Quelle semaine à Fuzhou ! Dans un contexte de course à la qualification olympique, on souhaitait se délecter de grands matchs dans ce prestigieux tournoi où l’Empire du Milieu hausse la difficulté en plaçant tous ses nombreux joueurs talentueux. D’autant plus que le China Open était le dernier Super Series Premier de la saison. Retour sur une semaine intense et pleine de surprises où les anciens cadors du circuit ont su tirer leur épingle du jeu !
Lee Chong Wei remet les pendules à l’heure
Non, vous ne rêvez pas. En arrachant le seul titre Super Series qui manquait à sa collection, l’ex-éternel n°1 mondial malaisien Lee Chong Wei entre encore un peu plus dans la légende. Dans un contexte très particulier, et avec la manière !
Car de retour dans le Top 10 mondial suite à son succès parisien, il fallait confirmer sur les terres de la meilleure nation de badminton au monde, la Chine. Un défi de taille quand on sait que tous les meilleurs solistes masculins étaient présents, et que Lee Chong Wei devait en découdre avec les 3 meilleurs badistes au classement BWF pour pouvoir prétendre à l’or !
La première tête de série victime du sabre malaisien ? Chou Tien Chen (6), pour un remake de la finale Porte de Saint-Cloud. Loin de l’hallucinante maitrise qu’il laissait transparaitre à Coubertin, le triple vice-champion du monde perd le deuxième set au passage (21-9, 15-21, 21-12). Même scénario contre Jan O Jorgensen (2) où le Datuk économise ses forces au deuxième round pour gagner la bataille (21-11, 11-21, 21-10).
Fini de jouer. Les choses sérieuses commencent en demi-finale : Lin Dan (3), éternel bourreau qu’il n’a pas battu depuis presque 4 ans et qu’il n’a même jamais neutralisé sur le sol chinois ne lui fera pas de cadeaux. Mission (impossible) acceptée, et auréolée ! Au cours d’un incroyable match d’une durée d’1h32, c’est bien le roi David qui abat le géant Goliath alors qu’il était mené 15-10 à la manche décisive (17-21, 21-19, 21-19).
Un succès synonyme d’une confiance retrouvée mais laissant penser que le champion déchu de 33 ans souffrira de séquelles physiques et n’aura aucune chance en finale contre l’impitoyable Chen Long (1) qui, à l’image de sa domination sur la planète badminton depuis 2 ans, plane sur la compétition de Fuzhou.
Mais c’est quand il est le plus vulnérable qu’il est le plus dangereux ! En 2 sets et 50 minutes, Lee Chong Wei passe du statut de souffre-douleur à celui de véritable héros. L’icône malaisienne inflige un presque trop facile 21-15, 21-11 sans jamais se faire mener au score à celui qui l’a privé par 2 fois d’une couronne mondiale.
Après les Internationaux de France, c’est donc le deuxième Super Series remporté par le natif de Penang cette année. Une double victoire qui (re)propulse la légende dans l’élite de l’élite et lui prodigue de nombreux points pour la course olympique. Et surtout, laisse penser que tout sera possible à Rio en 2016.
Le renouveau de la reine olympique Li Xuerui
« Miroir, mon bureau miroir, dis-moi qui est la plus forte ? ». Elle aussi semble de retour aux affaires. La championne olympique en titre Li Xuerui (6) réalise un sans fautes à la maison en évinçant à la ligne d’arrivée la désormais n°2 mondiale Saina Nehwal (1 – 21-12, 21-15), qui n’arrive décidément pas à trouver une solution à l’équation chinoise depuis 2012.
Au terme d’une saison 2015 globalement décevante, la pépite de Chongqing commence à reconstruire sa réputation. En ayant d’abord neutralisé l’étoile montante coréenne Sung Ji Hyun (3) en quarts de finale (21-16, 21-13). En massacrant ensuite sa pauvre partenaire d’entraînement Wang Shixian (5) en demi-finale (21-14, 21-5). Pour finalement asphyxier la vice-championne du monde indienne sur le score que vous connaissez déjà.
