Recette respectée pour une véritable journée trépidante de championnats du monde. Tout y était : l’enjeu de quarts de finale livrant les noms des médaillés de Copenhague 2014, le drapeau espagnol sur le podium, de la rhétorique guerrière chez les dames avec chute de favories, des rencontres indécises et retournements de situation dans tous les tableaux, Lee Chong Wei magistral, Chen Long bousculé, et un clan danois festif. Résumé.

Chine-Inde : des paroles et des actes

Nouvelle journée folle pour la hiérarchie du simple dames avec deux favorites au tapis, Wang Shixian (2), et Sung Ji Hyun (5). Avec la gratification de deux matchs pour le prix d’un entre les têtes d’affiche indienne et chinoise. Le premier assaut a eu lieu par voie de presse hier avec les déclarations Saina Nehwal (7) plaidant pour contingenter le nombre de joueuses par pays en Superseries, critique assumée de la domination l’empire du milieu. Réponse cinglante de la première intéressée, Li Xuerui (1), en deux temps. Tout d’abord en déclarant que l’Indienne devait d’abord la battre avant de parler…ajoutant que les joueuses chinoises seraient immanquablement toujours sur la route des podiums. Et enfin que Saina perdait tout autant contre d’autres nations…ambiance ! La véritable réplique, celle du terrain, fût tout aussi tranchante, la championne olympique imprimant son tempo d’enfer avec autorité. Nehwal, pourtant solide physiquement, mais n’ayant tout simplement pas les moyens de soutenir le combat, s’incline 21-15/21-15.

Prenant le contrepied des déclarations de Nehwal, la réalité a démontré la bonne santé du simple dames hors des frontières chinoises. Dans l’autre affrontement sino-indien, et premier marathon du jour, Wang Shixian (2) a longtemps dominé P. V. Sindhu (11) en dirigeant globalement les opérations. Mais dominer n’est pas vaincre. Et le set décisif sera celui de l’usure. Prise à son propre piège physique, la n°2 mondiale tient jusqu’à 15-15 avant de totalement dérailler, laissant P. V. Sindhu renouveler son exploit de l’année passée. Et prendre rendez-vous avec Li Xuerui. Chine : 1 – Inde : 1

Vamos España !

Franchir les quarts. Faire mieux qu’en 2013. Tzai Tzu Ying (8) et Carolina Marin (9) avaient la même obsession en tête et la même rage au ventre. Mais si l’Ibère laisse filer le premier set, l’agressivité de ses attaques aura raison de la jeune pépite taïwanaise (19-21/21-19/21-11). Le soutien du public grâce à son acclimatation en terre scandinave, où elle achève deux saisons disputées avec le club danois d’Odense, a-t-il contribué à son parcours à Copenhague ? Peu importe. Elle atteint ses trois objectifs de l’année : l’or européen, le top 10 mondial…et une médaille mondiale. Vous avez dit ambition ?

Enfin, la Japonaise Mitani (16) a prouvé que sa victoire sur la tenante du titre hier n’était pas un accident. Et joué un vilain tour à Sung Ji Hyun (5) en lui soufflant une médaille mondiale après avoir été menée 14-18 dans le 3e set.

Résultats qui contrastent avec le double dames où les tandems favoris Yu/Wang (4) et Zhao/Tian (5) ont fait respecter leur rang. Une pointe de fraîcheur coréenne complète néanmoins ce tableau conformiste, puisque les championnes olympiques ont rendez-vous en demie avec les jeunes championnes du monde 2012 et 2013 Lee/Shin.

Chen Long, à l’arrachée

C’était le deuxième marathon du jour avec 1h26 de jeu. Et à nouveau, il s’est dénoué en milieu de manche décisive. Chen Long (2) a plié, mais n’a pas rompu. Sérieusement secoué dès l’entame de partie par Son Wan Ho (7) encore bien inspiré, le puissant n°2 mondial sera mené 10-14, puis retrouve sa lucidité au meilleur moment pour s’extirper des griffes du coréen. Il aligne 11 points d’affilée pour empocher le set. Après un deuxième acte à sens unique coréen, Chen Long rejoue scénario de la première manche et enfonce le clou final (21-14/12-21/21-17).

Le colosse chinois retrouvera le seul rescapé indonésien des Mondiaux, Tommy Sugiarto (5). Qui a frôlé de plus près encore la correctionnelle dans son opposition face à Eric Pang. Après un volant de premier set évaporé, le vétéran hollandais aura même tenu les rênes du deuxième set jusqu’à 18 partout, mais échoue finalement au pied du podium. La faute à la défense et au sang-froid de l’Indonésien, qui a su gérer le money-time (22-20/21-19).

La partie haute du tableau s’est révélée moins intense sur le plan sportif. Le sacre tant espéré de Lee ChongWei (1) se rapproche. Et ce n’est pas la tournure de son match contre Wang Zangming (6), premier vrai test avant l’ascension vers le sommet, qui va l’en dissuader. Désormais deuxième dans la hiérarchie du simple chinois, l’éternel espoir de la CBA n’a tout simplement pas existé face à la maestria du Malaisien. Et a pu mesurer le fossé qui l’en sépare (21-8/21-11). Au suivant ?

Trois sur trois danois

Contre toute attente, en cela aidé par la blessure de Jorgensen, c’est le numéro trois Danois, Viktor Axelsen (14) qui sera invité à la fête des médaillés de Copenhague 2014, et à la lutte avec le Dato. Porté par la ferveur de la Ballerup Arena vendredi, le jeune Scandinave a parfaitement négocié son combat face à Chou Tien Chen, expédié 21-14/21-14. Les nouvelles de son cadet sont d’ailleurs rassurantes après les examens passés aujourd’hui, puisque l’entourage de Jorgensen envisage désormais une convalescence de deux semaines.

Tranquillement installés aux commandes de leur quart de finale contre Liu/Qiu (8), une paire qui ne leur réussit pas forcément, les tauliers Boe/Mogensen (3) avaient déjà rassuré le clan danois après la journée cauchemardesque de jeudi. Et cassé le quasi-monopole coréen sur le double hommes. Discrètement, mais très efficacement, le pays du matin calme y place ses trois paires Kim/Kim (5) et Ko/Shin (12) pour un duel fratricide, et Lee/Yoo (2).

La journée s’est achevée dans thriller théâtral et classique de mixte en trois manches tendues, dont Fischer/Pedersen ont le secret. Faciles dans le premier acte, ils ne sauront pas plier le deuxième set. Les jeunes Indonésiens Jordan/Susanto ont ensuite progressivement élevé leur niveau de jeu. Jusqu’à faire douter la paire danoise. Dans un finish haletant, les champions d’Europe décrocheront le billet des demies et exultent sous les hourras danois. Là encore, la nation hôte sera le dernier rempart contre une razzia en mixte, chinoise cette fois, avec une énième confrontation contre Xu/Ma (2), tandis que Zhang/Zhao (1) s’expliqueront avec Liu/Bao (14).

Tout sur les championnats du monde de badminton 2014 ICI.