)LYD-DK
Le 13/09/2015 à 17h18 (0)Je trouves une fois de plus dommage qu'on dise que lin dan joue en Yonex! Meme le logo yonex n'est pas sur son cordage...
Luciole
Le 13/09/2015 à 17h30 (0)anthony61
Le 13/09/2015 à 20h00 (0)FransV
Le 13/09/2015 à 20h13 (0)Sur la fin Zhang Nan avait l'air diminué, blessé. Mais c'est bien Zhao Yunlei qui craque sur la fin, deux services dans le filet et une défense gruyère sur les points chaud et ce même si les danois auraient du plier le match plutôt.
Le simple dame était le seul match des finales à être un peu long à suivre, surtout à 6h30 ...heureusement, il n'a pas duré longtemps !!
Un match avec des points magnifique et des fulgurances de génie de la part d'Axelsen. Quelques fautes de Lin Dan, surtout quand il joue tendu sur le revers du danois, soit dans le couloir, soit out fond de court.
Mais Lin Dan à surtout magnifiquement bien défendu dans la deuxième partie du 3e set avec aussi un Axelsen qui déraille, encore !
Un DD à sans unique une Zhao Yunlei retrouvée. La petite Qianxin (ex N°2 WR) à aussi fait une grosse défense sur les énormes attaques danoise
Pour finir, le DH, avec un feu d'artifice entre coréens et chinois, ou les attaques coréenne étaient les plus sanglantes et un deuxième set de folie.
bad ô
Le 13/09/2015 à 22h55 (0)(cf l'excellente analyse d'Ivan lors des Mondiaux : http://badmania.fr/index.php?mod=news&ac=commentaires&id=2664)
Mais il démontre que sur une semaine, même sans ses jambes et son explosivité d'antan (va-t-il, peut-il, enchaîner les quinzaines en Super Series? :reflechi: ), mais avec un petit coup de pouce du destin (Jorgensen malade) ou de la CBA (bien que Chen Long ne soit pas invincible, même en 2015, curieuse sa défaite express non ? :ange: ...oups, no more comment), et avec la motivation adéquate (il s'est bien arraché dans ce 3ème set !) il reste un grand champion, et un sacré poison ! ;)