C’est donc la deuxième médaille d’or Super Series glanée par la perle du Sichuan cette année, après celle de l’Open du Danemark. Encore lui faut-il confirmer dans les tournois à venir, car si la performance est remarquable, les plus pessimistes diront que Li Xuerui n’a éliminé « que » Sung Ji Hyun et Saina Nehwal, deux guerrières qui ne l’ont jamais vraiment inquiétée durant sa carrière, ainsi que Wang Shixian, une s½ur-ennemie parfois influencée par les directives de Li Yongbo, et tout du moins extenuée suite à ses intenses victoires sur Carolina Marin (2) et P.V Sindhu les jours précédents.
Rédigé avant les IFB, vous pouvez d’ailleurs retrouver notre dossier spécial sur Li Xuerui ICI.
Kim/Kim n’ont pas fini de faire parler d’eux
En double hommes, les Coréens Kim/Kim confirment leurs progrès depuis le Korea Open. C’est d’ailleurs la première fois de leur carrière que les deux Asiatiques montent sur la première marche d’un podium Super Series Premier. Ils succèdent ainsi à leurs généraux de génie Lee/Yoo, conquérants en 2013 et 2014.
Pour arriver à se hisser au sommet du China Open, les deux fines lames du pays au matin calme ont du s’employer à juguler les Taiwanais Lee/Tsai (8 – 21-12, 19-21, 21-18), les Danois Boe/Mogensen (4 – 19-21, 21-13, 21-9), les Japonais Endo/Hayakawa (5 – 21-17, 21-18) et les Chinois Chai/Hong (6 – 21-13, 21-19), tous surpris par la malice, la constance défensive et l’agressivité au filet des deux Kim.
Un binôme à surveiller de près donc, car même Fu/Zhang et Ahsan/Setiawan sont tombés sous les coups supersoniques des n°2 coréens cette année. Seuls leurs amis et n°1 mondiaux Lee Yong Dae et Yoo Yeon Seong résistent à leur montée en puissance dévastatrice.
L’Empire du Milieu assure dans les autres doubles
Comme l’année dernière, la nation au drapeau rouge et or a outrageusement dominé sa compétition devant un public largement acquis sa cause. Comme l’année dernière, de nombreux soldats au service de Li Yongbo étaient au garde à vous en finale. Et comme l’année dernière, il aura fallu compter sur le double mixte et le double dames pour nous convaincre que la Chine a main mise sur le badminton.
En mixte, Zhang/Zhao (1) conservent leur titre en ayant le dernier mot sur les fantasques danois Fischer Nielsen/Pedersen (5 – 21-19, 17-21, 21-19), une paire que les champions olympiques n’avaient pas contrarié depuis 2013 !
En double dames, l’indéboulonnable Yu Yang associée à la jeune Tang Yuanting s’octroie les scalpes des n°1 mondiales nippones Matsutomo/Takashi (1), un duo qu’elles n’avaient jamais affronté (18-21, 21-13, 21-12). C’est la 5ème fois d’affilée que la machine à gagner Yu Yang truste la première place du China Open...
Ce qu’il faut retenir du China Open 2015
Brice Leverdez sèchement battu
Seul tricolore en lice pour ce Super Series Premier, Brice Leverdez n’a pas vraiment eu de chance puisqu’il s’est lourdement incliné au deuxième tour face à la star locale et maître du volant Lin Dan (3 - 21-6, 21-10).Une défaite dure mais logique, qui n’enlève rien au plaisir du n°1 français d’engranger de précieux points pour la qualification olympique. Et d’être à l’honneur sur la chaîne Youtube de la BWF pour le traditionnel point du jour !
Des surprises en pagaille
Ce China Open a été le théâtre de nombreuses (contre-)performances. D’abord au premier tour où les légendes indonésiennes Ahmad/Natsir (2) ont de manière surprenante été vaincus en 2 sets par les n°1 allemands Fuchs/Michels (21-19, 22-20).Le tenant du titre K. Srikanth (5) lui n’y arrive décidément plus. L’Indien a trébuché sur le taulier hong-kongais Hu Yun (21-12, 21-18). Quant à Kenichi Tago, ce dernier semble au fond du trou et s’est encore fait éliminer au premier tour par la sensation de ce tournoi.
Sorti des qualifications, le chinois Shi Yuqi, 19 ans et 173ème au classement BWF, a en effet eu l’audace d’atteindre les quarts de finale pour pousser Son Wan Ho dans ses derniers retranchements (21-19, 11-21, 21-18). Un Son Wan Ho d’ailleurs en grande forme puisque ce dernier s’est débarassé de Kento Momota (4) avec maitrise au deuxième tour (21-15, 21-14).
