HONG-KONG OPEN 2019 : Lee Cheuk Yiu, au nom du peuple

Publiée par Benoit Castela le lundi 18 novembre 2019 à 00:38
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Crédit photo : Sylvain Nalet

C’est dans un contexte particulièrement difficile que s’est déroulé le Hong-Kong Open 2019. Les autorités hongkongaises et la fédération internationale ont tout de même tenu à maintenir un événement qui a vu le sacre symbolique et inattendu de Lee Cheuk Yiu, héros local. En double hommes, Choi/Seo ont brillamment privé Ahsan/Setiawan du titre alors que la Chine repart avec deux trophées.

Lee Cheuk Yiu, un sacre aux allures géopolitiques

Ce n’était pas la plus grande finale de l’année, ni même le match de la semaine qui a opposé l’Indonésien Anthony Ginting et le local Lee Cheuk Yiu, repêché de dernière minute dans le tableau principal. Mais qu’importe finalement, l’essentiel était ailleurs. Lee Cheuk Yiu a écrit une des plus belles pages du badminton hongkongais alors que le pays vit ses plus sombres heures. Longtemps la question du maintien du dernier Super 500 de la saison a été laissée en suspens. Mais en accord avec la Badminton World Federation, l’organisation a tenu à maintenir son événement.

Si le match n’a pas été des plus passionnants avec une tension visible dans le troisième set, les deux hommes ont tout de même offert un final haletant au terme duquel une décision largement contestable a sacré Lee. Après avoir mené tout au long de la manche décisive, le local a vu son adversaire revenir au score avant même de s’offrir un volant de match. Mais le rêve ne pouvait tourner au cauchemar. Le 27ème mondial pouvait exulter après une faute de filet signalée contre un Ginting sceptique (16-21, 21-10, 22-20).

Une conclusion en apothéose pour une semaine hors du temps au cours de laquelle Lee aura battu un champion du monde et deux anciens numéros uns (Axelsen et Kidambi). 3 ans après Ng Ka Long Angus et 11 ans après Wang Chen - la plus grande joueuse qu’ait connu Hong-Kong - Lee Cheuk Yiu est devenu le troisième joueur né dans la région administrative de la Chine a inscrire son nom au palmarès (alors qu’il n’avait jamais fait mieux qu’une demi-finale dans sa carrière à ce niveau, ici-même en 2018). Tout un symbole.

Alors que les terribles scènes se déroulent à quelques encablures du Hong Kong Coliseum ce dimanche, près de l’université polytechnique, Lee Cheuk Yiu a choisi à sa manière de montrer son soutien aux manifestations pro-démocrates et aux multiples pancartes que l’on a pu apercevoir furtivement dans la salle. Très clairement, le natif de Hong-Kong avait affiché son soutien aux manifestants et leurs cinq revendications avec sa célébration à l’issue de son premier match puis lors des suivants en montrant fièrement son drapeau. Une position qu’il a clarifié : “Ceux qui veulent comprendre comprendront, ceux qui ne comprennent pas, oubliez ça".

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Crédit photo : Sylvain Nalet

Watanabe/Higashino privent la Chine d’un triplé, première pour Choi/Seo

Ni la paire nippone Watanabe/Higashino, ni la paire de la CBA He/Du n’avaient perdu le moindre set cette semaine. Les Chinois, 15èmes mondiaux restent sur une nouvelle saison décevante avec une seule finale à leur actif, perdue face à Wang/Huang aux Championnats d’Asie. Performante chez les juniors, cette (jeune) paire peine à confirmer les espoirs suscités chez les séniors. Pourtant les Japonais se sont inclinés à deux reprises en cinq confrontations face à eux.

Distancés au cours du premier set (17-12), les numéros trois mondiaux trouvent les ressources pour revenir et prendre la première manche sur le fil (22-20). La puissance chinoise - un peu stéréotypée - maîtrisée, l’impressionnante domination de Watanabe/Higashino sur l’avant du court faisait la différence pour s’offrir un second titre en 2019 (22-20, 21-16) et priver la Chine d’un triplé. Parce que oui, grâce à ses dames, l’Empire du Milieu pouvait repartir avec trois titres de Hong-Kong.

La signification politique n’aurait certainement pas fait autant de bruit que le titre de Lee Cheuk Yiu mais la CBA aurait bien aimé l’avoir dans son escarcelle. En ouverture, Chen Yufei avait ouvert le compteur de la Chine pour ce qui était son 6ème titre de l’année - en autant de finales - face à Intanon Ratchanok (21-18, 13-21, 21-13). Au terme d’un scénario similaire, les Chinoises Chen/Jia mettaient fin à la belle semaine des Coréennes Chang/Kim (21-11, 13-21, 21-15). Un second titre ici après celui de 2017 qui devraient leur permettre de prendre la 1ère place mondiale dès mardi.

Sans doute crispés par l’enjeu d’une première finale en Super 500, l’attitude des Coréens Choi/Seo contrastaient avec celle des Indonésiens Ahsan/Setiawan dans l’entame de match (21-13). Décomplexés au fil de la partie et accompagnés d’un brin de réussite, les 13èmes mondiaux reprenaient leurs habitudes hebdomadaires - tombeurs de Kamura/Sonoda et Endo/Watanabe en deux sets - alors que les triples champions du monde, moins tranchants en attaque se laissaient surprendre (13-21, 21-12, 21-13). En signant le plus beau succès de leur association, Choi/Seo ont infligé une cinquième défaite consécutive en finale aux numéros deux mondiaux.

Les résultats du Hong-Kong Open ICI

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