Au deuxième tour d’ailleurs, deux paires masculines de référence ont, à la surprise générale, gentiment été raccompagnées à la sortie par leurs hôtes chinois. Les champions du monde Ahsan/Setiawan (2) d’abord, éliminés par Wang/Zhang (15-21, 21-11, 21-14). Les n°1 mondiaux Lee/Yoo (1) ensuite, éloignés des courts par Li/Liu (18-21, 21-18, 23-21).
La vengeance des perdants de Coubertin
Le China Open 2015 a par ailleurs été le théâtre de revanches sanglantes faisant écho aux finales du French Open.Au deuxième tour, les Indonésiens Jordan/Susanto ont cette fois eu l’ascendant sur les monstres coréens et désormais n°1 mondiaux Ko Sung Hyun et Kim Ha Na (7 – 15-21, 21-11, 21-16).
Mais la performance du tournoi revient à la princesse locale Wang Shixian (5). Alors qu’elle s’était faite sévèrement corriger par Carolina Marin (2) à Coubertin, l’Asiatique a eu le culot d’anéantir en quart de finale l’invincible Castafiore ibérique 21-13, 10-21, 21-10... en infligeant 11 points d’affilée pour conclure la manche décisive !
La montée en puissance des outsiders
La Japonaise Nozomi Okuhara n’est pas allée très loin mais n’a une fois de plus pas fait respecter la hiérarchie du classement mondial en prenant de vitesse la technicienne thaïlandaise Ratchanok Intanon (8 – 21-15, 21-19).Il aura fallu l’expérience et la force de Saina Nehwal (1) pour prévaloir sur la vélocité de la jeune nippone en quart de finale (21-16, 21-13).
Avant d’échoué face à la muraille Chen Long en quart de finale, le sinophone aguéri Viktor Axelsen (7) aura galéré pour s’extirper des griffes des solistes de Hong Kong Wei Nan (18-21, 21-11, 21-18) et Wong Wing Ki Vincent (21-14, 19-21, 21-19), des joueurs de plus en plus menaçants au fil des mois.
Fu Haifeng en deuil
Vous l’avez sûrement remarqué, le duo phare de l’Empire du Milieu Fu/Zhang n’a pas participé au China Open cette année. Et pour cause, le père de Fu Haifeng, Fu Mingying, est décédé brutalement juste avant le début du tournoi.Fu Mingying était un entraîneur très respecté dans le milieu du badminton et a grandement contribué à la formation de son fils dans sa jeunesse en tant que premier coach. Très marqué par la perte soudaine de son père, le champion olympique a donc préféré passer du temps avec sa famille pour faire son deuil.
Fluctuat nec mergitur
Difficile de rédiger cet article sans penser aux tragiques événements qui ont frappé la France le vendredi 13 novembre 2015, à Paris et aux abords du Stade de France.
S’il est aisé de commenter l’actualité nationale et internationale du badminton pour les passionnés que nous sommes, les mots manquent cruellement pour rendre hommage à tous les hommes et femmes touchés par les attaques terroristes ayant eu lieu dans la capitale hexagonale.
Néanmoins, toute l’équipe Badmania s’associe solidairement à l’incompréhension et la douleur des familles et amis des victimes ainsi qu’à toutes les personnes impactées, de près ou de loin, de France ou d’ailleurs, par les attentats de Paris.
FransV
Le 16/11/2015 à 1h24 (0)Mais il faut bien avouer que le match de Chen Long a été catastrophique ...il passe à travers des volants :entrainement: , Loupe des smashs au filet #stupid# et quand ils passent, les smashs, c'est dans les couloirs ou hors ligne de fond ...juste incroyable :reflechi:
Et oui, Li Xuerui is back, avec un énorme tournoi et une victoire tout en maitrise sur un Wang Shixian pourtant en retard dans la course aux deux places chinoise.
Les finalistes chinois du DH Chai/Hong reviennent dans la courses à la deuxième place qualificative ...qui l'eut cru !
Yu Yang elle gagne avec ""n'importe qui"", elle vraiment énorme !
Et la Corée qui règne sur le DH, ils vont être chaud pour les JO !
Axouuu
Le 16/11/2015 à 23h48 (0)